« Il y a lieu d'être optimiste car les efforts concertés du Mali et de ses partenaires internationaux sont en train de changer la situation sécuritaire dans le pays, mais nous devrons rester vigilants », a indiqué M. Madeira lors de la cérémonie d'ouverture d'un atelier sur l'analyse du renseignement opérationnel au profit de 32 cadres du renseignement venus de 14 pays sahélo-sahariens, dont le Mali. Ce stage d'une semaine, organisé au siège du CAERT avec l'appui de la Police fédérale d'Allemagne (BKA), sera réédité à Bamako dans un mois et demi. « C'est l'une des réponses immédiates de l'Union africaine à l'appel de la région pour le renforcement de ses capacités » dans la lutte antiterroriste, a-t-il dit. Pour M. Madeira, l'action de la Mission internationale pour la stabilisation du Mali (Misma), qui a stoppé en janvier 2013 les groupes armés dans leur tentative attaquer la capitale malienne Bamako, après avoir occupé le nord du pays, a été un « succès ». « Les groupes armés et les narcotrafiquants ont été considérablement affaiblis et leurs réseaux de logistique ont été détruits », a dit M. Madeira, signalant que la « libération du Mali a permis l'organisation d'une élection libre, à travers le pays, et l'installation d'un chef d'Etat démocratiquement élu ». Elu le 11 août, Ibrahim Boubacar Keïta a pris ses fonctions de président du Mali le 19 septembre lors d'une cérémonie d'investiture officielle à Bamako, en présidence de plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement, dont le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a représenté le président de la Bouteflika. « C'est un développement important (l'élection de M. Keïta) car il renforcera la légitimité de ceux qui ont la responsabilité de chercher une solution durable à la crise à laquelle le Mali et la région font face », a-t-il estimé. Le directeur du CAERT alerte, cependant, sur le fait que « malgré les sérieux revers infligés, l'ennemi (les groupes terroristes) n'a pas totalement désarmé ». « La nature hybride, terroriste et criminelle de ces organisations ainsi que leur but avoué de chercher le pouvoir nécessaire par la force des armes pour instaurer la charia dans la région du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest restent intacts », a-t-il prévenu. « La menace terroriste au Mali et dans la région est réelle » aux yeux du directeur du CAERT pour qui « les groupes terroristes disposent d'une énorme capacité potentielle à se réorganiser, à recruter et à s'étendre au-delà du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest ». « La situation sécuritaire au Mali et dans la région doit être considérée comme un tout, nécessitant une action durable, concertée et complémentaire qui doit avoir comme objectif l'élimination des causes du terrorisme et d'empêcher les terroristes de commettre leurs actes », a plaidé M. Madeira. Cela requiert, selon lui, des ressources considérables ainsi que la convergence des institutions spécialisées dans les différents aspects de la lutte antiterroriste. Mais face à cela, plusieurs pays africains enregistrent des « faiblesses » surtout dans la qualification des ressources humaines, le traitement du renseignement opérationnel et le contrôle des frontières, a-t-il déploré. L'ambassadeur Hamid Boukri, représentant du MAE, a réitéré la disponibilité de l'Algérie à apporter son expérience et son expertise en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier, tout en condamnant « avec la plus grande fermeté » la prise d'otages de Nairobi. De son côté, l'ambassadeur d'Allemagne en Algérie, Gotz Lingenthal, a indiqué que le terrorisme était « un phénomène mondial qui ne pourrait être vaincu que dans le cadre d'une coopération internationale » impliquant notamment l'échange d'informations et de renseignements ainsi que la formation.