Quoique le sujet a été tout juste évoqué lors de la dernière Tripartite il n'en demeure pas moins que les exportations hors hydrocarbures sont d'un intérêt majeur pour l'avenir économique du pays. C'est pour cette raison que de nombreux observateurs estiment qu'il est devenu urgent de booster le déploiement à l'export. «Une perspective qui relève en priorité du bon vouloir du gouvernement» s'accorde-t-on à dire du côté de l'association nationale des exportateurs algériens (Anexal). Mais «cette volonté de promouvoir les exportations hors hydrocarbure existe uniquement dans le discours et non sur le terrain», déplore le président de l'Anexal, Ali Bey Nasri. C'est d'autant plus évident pour ce dernier au point où il le martèle à chacune de ses sorties médiatiques. Et pour preuve, selon Ali Bey Nasri : «Le Conseil national consultatif de promotion des exportations, créé en 2004, n'a pas été encore installé.» Or, cet organisme, a-t-il expliqué, «est nécessaire pour définir une orientation en la matière». Il est utile de rappeler au passage que le Conseil national consultatif de promotion des exportations, qui est présidé par le Premier ministre et dont sont membres les ministres concernés par les exportations hors hydrocarbures (notamment ceux du Commerce, des Finances et de l'Agriculture), doit définir une stratégie et formuler des propositions concernant la promotion de cette catégorie d'exportations. «Du fait que le conseil n'est à ce jour pas installé il en résulte donc une absence de stratégie», ne cesse de souligné le président de l'Anexal. Toujours à propos de l'absence de stratégie, il a maintes fois répéter que «cette carence est à l'origine de la stagnation des exportations hors hydrocarbures». Elles n'arrivent toujours pas à décoller. Le bilan 2012 en témoigne : 3 milliards de dollars l'année dernière, soit 3% de la valeur totale des exportations algériennes. Comme il est utile d'observer que les exportations hors hydrocarbures enregistrées en 2012 sont composées essentiellement de dérivées d'hydrocarbures. Pour le détail : les entreprises Sonatrach (publique), Fertial (mixte) et Cevital (privée) ont assuré 82% des exportations algériennes hors hydrocarbures en 2012. En clair, «Sonatrach a exporté à elle seule pour 942 millions de dollars de produits hors hydrocarbures, soit près de 50% des revenus d'exportation de ces produits. Vient après Fertial pour les ammoniaques, avec 481 millions de dollars, puis par Cevital pour le sucre et Somiphos pour le phosphate», précisent les services des statistiques des douanes (Cnis). La faiblesse des exportations algériennes hors hydrocarbures s'explique par plusieurs facteurs. «Les entreprises disposent d'un marché national qui est rémunérateur et n'ont pas souvent la volonté d'aller vers l'exportation, à cela s'ajoute l'absence au niveau des pouvoirs publics d'une stratégie et d'une vision d'intégration dans les espaces économiques en Algérie et dans les accords d'association ayant été signés», explique-t-on du côté de l'Anexal. De plus et selon le premier responsable de l'association, «les entreprises ont naturellement la logique du profit et ne vont pas aller vers des espaces extérieurs, du moment qu'elles disposent d'un marché national». Toujours dans ce même ordre d'idées, des opérateurs jugent que la faiblesse des exportations hors hydrocarbures s'explique aussi par la lenteur dans l'application des décisions prises par les pouvoirs publics pour les développer. En effet ces derniers font rappeler que lors de la Tripartite du 30 septembre 2011, ils ont avancé des propositions pour régler les problèmes des exportateurs. Mais pour eux c'est tout juste 10% des propositions qui se sont concrétisées sur le terrain. La donne pourrait changer. C'est en tout cas ce pense le président de l'Anexal. Il se base en effet sur le fait que l'Algérie a des « potentialités énormes» en matière d'exportation de produits agricoles. D'après Nasri, «il a été exporté en 2012 pour l'équivalent de 34 millions de dollars de produits agricoles, qui se résument à trois produits, essentiellement la datte, autour de 25 millions de dollars, et le reste est constitué de la truffe, pour 8 millions de dollars, et de l'échalote pour 3 millions de dollars». Des niveaux de volumes d'exportations qui somme toute restent très faibles en comparaison avec la Tunisie. Le voisin de l'Est a en effet réalisé 1,4 milliard d'exportations de produits agricoles. «Nous exportons 12 000 tonnes de dattes pour 25 millions de dollars. Nos voisins exportent pour 200 millions de dollars de dattes. Ce qui place l'Algérie au rang de 7e exportateur mondial de ce produit tandis que la Tunisie occupe la première place», nous a-t-on informés. Les opérateurs ne savent pas exporter. C'est un secret de polichinelle, l'exportation à ses conditions, entre autres la qualité, la quantité, la régularité et une bonne logistique, pour les produits destinés aux marchés externes. Or, «aucun de ces paramètres n'est maîtrisé par les opérateurs algériens, pas même pour les dattes, un produit phare de l'agriculture algérienne», déplore Nasri. Toujours au registre des contraintes et d'après le président de l'Anexal, «les conditions actuelles ne permettent pas l'émergence d'entreprises exportatrices, notamment avec l'obligation de rapatriement des dividendes dans un délai de 6 mois sous peine d'interdiction des opérations de commerce extérieur et de poursuites judiciaire». Et d'ajouter : «Cette mesure du Conseil national de la monnaie et du crédit plombe les exportations.» il propose de «dépénaliser l'acte d'exporter» et de «mettre à niveau le cadre réglementaire régissant les exportations». Notons enfin qu'au sein de l'Anexal on estime que pour augmenter les exportations hors hydrocarbures le gouvernement doit faire un effort, notamment au niveau de l'amélioration de l'environnement des entreprises, afin de créer les conditions favorables à leur développement à l'international. Il s'agira, selon Nasri, de consolider les entreprises exportatrices existantes et d'encourager d'autres à s'engager sur cette voie. En clair, pour ce responsable : «Il faut dépénaliser l'acte d'exporter.» Z. A.