La réunion extraordinaire de l'OPEP se tiendra à Oran dans un contexte économique mondial tendu. Une situation inédite pour le monde et les membres de l'organisation. Après une période marquée par une hausse effrénée des prix du pétrole, la situation s'est subitement inversée. Il faut dire que la situation chaotique de l'économie a lourdement pesé sur les prix. Ces derniers ont perdu -en un laps de temps très court- plus de 100 dollars de leur valeur. C'est dire le danger que représente une telle situation au cas où elle devrait perdurer. La crise financière, devenue ensuite économique, frappe actuellement une grande partie du monde. Certes, personne ne peut prédire les conséquences de ce ralentissement des moteurs de l'économie mondiale, néanmoins, une chose est sûre : les économies basées sur l'exportation des matières premières, particulièrement le pétrole, pourraient subir des coups fatals. L'OPEP aura donc à répondre à ce besoin pressant de rééquilibrer le marché mais aussi d'enrayer cette chute libre des cours. Pour un rééquilibrage du marché ? Le ralentissement de l'économie américaine a débouché sur la chute des besoins et de la demande, ce qui explique donc l'excédent perçu actuellement sur le marché pétrolier mondial. Malgré la dernière décision de l'OPEP de réduire sa production de 1,5 mbj, les prix n'ont pas bougé d'un iota. Mais derrière cette dégringolade, l'aggravation de la crise économique était un élément décisif. Après les banques qui ont subi de plein fouet les conséquences de la crise, tous les secteurs économiques ont été touchés à différents degrés. L'automobile, le tourisme, l'immobilier, la sidérurgie, etc., ont été au cœur du tourbillon. Or, il n'est pas difficile de comprendre que la demande en énergie a drastiquement baissé. Pis, en raison de la récession de l'économie mondiale, les analystes parlent d'ores et déjà d'une baisse de 200 000 b/j au premier trimestre par rapport au dernier trimestre de l'exercice 2008 ainsi qu'une baisse de 1,5 million de b/j, entre avril et juin. L'aggravation des perspectives économiques a contraint sans nul doute les pays industrialisés à multiplier les plans de relance. Le Japon a annoncé de nouvelles mesures d'un montant total de 192 milliards d'euros après un premier plan de 224 milliards fin octobre dernier. Ce pays a subi une contraction de son activité économique de 0,5% au troisième trimestre, après une réduction de 1% au deuxième. A Bruxelles, les Européens réunis en sommet se sont mis d'accord sur l'objectif d'un plan de relance «d'environ 1,5% du PIB» de l'UE, soit 200 milliards d'euros, qui devra, toutefois, tenir compte «de la situation de chacun». La Commission européenne a donné son feu vert à la nouvelle version du plan allemand d'aide aux banques, remanié pour permettre un soutien à la deuxième banque privée du pays, Commerzbank. Les annonces de plans sociaux semblent également sans fin : Bank of America, la plus grande banque des Etats-Unis, compte supprimer entre 30 000 et 35 000 postes dans les trois ans, à la suite de sa fusion prévue avec sa concurrente Merrill Lynch. Aux Etats-Unis, le secteur de l'automobile aussi semble impuissant face à cette crise. Les membres du Sénat américain n'ont pas réussi à trouver un compromis sur un soutien aux constructeurs automobiles, alors que la Chambre des représentants avait adopté un plan de prêt de 14 milliards de dollars. GM avait admis envisager «toute éventualité», dont celle d'un dépôt de bilan. La chute de l'un des trois «grands» aurait des conséquences catastrophiques pour la première économie du monde, dont 2,2 millions d'emplois dépendent de l'automobile. La Maison-Blanche s'est dit prête, dans l'urgence, à examiner le recours au fonds de 700 milliards de dollars constitué en octobre pour sauver le système financier. Côté chiffres, cela n'augure rien de bon. La production industrielle a encore reculé en octobre dans la zone euro, de 1,2% comparé au mois précédent et de 5,3% sur un an. Le PIB français devrait baisser de 0,7% au quatrième trimestre, selon la Banque de France. Aux Etats-Unis, pour le cinquième mois consécutif, les ventes de détail se sont affichées en baisse (-1,8% en novembre) et les prix à la production ont continué à reculer (-2,2%). Même le FMI a joint sa voix pour dresser un tableau noir et annoncer de sombres prévisions pour l'année prochaine. Aucun pays n'échappera aux effets de la crise économique qui seront pires en 2009 que cette année, a déclaré le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn. «2008 fut une année difficile pour l'économie mondiale, mais en aucun cas nous ne pouvons espérer que 2009 sera meilleure», a-t-il déclaré. S. B.