Connue pour être la capitale de l'Ouest algérien, Oran sera aussi capitale mondiale du pétrole mercredi prochain, le temps de la 151e conférence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Une conférence extraordinaire est désignée telle, conformément aux statuts de l'OPEP, en ce qui concerne tout événement du genre qui coïncide avec la fin d'un mandat présidentiel à la tête de l'organisation. Autrement dit, si la conférence d'Oran a un caractère extraordinaire c'est parce qu'elle verra l'Algérie remettre son mandat après une année de présidence par l'intermédiaire du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil. Cela étant, et au-delà de ces considérations d'organisation internes à l'OPEP, la réunion du 17 décembre se tient dans une conjoncture de marché si particulière qu'elle acquiert automatiquement le caractère de conférence extraordinaire. Un marché qui subit les contrecoups de la crise financière mondiale et ses retombées sur des industries réduites à la production minimum, donc peu demandeuses de pétrole. Une situation qui a vu le baril de pétrole subir des baisses successives et ininterrompues de son prix pour passer de plus de 140 dollars, en juillet dernier, à tout juste un peu plus de 40 dollars en ce mois de décembre. La dégringolade après une ascension escortée par une série de records inédits dans les annales du marché pétrolier. Mais c'était sans compter avec cette crise, qui est venue, l'espace de quelques semaines, déstabiliser l'économie mondiale, remettre en cause toutes les prévisions établies préalablement, celles des pays exportateurs de pétrole incluses, mettant ces derniers devant un état de fait qui les pousse aujourd'hui à mettre en place des mécanismes aptes à stopper la chute relativement vertigineuse des cours. Plus que jamais auparavant donc, Oran sonne l'heure de vérité pour l'OPEP. Ces mécanismes passent aujourd'hui par «une coupe plus sévère» dans l'offre de l'OPEP que devrait décider l'organisation à Oran mercredi prochain, selon Chakib Khelil. «La réunion d'Oran doit [décider] d'une coupe plus sévère [dans sa production] pour établir l'équilibre entre l'offre et la demande», avait souligné, jeudi dernier, le président en exercice de l'OPEP, à la Radio nationale, précisant avoir eu, dans cet objectif, des contacts récents avec ses homologues de l'organisation, notamment le ministre saoudien du Pétrole et qu'un consensus s'est déjà dégagé en prévision de la conférence d'Oran. En plus du consensus évoqué par Chakib Khelil, qui sera manifestement vital pour l'avenir des pays producteurs de pétrole, la rencontre de mercredi prochain pourra compter sur le renfort annoncé par la Russie sous forme d'une réduction de sa production. Non membre de l'OPEP, la Russie se retrouve, toutefois, logiquement engagée dans un consensus auquel elle adhère d'une manière explicite et, mieux, ce géant pétrolier n'exclut plus une éventuelle adhésion à l'organisation pour défendre ses intérêts en tant que grand exportateur, tel que déclaré jeudi dernier par son président, Dmitri Medvedev. «Nous devons défendre nos intérêts, c'est notre source de revenus, qu'il s'agisse du pétrole ou du gaz», a déclaré le président russe qui préconise de «combiner une réduction des volumes de production de pétrole, une participation aux organisations existantes de fournisseurs, ainsi qu'une participation à de nouvelles organisations si nous pouvons nous mettre d'accord là-dessus», en allusion à l'OPEP. En attendant cette adhésion, la Russie sera représentée à la conférence d'Oran par son vice-Premier ministre en charge de l'Energie, Igor Setchine, et son ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko, pour appuyer la décision de l'OPEP. En plus de la Russie, trois autres pays non membres de l'OPEP seront présents à cette 151e réunion ministérielle de l'OPEP, en l'occurrence l'Azerbaïdjan, la Syrie et Oman. Laquelle conférence sera précédée, demain mardi, par la 67e réunion du comité de suivi de l'OPEP. L. I.