Photo : Sahel De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali C'est, sans doute, le constat qui a été établi par tous les observateurs, hier mardi, à l'hôtel Sheraton, où la préparation du 151ème sommet de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) battait son plein : tous les participants relèvent la nécessité de réduire la production du pétrole afin de rééquilibrer les prix à «un niveau raisonnable» qui se situerait entre 75 et 80 dollars. Au fur et à mesure de leur arrivée à Oran, les délégations des pays membres ont réaffirmé la nécessité de diminuer la production du pétrole, confirmant les propos du président de l'OPEP et ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui avait déclaré lundi que tous les ministres de l'OPEP étaient d'accord pour une réduction de la production de pétrole : «Tout le monde est favorable à une réduction, je n'ai aucun doute là-dessus», avait-il notamment déclaré. A son arrivée, hier à Oran, le gouverneur de l'Indonésie à l'OPEP, Rahmane Maizar, a notamment indiqué que la baisse était nécessaire pour «permette aux producteurs de poursuivre le financement de leurs investissements», et souligné que l'appui de pays producteurs de pétrole -qui ne font pas partie du cartel, tels que la Russie, le Mexique ou la Norvège- serait d'une grande importance dans la perspective de stabiliser le marché. Sans aller jusqu'à évaluer le niveau exact de baisse de production que va décider l'OPEP aujourd'hui, le gouverneur de l'Indonésie l'a toutefois estimé à deux millions de barils par jour. Pour rappel, étant désormais devenu un pays importateur de pétrole, l'Indonésie devrait annoncer prochainement son retrait de l'OPEP : «Une absence temporaire», préfère préciser Rahmane Maizar. De son côté, le ministre libyen du Pétrole, et dans le même temps président de la compagnie pétrolière libyenne, M. Choukri Ghanem, a également confirmé hier que l'OPEP allait opter pour une «baisse substantielle» de sa production. «Nous allons décider d'une baisse substantielle» de l'offre de l'organisation, a-t-il indiqué, sans aller, lui non plus, jusqu'à préciser le volume de cette réduction. Comme ces deux officiels, tous les participants ont réaffirmé que l'objet majeur de la conférence d'aujourd'hui était de décider d'une baisse substantielle de la production de pétrole aux fins de stabiliser un marché dans la tourmente depuis plusieurs semaines et réguler un peu mieux l'offre de brut, l'inconnue demeurant le volume autour duquel les membres de l'OPEP devront faire consensus… L'autre préoccupation du sommet d'aujourd'hui est l'entrée ou non de la Russie au cercle des pays membres de l'OPEP. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a expliqué les raisons de son vif souhait de voir ce géant mondial rejoindre le giron des producteurs de pétrole : une telle adhésion donnerait une importance particulière à l'OPEP en augmentant la puissance de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole en termes de contrôle de la production, qui serait aux environs de 50% au lieu de 40 de la production globale. D'ores et déjà, la présence de la délégation russe, menée par le vice-premier ministre chargé de l'énergie, de l'industrie et des ressources naturelles, Igor Setchine, et le ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko, est de nature à appuyer fortement, notamment sur le plan géostratégique, la décision de l'OPEP d'agir sur le marché. Ce que Sergueï Chmatko avait souligné : la délégation russe viendra à Oran avec des propositions pour soutenir «l'action de l'OPEP en vue de stabiliser le marché et réduire l'offre de brut». S. O. A. L'Arabie saoudite favorable à une réduction drastique de la production OPEP L'Arabie saoudite est favorable à une réduction drastique de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), a annoncé hier à Oran le ministre saoudien du Pétrole, Ali Nouaimi. «L'OPEP devrait réduire sa production d'environ deux millions de barils par jour», pour empêcher la poursuite de la chute des prix, a-t-il déclaré à la presse à son arrivée à Oran, ajoutant que l'offre reste substantiellement supérieure à la demande. «Bien sûr, pour rééquilibrer la balance, il faut [faire] une coupe» dans la production de l'OPEP, qui doit être de 2 millions de barils/jour, a-t-il poursuivi, précisant que son pays avait réduit sa production de 1,2 million de barils par jour, d'août à novembre, pour la porter de 9,7 à 8,5 millions de barils/jour.