Bouteflika a voulu convaincre les membres de l'OPEP de la justesse de leur décision et du caractère légitime à défendre leurs intérêts. Dans son intervention d'ouverture de la conférence extraordinaire du cartel, il a voulu situer les responsabilités historiques dans le désordre économique mondial. «Aujourd'hui, malgré les efforts de l'OPEP, le marché pétrolier se trouve déstabilisé, suite aux conséquences de politiques économiques irresponsables, ayant débouché sur l'éclatement de la bulle financière et la crise que connaît l'économie mondiale en cette fin 2008», estime-t-il. En d'autres termes, les fluctuations du prix du pétrole sont dues essentiellement aux spéculations caractérisant les marchés aussi bien financiers que pétroliers. La flambée des prix de l'été dernier est le fait de spéculateurs qui tirent les ficelles du marché alors que les consommateurs occidentaux demandaient à l'OPEP d'augmenter la production. La même pression continue à s'exercer sur l'OPEP pour qu'elle ne baisse pas sa production et ce, bien avant la réunion du 12 octobre dernier. Pourtant, si l'économie mondiale a connu une stagnation récessive, c'est en raison du système financier mondial défini et imposé au reste du monde par les pays riches. A ce propos, le Président considère que «la crise actuelle est avant tout une crise financière liée au modèle économique dominant, ce n'est pas une crise de l'énergie. Il est bien connu que la spéculation est l'une des causes de la forte hausse du prix du pétrole, suivie d'une chute vertigineuse des prix. Ces fluctuations importantes sont nuisibles pour tous les opérateurs économiques, pays producteurs et pays consommateurs réunis». La levée de boucliers contre l'ordre mondial en vigueur, responsable des malheurs de l'humanité, de la confrontation Est-Ouest, Nord-Sud, islam-christianisme-judaïsme, n'a pourtant pas réussi à faire entendre raison aux tenants du libéralisme débridé. La décision à risque aussi bien pour les Etats-Unis que pour l'économie mondiale prise hier par la Fed est le signe du désarroi du chef de file du capitalisme mondial. Manifestement, le G7 refuse de se remettre en cause ou encore de revoir son modèle économique. A ce titre, les pays du Sud, victimes de cet ordre injuste, notamment les pays de l'OPEP, n'ont pas d'autre choix que de défendre leurs intérêts. A. G.