Chakib Khelil, président en exercice de l'Opep et ministre de l'Energie et des Mines, a émis hier le vœu que la Russie rejoigne les rangs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Oran. De notre envoyé spécial L'adhésion de la Russie, forte de 12% des parts de marché de la production mondiale, « augmentera la puissance de l'Opep et son poids sur les marchés énergétiques », a déclaré M. Khelil depuis Oran. « Nous souhaiterions un appui concret qui se réalise sur le terrain, nous avons toujours voulu qu'elle (la Russie) rejoigne l'Opep, c'est un pays membre observateur comme l'Angola l'était auparavant et l'Angola a pris la décision souveraine de rejoindre l'Opep », a-t-il laissé entendre également lors d'un mini point de presse improvisé à l'hôtel Sheraton d'Oran. Comme pour appuyer cette hypothèse, le ministre a donné l'exemple de l'Equateur qui « a rejoint l'Opep après avoir été absent pendant des années ». Plus explicite que jamais, M. Khelil a admis dans sa lancée que « la Russie donnera une importance particulière à l'Opep si elle la rejoignait ». Selon lui, l'adhésion de la Russie permettra de mieux contrôler la production, qui serait aux environs de 50% au lieu de 40% de la production globale. Dans la foulée, M. Khelil a fait comprendre que la délégation russe sera composée d'une vingtaine de personnes, conduite surtout par le vice-Premier ministre russe, Igor Setchine, et le ministre de l'Energie, Sergueï Chmatko. « Nous espérons que leur décision sera à la mesure de la représentativité de leur délégation », a encore déclaré le ministre de l'Energie et des mines. L'Organisation des pays producteurs de pétrole est composée de 13 membres. L'Opep représente actuellement environ 43% de la production mondiale de brut tandis que la Russie contrôle, elle, 12,6%. Le président russe, Dmitri Medvedev, avait déjà annoncé, jeudi dernier, que pour « défendre » ses intérêts, son pays n'excluait plus de rejoindre les rangs de l'Opep. Selon Chakib Khelil, un consensus a été déjà trouvé et les ministres de l'Opep sont d'accord pour une réduction de la production de pétrole. C'est une certitude qui ne souffre l'ombre d'un doute, si l'on se réfère aux déclarations du ministre de l'Energie et des mines. « Tout le monde est favorable à une réduction de la production, je n'ai aucun doute là-dessus », a-t-il répondu aux journalistes. Unanimité pour une importante réduction Ainsi, M. Khelil a affiché clairement la couleur et la tendance allant vers une nouvelle réduction des quotas officiels de production, actuellement fixés à 27,3 millions de barils par jour (mbj). La finalité, d'après le ministre, étant d'équilibrer le marché, caractérisé par la baisse de la demande en énergie des suites de la crise économique internationale. Il est question aussi de trouver des solutions capables de freiner la chute vertigineuse des prix du pétrole sur les marchés internationaux. Les prix ont perdu en cinq mois seulement plus de 70% de leur valeur depuis le fameux pic de juillet dernier où les cours avaient atteint près de 150 dollars. Vendredi dernier, les prix frôlaient à peine la barre des 46 dollars sur le marché new-yorkais et londonien. M. Khelil a également déclaré que l'Opep était « très pessimiste sur la demande ». Celle-ci « va chuter » l'année prochaine, précisant que l'Opep s'attendait, au pire des cas, à une baisse de 500 000 barils par jour (bj) en moyenne en 2009 et dans l'hypothèse la plus optimiste à une progression timide de 200 000 bj. M. Khelil s'est déclaré favorable à un prix de 75 dollars le baril qu'il qualifie de « bon pour tout le monde », à savoir les consommateurs et les producteurs. Par ailleurs, l'Iran, deuxième producteur de l'Opep et pilier historique de cette organisation, a déclaré dimanche dernier qu'il demanderait une réduction de 1,5 à 2 millions de barils par jour de la production d'Opep à sa réunion extraordinaire prévue demain à Oran. Hier, M. Khelil a simplement dit que la réduction devrait être importante.