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Le plan de sauvetage du groupe Fortis fait démissionner le gouvernement belge La crise économique aiguise, celle politique que le royaume vit depuis une année
La Belgique s'est retrouvée, en l'espace de quelques mois, plongée dans une crise sans précédent. La démission du gouvernement ce week-end a enfoncé le pays dans la zone de turbulences. Après neuf mois d'instabilité politique pendant lesquels le royaume a vécu sans véritable gouvernement, en raison du conflit autour des revendications autonomistes des Flamands néerlandophones, les causes de l'actuelle crise ont trait au plan de sauvetage de la banque Fortis. En effet, le Premier ministre, Yves Leterme, qui n'a été nommé qu'en mars dernier, est accusé avec ses plus proches collaborateurs d'avoir tenté d'influencer des magistrats dans le difficile dossier du sauvetage du groupe Fortis. La publication d'une lettre dans laquelle M. Leterme reconnaît l'existence de «contacts» entre ses services et un représentant du parquet, puis avec le mari d'une juge chargée du dossier, même s'il dément avoir fait pression sur les magistrats, a fait réagir le paysage politico-économique belge. Il s'agit, à vrai dire, d'une pression pour que la justice valide le démantèlement du groupe financier, décidé par le gouvernement afin de lui éviter la faillite alors qu'il était ébranlé par la crise financière mondiale. Face à cet état de fait, les principaux partis d'opposition, soit les libéraux et chrétiens-démocrates, côté flamand, et libéraux, socialistes et centristes, côté francophone, ont énergiquement protesté contre ces agissements en demandant carrément la démission de l'actuel Exécutif. Le gouvernement belge est, pour rappel, engagé dans un combat juridique extrêmement compliqué avec les petits actionnaires de l'ex-groupe de bancassurance Fortis, démantelé alors qu'il était au bord de la faillite début octobre. Une faillite qui a eu pour origine la crise financière mondiale. Cette banque, qui n'a pas pu échapper à la triste liste des «condamnés à mort» de ce «Titanic» financier, a vu l'essentiel de ses actifs aux Pays-Bas rachetés par l'Etat néerlandais tandis que les actifs bancaires belges ont été nationalisés par l'Etat belge, lequel doit en rétrocéder 75% au géant français BNP Paribas. Pis, certains actionnaires, ayant vu fondre la valeur de leurs actions, ont pointé un doigt accusateur vers Yves Leterme et ses ministres, après que ce dernier eut forcé la direction de Fortis à prendre des décisions sans leur demander leur avis. Ces actionnaires, cités par des agences de presse, ont estimé qu'ils auraient pu être «consultés» lors de la vente des actifs belges de Fortis à BNP Paribas. Même la cour d'appel de Bruxelles a conforté la position des actionnaires. Reçu par le roi Albert II en audience vendredi soir au château du Belvédère, M. Yves Leterme, Premier ministre, a présenté la démission de son gouvernement. «Après avoir pris connaissance de la démission du ministre de la Justice, Jo Vandeurzen, le Conseil des ministres a décidé de présenter au roi la démission de l'ensemble du gouvernement», a précisé la même source. Arrivé seulement en mars au pouvoir, le Premier ministre belge avait déjà présenté sa démission en juillet dernier, faute à l'époque d'avoir pu trouver un compromis au sujet de la demande d'autonomie accrue de la communauté flamande du royaume. R. E.