Après près de six mois de crise politique, le Premier ministre sortant, trouve la solution miracle de sortie de crise. Il est revenu en tête des sondages. C'est un mystère dont seuls les leaders politiques belges ont le secret. Par quel miracle un leader politique, gros perdant des élections, se retrouve-t-il reconduit au pouvoir, non seulement au détriment de ceux qui les ont gagnées, mais avec leur bénédiction? C'est pourtant bien ce qui s'est passé au Royaume de Belgique jeudi dernier, après plus de six mois de débats houleux et «babyloniens» entre les partis vainqueurs des législatives du 10 juin 2007. Même si le nouveau gouvernement provisoire cédera la place à une autre coalition politique le soir du 23 mars 2008, Guy Verhofstadt, puisque c'est de lui qu'il s'agit, aura prolongé son règne de neuf mois supplémentaires malgré son échec électoral. Mais surtout, et c'est là tout le mystère de cette nouvelle législature, «l'ancien-nouveau» Premier ministre s'est retrouvé, malgré lui, arbitre des divergences entre Flamands et Wallons. Ces derniers ne parlant pas la même langue ne se comprenaient plus. Les Flamands, vivant une période prospère ne souhaitent plus être solidaires des Wallons francophones qui traversent une période moins faste. La Belgique étant une Etat fédéral, un nombre de compétences sont dévolues aux régions, telles celles de l'enseignement, la gestion des villes, la culture, la santé...Les Flamands souhaitent régionaliser d'autres secteurs publics stratégiques tels l'emploi, la sécurité sociale, etc. Pour cela ils revendiquent de nouvelles réformes institutionnelles pour le transfert d'un certain nombre de pouvoirs aux régions au détriment de celui du fédéral. S'ajoute à cela la question récurrente de la revendication identitaire flamande. Les Flamands, poussés par leurs intégristes flamingants, cernent la capitale Bruxelles, en imposant la langue flamande dans les communes de sa périphérie. Bien des batailles (manifestations) se déroulent dans celles-ci à chaque réunion de leurs conseils communaux. C'est dans cette cacophonie générale qui a duré six mois et une semaine, que le roi des Belges, Albert II, a confié au Premier ministre sortant, Guy Verhofstadt, le soin de sortir le pays de la crise. En une dizaine de jours, celui-ci réussit à mettre tout le monde d'accord, vainqueurs des élections comme opposition. Ainsi, chez les Flamands se sont les sociaux chrétiens du CD&V (vainqueurs des élections) et les libéraux du VLD qui se retrouvent dans le gouvernement fédéral provisoire aux côtés des libéraux francophones du MR; des humanistes du CDH et des socialistes. Guy Verhofstadt, Premier ministre, est assisté de deux vice-Premiers ministres, l'un Flamand, M.Yves Leterme (CD&V) et l'autre Wallon, M.Didier Renders (MR). Le gouvernement est composé de 14 ministres. Notons que les partis radicaux comme la NVA, allié du CD&V, ou le Front des francophones (FDF), allié du MR, n'ont pas été retenus. Ce nouveau gouvernement s'attellera dès le 1er janvier aux urgences tels la nouvelle loi de finances, le pouvoir d'achat, les problèmes de l'énergie...Quant aux réformes institutionnelles, elles sont confiées à un Conseil de sages sans délai précis.Au final, les Belges se retrouvent avec un gouvernement qu'ils n'ont pas choisi, et cerise sur le gâteau pour M.Verhofstadt, lui qui a perdu les élections législatives, le voilà revenu en tête de tous les sondages publiés ces jours-ci. Comprenne qui voudra au système politique belge, il n'en reste pas moins que le célèbre «Compromis belge» a fini par triompher sur bien des calculs politiciens. «Quand les fils de novembre nous reviennent en mai...quand le vent est au sud, écoutez-le chanter», disait J. Brel dans son hymne au Plat pays. La Belgique est sauve. Pour l'instant.