L'Algérie pourrait largement assurer le financement des investissements publics pour plus de deux ans et faire ainsi face sereinement aux chocs extérieurs même si la crise financière venait à perdurer. C'est ce qu'a affirmé, hier, le gouverneur de la Banque d'Algérie devant les patrons des banques algériennes et étrangères activant en Algérie lors de sa présentation d'une communication intitulée «stabilité financière et développement du secteur bancaire en Algérie : leçons à tirer de la crise financière internationale». Le patron de la BA a indiqué en fait que les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR), estimées à 4 200 milliards de dinars à fin novembre (l'équivalent de plus de 58 milliards de dollars), ainsi que l'excès de liquidités des banques, évaluées à 2 418 milliards de dinars à la même période (plus de 33 milliards de dollars), «permettront de financer les investissements publics pour plus de deux ans et même à un rythme supérieur à celui enregistré en 2008». Selon le conférencier, cette gestion prudente des ressources financières du pays «permet à l'Algérie d'appréhender avec sérénité ses objectifs économiques de moyen terme». La sortie de Laksaci vient ainsi confirmer les dernières déclarations du Premier ministre et du ministre des Finances, Ahmed Ouyahia et Karim Djoudi, lesquels avaient affirmé que l'Algérie compte maintenir les investissements publics entamés. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, en outre, rassuré quant à la solidité et à la stabilité du système bancaire algérien. «L'approfondissement des réformes bancaires, principalement entre 2003 et 2008, a permis le renforcement de la stabilité du secteur bancaire. En particulier, sa résilience aux chocs s'est relativement consolidée. Ainsi, l'enjeu pour ce secteur réside dans son développement plutôt que dans sa stabilité», a souligné M. Laksaci devant les banquiers. Il ajoutera au même titre que «le soutien de l'Etat aux banques publiques durant les quinze dernières années a joué un rôle important en la matière». Ce soutien est évalué à 2,6% du produit intérieur brut en moyenne annuelle pour la période 1991-2002 et 1,7% pour les années 2005-2006. En clair, Laksaci affirme que les défaillances et les faillites de certaines banques, enregistrées il y a quelques années, ont permis aux différentes réformes entamées de mettre des garde-fous dans le secteur.Le gouverneur de la BA parle ainsi du renforcement des conditions d'entrée dans le secteur et du relèvement du capital minimum des banques, du renforcement de la supervision des banques, de la modernisation du système de paiements, etc. L'autre point important relevé par le patron de la BA, qui laisse le système bancaire algérien loin de cette crise, a trait aux engagements des banques opérant en Algérie envers l'étranger, qui ne représentent que 1% de leurs ressources, et l'encours de la dette extérieure à moyen et long terme qui est de 3,9 milliards de dollars à fin novembre 2008. Néanmoins, malgré les assurances affichées, Laksaci n'a pas épargné l'impact de la chute des prix du pétrole qui pourrait être néfaste pour notre économie. Il dira, en effet, que «l'importante chute des prix du pétrole réduit de manière considérable les recettes d'exportations du pays et, partant, la capacité d'épargne budgétaire». Il ajoutera, dans la foulée, qu'«une faiblesse durable des prix du pétrole se traduirait donc par une baisse corrélative des réserves de changes». S. B.