L'Algérie dispose de ressources financières suffisantes pour garantir le financement des investissements publics pendant plus de deux ans. C'est du moins ce qu'a déclaré le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, lors d'une conférence animée à l'Ecole supérieure des banques, hier, à Alger et ce, en présence des P-DG des banques publiques et privées installées en Algérie. Les ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) estimées à 4 200 milliards de dinars à fin novembre (58 milliards de dollars) ainsi que l'excès de liquidités des banques de 2 418 milliards de dinars à la même période (33 milliards de dollars) "permettront de financer les investissements publics pour plus de deux ans et même à un rythme supérieur à celui enregistré en 2008", a soutenu M. Laksaci. Outre le FRR et les liquidités des banques, M. Laksaci a indiqué que 138 milliards de dollars de réserves de change de l'Algérie était "un autre facteur permettant à l'Algérie de faire face sereinement aux chocs extérieurs, même si la crise (économique mondiale) venait à perdurer". Il a ajouté que le gouvernement algérien s'est engagé dans une vaste réforme de son système bancaire. Celui-ci, lourd et rigide, est l'objet des critiques des investisseurs étrangers comme de simples citoyens. Depuis maintenant deux décennies, les dysfonctionnements et les insuffisances de ce système sont diagnostiquées, recensées et analysées. A noter que les banques ont un rôle majeur dans l'appui à la relance économique. Aussi, des règles plus modernes et plus professionnelles leur sont d'ores et déjà édictées et sont mises en place, se traduisant notamment par une ouverture du secteur au privé national et étranger. Par ailleurs, le nouveau cadre réglementaire et juridique facilite l'installation d'établissements financiers en Algérie, l'émergence d'établissements spécialisés dans le leasing, le refinancement hypothécaire, le capital risque, l'assurance à l'exportation, les crédits domestiques. Mais il donne aussi l'aptitude aux banques de mettre en place de nouveaux produits et de nouvelles prestations demandées par un marché en rapide évolution. Dans cet ordre d'idées, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohammed Laksaci, qualifié de positif le bilan des réformes bancaires depuis la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit en 1990. Il s'agit, entre autres, de la mise en place de la réglementation bancaire et prudentielle conforme aux standards internationaux, de l'assainissement des banques publiques et leur développement fonctionnel, de la mise en place des organes de supervision bancaire et leur renforcement en permanence et de l'ouverture du secteur aux capitaux privés nationaux et étrangers. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a souligné les défaillances et la faillite de quelques banques privées, ce qui a conduit au retrait de l'agrément à centaines d'entre elles entre mai 2003 et début 2006. Par ailleurs, d'autres réformes ont été suivies dans l'ordonnance de 2003, dans un contexte macroéconomique favorable, et qui visent la stabilité et l'intégrité du système bancaire. Il est à noter, également, que le soutien de l'Etat aux banques publiques durant les quinze dernières années a joué un rôle important en la matière. Ce soutien est évalué à 2,6 % du produit intérieur brut en moyenne annuelle pour la période 1991-2002 et 1,7 % pour les années 2005-2006. D'autre part, la principale caractéristique du secteur financier en Algérie est qu'il reste à vocation bancaire, même si le compartiment obligataire du marché s'est développé à partir de 2004 pour atteindre fin 2007, une capitalisation de 3,1 % du PIB hors hydrocarbures. Le secteur bancaire reste donc le principal canal de financement des entreprises et des ménages. Le second indicateur du développement du secteur bancaire est, selon Laksaci, le total des actifs des banques et le produit intérieur brut qui se situe à 69,2 % en 2007, contre 60,7% en 2006. Il est estimé à 67 % en 2008. Avec le développement et la modernisation des systèmes de paiement en 2006, le RTGS traite un montant moyen quotidien de 2 363 milliards de dinars en 2008. Outre cela, et dans le même sens, le management des banques publiques connaît une amélioration animée par l'Etat actionnaire. S'agissant de la collecte des ressources, celle-ci a progressé relativement par rapport au produit intérieur brut, atteignant 46,8% à la fin de l'année 2008. Quant aux crédits à l'économie, Laksaci a estimé que ces derniers sont en constante augmentation, enregistrant une croissance de 14 % en une année. Aussi, le ratio des crédits au secteur privé hors hydrocarbures est estimé à 23,3 % en 2008.