Lors de sa dernière rencontre avec les présidents et directeurs généraux des banques et des établissements financiers s'inscrivant dans le cadre des leçons à tirer de la crise financière internationale, M. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, a, en matière de stabilité macro financière, souligné les performances économiques enregistrées par l'Algérie durant la période 2001/2007 et qui ont confirmé la solidité marquée du cadre macroéconomique, après le retour à la stabilité macro financière en 2000. Malgré un environnement extérieur défavorable, les développements économiques et financiers au cours de l'année 2008 s'inscrivent dans cette tendance que juge M. Laksaci par une croissance soutenue du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures, estimée à 6 % en 2008 (sensiblement le même taux, 6,3 % enregistré en 2007), tirée principalement par les programmes d'investissements publics dont le premier a été lancé dès le second semestre 2001. Ces programmes comportent, aujourd'hui, d'importants projets d'infrastructures, contribuant notamment à l'amélioration du climat des investissements des entreprises. Une inflation maîtrisée à 4,3 % en moyenne annuelle à novembre 2008 (contre 3,5 % en 2007) pendant que les tensions inflationnistes se sont accentuées depuis la mi 2007 dans les pays émergents et en développement, atteignant, dans certains cas, des taux à deux chiffres en 2007/2008.Une absorption effective par la Banque d'Algérie de la très forte liquidité en excès sur le marché monétaire, par le biais de nouveaux instruments de politique monétaire (reprises de liquidité, facilité des dépôts…), contribuant ainsi à endiguer l'effet inflationniste de l'excès de liquidités. Une position financière extérieure nette confortable, ancrée sur un niveau de réserves de change qui a atteint 138,345 milliards de dollars à fin novembre 2008, alors que la dette extérieure à moyen et long termes n'est plus, à cette date, que d'environ 4 milliards de dollars. Les importations-remboursements par anticipation de dette extérieure effectués principalement en 2006 ont, en effet, significativement contribué à asseoir le faible endettement extérieur comme élément important de résilience à moyen terme aux chocs externes. Des taux de change effectifs nominal et réel relativement stables et proches du niveau d'équilibre. Sur les onze premiers mois de l'année 2008, en moyenne, le taux de change effectif réel et le taux de change nominal se sont appréciés respectivement de 1 % et 2 % malgré l'extrême volatilité des taux de change des pays partenaires. Une situation des finances publiques solide avec un surplus budgétaire global estimé à 9 % du PIB en 2008 contre 4,9 % du PIB en 2007. De plus, l'importante accumulation de ressources dans le fonds de régulation des recettes, soit 4 192, 5 milliards de dinars à fin novembre 2008 (près de 40 % du PIB estimé pour l'année 2008) conforte la capacité budgétaire de financement du programme d'investissements publics, d'autant que la dette publique interne connaît un amenuisement. Ainsi, la stabilité renforcée du cadre macroéconomique, l'important niveau des réserves de change ainsi que les ressources accumulées dans le fonds de régulation des recettes permettent à l'économie algérienne de faire face sereinement aux effets de la crise financière internationale et de la dégradation marquée de la situation économique mondiale. De plus, le risque de contagion financière pure touchant le secteur bancaire est très limité, en raison notamment de la faible, voire l'absence d'exposition du secteur aux marchés financiers internationaux. Selon toujours M. Laksaci, la revue des indicateurs de stabilité financière montre que les risques purement financiers de contagion sont très limités pour l'Algérie qui, ces dernières années, a mené une gestion prudente des réserves de change (absence d'investissement dans les actifs risqués), en veillant à l'objectif stratégique d'immuniser les portefeuilles d'actifs (réserves officielles de change) contre toute perte de capital. Dans le respect de ce cadre de gestion prudente, le taux de rendement réalisé par la Banque d'Algérie a atteint 4,6 % en 2007, réduit fortement l'endettement extérieur en 2005/2006, après avoir limité fortement les flux d'endettement extérieur dès le début des années 2000. En particulier, les engagements des banques opérant en Algérie envers l'étranger représentent moins de 1% de leurs ressources et l'encours de la dette extérieure à moyen et long termes n'est plus que de 3,9 milliards de dollars à fin novembre 2008, épargner une partie des surcroîts de ressources budgétaires, avec une épargne budgétaire supérieure à 20 % du PIB en moyenne annuelle pour les années 2005/2007, accumuler d'une manière soutenue des ressources au niveau d'un fonds de régulation des recettes, privilégier le financement interne (en dinars) de l'économie, vu l'excès d'épargne sur l'investissement matérialisé, notamment par le caractère structurel de l'excès de liquidités sur le marché monétaire, développer le segment obligataire du marché financier sans recourir aux investissements de portefeuille des non résidents. Le gouverneur de la Banque d'Algérie souligne qu'ancrée sur ces différents acquis, la nécessaire poursuite de l'amélioration de l'intermédiation financière permettrait de mieux canaliser la très forte épargne nationale vers les investissements productifs en soutien à une croissance forte et durable, d'autant plus que le taux d'épargne national est historiquement élevé ces dernières années (57,2 % en 2007 contre 55 % en 2006 et 52 % en 2005). De plus, les banques sont appelées à faire des efforts plus soutenus en matière de financement du développement des PME, pour mieux contribuer à la diversification de l'économie. Il indiquera que la Banque d'Algérie continuera de suivre l'évolution de la conjoncture internationale afin de pouvoir évaluer de la manière la plus adéquate possible les risques potentiels, notamment pour le secteur bancaire dont la contribution à une meilleure allocation des ressources pour l'économie nationale est désormais primordiale. Dans cet objectif et pour réguler le marché monétaire, la Banque d'Algérie utilisera avec flexibilité les instruments pertinents de la politique monétaire, tout en conduisant une politique de taux de change en phase avec l'évolution des fondamentaux de l'économie nationale. Il assure que l'important niveau des réserves officielles de change permet à l'Algérie de faire face sereinement aux chocs externes, si la crise financière internationale, conjuguée à une récession généralisée au niveau mondial, venait à perdurer, dans la mesure où les banques centrales accumulent des réserves de change principalement pour des raisons de politiques de change mais aussi pour se doter de moyens de faire face aux chocs externes et aux crises. "Au total, la gestion prudente des ressources au cours des dernières années, en contexte de renforcement progressif de la stabilité du système bancaire et financier, permet à l'Algérie d'appréhender aujourd'hui avec sérénité ses objectifs économiques de moyen terme. Il demeure, cependant, que la crise financière internationale et la dégradation corrélative de la situation économique mondiale ont pour effet : de réduire la capacité d'épargne du pays. En effet, l'importante chute des prix du pétrole réduit de manière considérable les recettes d'exportations du pays et, partant, la capacité d'épargne budgétaire. Une faiblesse durable des prix du pétrole se traduirait donc pas un fort amenuisement de l'épargne accumulée, ainsi que par une baisse corrélative des réserves de changes, de réduire le rendement sur le placement des réserves de change, conséquence des taux d'intérêts bas sur les marchés", précise M . Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie. B. Chellali