Le pays du Cèdre n'en finit pas de compter ses crises. De 1969 à 2008 en passant par 1975, 1989, et 2006, les Libanais divisés en trois confessions maronite, sunnite et chiite peinent toujours à trouver une majorité qui dirigerait le pays sans contestation aucune. Cette longue quête chronique a évolué -et évolue encore- en crises à répétition dont les causes prochaines remontent à l'irruption, contrainte et forcée, de la Résistance palestinienne sur la scène libanaise en 1969. Les causes directes remontent à l'assassinat de Rafik Hariri, mais surtout au retrait syrien qui s'en est suivi. Un retrait qui devait donner naissance à un Liban libre. Mais ce Liban s'embourbe dans une énième crise qui l'afflige. L'épreuve de force dans laquelle il s'est enlisé, depuis décembre 2006, n'en est que la dernière expression. Elle se traduit, comme toujours, par une crise institutionnelle et constitutionnelle qui paralyse l'Etat, à savoir la Présidence, le Parlement et le Conseil des ministres sur fond d'une mobilisation populaire cédant la place à une «petite guerre» de rues qui risque à chaque incident de s'embraser. Le tout alimenté par une guerre des images. Le but : contrer la dynamique de conquête de la majorité initiée par les partisans de Hariri pour empêcher que la prise du pouvoir par la majorité sunnite et ses alliés occidentaux n'entraîne le Liban là où ses «protecteurs» mondiaux, notamment les Etats-Unis et la France, veulent bien l'entraîner. Leurs détracteurs veulent suspendre vaille que vaille ce positionnement prooccidental pour convertir le balancier dans le sens d'une protection régionale, notamment syrienne. Divisé en deux camps bénéficiant l'un comme l'autre d'une légitimité populaire, le Liban se transforme en deux Liban réels, dressés l'un contre l'autre et imposant obligatoirement une impasse politique sans issue. Jeune nation, le Liban n'a pas encore appris l'art des «choix impossibles» sans lesquels il n'y aura jamais de Liban. Car, comme le dit si bien le philosophe libanais, Nabaa Roger, «Etat sans passé, le Liban risque de rester à jamais un Etat sans avenir». G. H.