Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi L'architecture moderne commence à faire son petit bonhomme de chemin en Algérie. Elle apparaît partout. On s'efforce, ces derniers temps, de donner à toute nouvelle construction ce nouveau style qui, il y a des années, avait fait les beaux jours du capitalisme dans le monde occidental. L'acier et le verre avaient fait des miracles, commente le commun des mortels. Mais derrière cette beauté sublime de l'architecture il y a aussi d'autres objectifs, à savoir répondre à une demande souvent pressente. L'Algérie en connaît certainement quelque chose. C'est pourquoi, les années 2000 ont connu une effervescence particulière dans le secteur du bâtiment. Outre la crise du logement qui a pénalisé tant de personnes, les bureaux d'affaires ont également leur histoire avec les pénuries. Alger peut être un exemple sans égal. La concentration de différents secteurs et activités dans des lieux parfois inadéquats et exigus réserve également son lot de tracasseries et de désagréments aux pouvoirs publics et aux citoyens. Elle a aussi entraîné un éparpillement de l'activité économique et financière. Somme toute, c'est une question de planification et d'aménagement. Pourquoi un quartier d'affaires ? Une lueur d'espoir. Des projets peuvent ouvrir une nouvelle page dans la vie économique. Bien étudiés et planifiés, ils sont prometteurs. Pour ne pas parler de la Défense en France ou de la City à Londres ou des gigantesques quartiers d'affaires de New York, citons un projet parmi tant d'autres qui commence à fleurir à Alger : le quartier d'affaires de Bab Ezzouar. Les travaux d'aménagement de ce quartier ont coûté au Trésor public la bagatelle de 10 milliards de dinars et la pose de la première pierre a été faite par le président de la République en 2006. Ce projet, contrairement aux autres, a apporté une nouvelle vision. Personnalisation et homogénéité en sont les principaux critères. «Finies ces constructions anarchiques à la va-vite. Respecter la nature, offrir un cadre de vie décent, construire beau et solide, offrir toutes les commodités ne fait plus partie du luxe, c'est l'indispensable», commente un responsable. «Et si le lieu est destiné à accueillir des activités économiques, commerciales, nécessitant des moyens plus complexes, le tableau des exigences devient plus lourd», ajoute-t-il. Ce quartier qu'on a voulu un bijou pour la capitale, affiche déjà ses premiers traits. «C'est un lieu qui sera dédié aux affaires», se réjouit un responsable rencontré sur le terrain. Il est vrai, selon l'argumentation de nos interlocuteurs, que le lieu est bien étudié : à quelques encablures de l'aéroport, en face d'une zone industrielle, sur une superficie de 350 000 m2, non loin du port d'Alger, près d'un campus universitaire de plus de 50 000 étudiants et jouxtant une zone résidentielle dense. Pourquoi un quartier d'affaires, s'interroge-t-on ? Depuis quelques années, à cause d'une augmentation de l'activité tertiaire et des services, Alger croule sous la demande des bureaux et manque énormément de lieux, équipés et commodes, capables d'abriter des activités de services. C'est le constat de nombreux hommes d'affaires. A défaut, ils recourent souvent à des lieux parfois dépourvus de toutes commodités et même des lieux où l'activité devient plus ardue. Un aréopage d'entreprises y élira domicile Le quartier d'affaires de Bab Ezzouar serait, selon les dires des responsables, un lieu dédié exclusivement à ces activités. Les sièges de nombreuses entreprises y seront implantés. C'est une aubaine pour les «clercs d'Alger», plus de déplacements entre les différentes régions de la capitale pour des futilités, avec tout ce que la route réserve comme encombrement et bouchon interminables. «Les affaires, c'est la rapidité, et le temps n'attend personne», lâche un initié qui nous brosse le tableau de bord. «Un siège dans ce quartier sera équipé de toutes les commodités, des lignes téléphoniques, une connexion à très haut débit, des parkings, des lieux pour les loisirs et les distractions, etc.» Tout ça est prévu dans les plans, se réjouit-il. Il appuie, avec fierté, que le rassemblement d'une noria de sièges des grandes entreprises ne fera outre mesure que faciliter l'affaire aux différents investisseurs. «Les étrangers auront ainsi des facilitations», explique-t-il, non sans mettre l'accent sur la proximité de l'aéroport. Même si les travaux sont à des niveaux variables, il est aisé de constater que le travail est gigantesque. Des tableaux sur lesquels des bâtisses modernes sont affichées pullulent dans les différents carrés. Et à chaque projet sa spécificité. Les formes géométriques se multiplient, même si le style reste relativement identique. Et pour avoir une idée de ceux qui occuperont ce terrain vague de près de 70 ha, citons les sièges de grandes entreprises telles que Mobilis, Air Algérie, Algérie Poste, Aigle Azur, BNP Paribas, CMA, CGM, ABC et d'innombrables sociétés étrangères. Il comprendra des hôtels de luxe, des tours de bureaux, un hypermarché ainsi qu'un centre commercial. Nombre d'entreprises ont déjà opté pour ce lieu, à la croisée des chemins entre le monde des affaires et celui du commerce. Pourquoi le commerce, s'interroge-t-on ? Un centre commercial, le plus grand en Afrique, est sur la liste des buildings à construire au cœur de ce quartier. Le centre, qui doit ouvrir ses portes dans une année, abritera quelque 70 enseignes inédites. Parmi elles, les responsables du projet énumèrent un hypermarché UNO, un cinéma multiplex de huit salles et une offre complète de services et de loisirs avec des restaurants. En somme, ce sont deux superficies : l'une de 31 000 m2 de surfaces commerciales et l'autre de 16 000 m2 de bureaux en location. Le tout sera enrichi également d'un parking de 850 places pour une fréquentation quotidienne estimée à plusieurs milliers de visiteurs. Le quartier abritera un autre projet somptueux. Il s'agit de Trust Complexe Buildings, un ensemble composé d'un hôtel, de tours de bureaux, de deux parkings. Pour le responsable du projet, M. Samir Alid, l'ensemble immobilier sera réceptionné probablement en 2011. Il va sans dire que le site qui abritera ces bâtisses modernes a été aménagé par l'Agence de gestion et de régulation foncières (AGERFA) de la wilaya d'Alger que nous avons essayé d'approcher à maintes reprises. Nos tentatives sont restées vaines. En plus de ce projet de Bab Ezzouar, on en annonce un autre, similaire, qui sera construit aux Pins Maritimes (Mohammedia). C'est un investissement de 26,5 milliards de dinars. Il sera chapeauté par le groupe privé algérien Arcofina. Cette cité d'affaires s'étendra sur une assiette foncière de 75 hectares, et elle regroupera l'immobilier d'affaires, l'hôtellerie résidentielle et un ensemble touristique, de shopping et de loisirs. Ainsi, il ya lieu de dire que cet aréopage de projets pourrait offrir un cadre adéquat à l'activité financière et économique en Algérie mais aussi créer des postes d'emploi.