Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Cette rentrée sociale est marquée, outre les mesures de la loi de finances complémentaire (LFC 2009), par une tripartie très attendue, programmée pour l'après-Ramadhan et qui n'a pas livré encore tous ses secrets, même si les spéculations vont bon train. Les attentes du monde salarial sont évidement justifiées, mais quid des attentes du patronat ? Quelles sont ses préoccupations ? Que compte-t-il proposer aux pouvoirs publics lors de cette rencontre ? Ce ne sont là que quelques questions relatives aux les dossiers et à la teneur de cette rentrée sociale assez particulière. Si la saison estivale s'est terminée en queue de poisson, écourtée par le mois de Ramadhan et un mois de septembre qui affiche déjà complet, la rentrée sociale augure une période chargée pour toutes les parties concernées. Les opérateurs économiques, les patrons, les investisseurs, les pouvoirs publics sont sur le même front. La rentrée sociale cette année diffère de toutes les précédentes. Elle a la particularité d'assister à la naissance d'un chapelet de mesures et décisions dont l'objectif est de réglementer les lois régissant l'économie nationale. En clair, on assiste à l'apparition d'une nouvelle vision économique. Cette situation est due principalement à la crise économique mondiale qui a eu pour effet néfaste l'amenuisement des revenus du pays et, par ricochet, un impact sur les réserves du pays. L'Algérie a ainsi adopté la méthode la plus appropriée étant donné que la seule source de revenus est l'exportation d'hydrocarbures. Faire face à la crise économique mondiale a certainement un prix à payer, mais pour le moment on ne connaît pas exactement cette facture. Le contexte dans lequel se présente aussi la rentrée sociale est marqué par un retour au secteur public, qu'il soit dans la production ou dans l'investissement. Investissement et production : le virage à 180° L'Algérie préfère désormais les investisseurs publics algériens ou résidents pour lesquels la loi de finances complémentaire a mis en place un cadre rigoureux, notamment en matière d'octroi de crédits et même en ce qui concerne les partenariats avec les entreprises publiques. Ce qui s'apparente, semble-t-il, à une stratégie visant à prioriser les capitaux et les projets nationaux. Les importations du pays qui ont frôlé des proportions inimaginables ont été aussi la cible des dispositions de la loi de finances complémentaire, notamment l'institution du crédit documentaire et la suppression des crédits à la consommation. Les pouvoirs publics, sur ce plan, n'écartent pas déjà d'autres mesures qui viseraient à soutenir le produit national et booster, d'ailleurs, la consommation des ménages. Conjoncture économique mondiale oblige, la loi de finances complémentaire est venue, faut-il le souligner, contrer et contrecarrer un risque dévastateur pour l'Algérie, à savoir la baisse des prix du pétrole. Il apparaît en conséquence que cette nouvelle vision est une étape à ne pas brûler si l'on veut asseoir une économie productive. Il est clair aussi que ces nouvelles mesures sont de nature à remédier à une situation qui n'a que trop duré mais force est de constater que les patrons sont mécontents et n'ont pas été avares en critiques s'agissant de la démarche prônée par le gouvernement. Les organisations professionnelles, en tête de liste, sont montées au créneau pour dire, haut et fort, tout ce qu'elles pensent de cette démarche. Pour elles, les mesures prises peuvent porter préjudice à l'activité économique du pays. Mais attendons pour voir. Ce qui importe aujourd'hui, c'est l'impact direct de ces mesures, notamment dans certains créneaux d'activité. A commencer par le secteur automobile. Ce dernier, aux yeux des représentants du gouvernement, a connu une évolution surprenante en l'espace de quelques années, mais son apport à l'économie nationale demeure minime. En d'autres termes, il est temps pour l'Algérie de produire ses propres voitures au lieu d'en importer pour une somme qui avoisine les 3,5 milliards de dollars, soit presque la même facture que celle des importations alimentaires. D'autres secteurs sont également «étouffés» par des importations parfois anarchiques bien qu'il existe une production nationale similaire qui peut satisfaire aisément les besoins du pays. Il faut dire, à la lumière de tous ces éléments et selon les observateurs, qu'un virage a été opéré. Résultat : l'impact de la crise économique mondiale pourrait être bénéfique pour l'Algérie, cependant, des questions s'imposent. La première a trait à cette production nationale. Est-elle en mesure de faire face à la demande, quantitative et qualitative, sans cesse croissante du consommateur algérien ? Existe-t-il réellement un secteur productif privé qui pourrait amorcer des investissements dignes de ce nom et produire régulièrement ? Est-il capable d'accompagner l'évolution commerciale et technologique du marché international ? L'affaire n'est pas jouée d'avance et ces questions méritent une attention particulière. Toutefois, le cadre macroéconomique actuel est plus que favorable à l'émergence de pôles industriels privés et privé-public, ce qui manque cruellement dans notre pays. Il est admis de par le monde que le partenariat est la clé de voûte pour une économie forte et indépendante. En Algérie, le «chacun pour soi et Dieu pour tous» a de beaux jours devant lui. Ainsi, il est aisé de déduire que le secteur privé national est devant le fait accompli. Produire et satisfaire le marché ou disparaître. Tripartite : le SNMG éclipse les autres dossiers Revenons à la rentrée sociale. Cette dernière est marquée, outre la LFC 2009, par une tripartie très attendue, programmée pour l'après-Ramadhan et qui n'a pas livré encore tous ses secrets même si les spéculations vont bon train. Les attentes du monde salarial sont évidement justifiées, mais quid des attentes des patrons ? Quelles sont leurs préoccupations ? Que comptent-ils proposer aux pouvoirs publics ? On parle d'ores et déjà d'une position commune des patrons lors de cette rencontre. Il s'agira, semble-t-il, des dernières mesures de la LFC. Le pacte économique et social pourrait également s'inviter au vu de la situation actuelle. Il semblerait que d'autres dossiers qui intéresseraient les patrons soient déjà ficelés. Pour le moment, le seul point qui fait l'unanimité reste sans conteste l'augmentation du SNMG. Mais, là aussi, il faudrait regarder du côté des économistes pour dénicher quelques éclairages. Les observateurs de la scène économique algérienne ne cachent guère certains éléments qui influent sur le pouvoir d'achat des citoyens. Les économistes recommandent en fait une stabilisation des prix et des salaires sur une longue durée ajoutée à la réduction de la TVA et de l'IRG. Et, par ailleurs, le duo informel-spéculation reste l'épée de Damoclès maintenue, éternellement, sur le pouvoir d'achat.