Photo : Riad Par Ali Boukhlef Quatre jours après le début des raids israéliens sur Ghaza, la société civile algérienne perd patience et commence à s'organiser pour manifester son soutien au peuple palestinien. Regroupé au sein de «l'initiative algérienne indépendante pour la Palestine», un groupe d'intellectuels, journalistes et hommes politiques a organisé, hier en fin de matinée, un rassemblement au niveau de la maison de la presse Tahar Djaout d'Alger. Plus qu'une manifestation de solidarité -puisqu'une centaine de personnes était au rendez-vous- le groupe, à la tête duquel on trouve l'universitaire Fodil Boumala, veut avant tout interpeller le gouvernement algérien pour qu'il lève l'interdiction qui frappe les manifestations publiques afin de permettre aux Algériens de manifester leur solidarité. Trouvant la position officielle de l'Algérie «très timide», l'initiative appelle le «pouvoir» à «la levée des restrictions et interdictions qui empêchent la société d'exprimer sa solidarité avec le peuple palestinien». Cette demande est justifiée, selon Abdelhamid Mehri, présent au rassemblement aux côtés d'autres anciennes figures du mouvement national à l'image de Ahmed Mehsas, par la nécessité de voir «le gouvernement algérien répondre à l'aspiration profonde du peuple de voir le blocus sur Ghaza levé». C'est d'ailleurs autour de cette lancinante question de la position des pays arabes qu'a tourné le rassemblement. En plus des animateurs du comité algérien, des représentants de partis et organisations algériens, ainsi que des représentants de factions palestiniennes ont posé cette problématique. Le représentant du mouvement Hamas palestinien dans notre pays est allé jusqu'à accuser l'Egypte de trahison. Rappelant que «le premier agresseur du Hamas a été l'Egypte qui a trompé le mouvement en indiquant qu'Israël n'attaquerait pas», le représentant du mouvement islamiste a rappelé un événement évocateur à ses yeux : «C'est à partir du Caire que les sionistes ont déclaré la guerre au peuple de Ghaza.» Une allusion on ne peut plus claire aux déclarations de guerre de Tzipi Livni, la chef de la diplomatie israélienne qui a déclaré les hostilités contre Hamas à partir du Caire, après des entretiens avec le chef de l'Etat égyptien, Hosni Moubarak. Plus que cela, le représentant du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) a suggéré aux quatre pays arabes ayant des liens avec l'Etat hébreu de rompre «leurs relations diplomatiques». «Nous avons besoin d'initiatives concrètes», a-t-il insisté. Hocine Zehouane, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme a, de son côté, exhorté l'assistance «à faire plus» et à «élargir cette initiative» pour forcer le gouvernement à céder à la pression de la rue. Une position reprise par Fodil Boumala qui, tentant de calmer certaines personnes présentes qui voulaient sortir sur-le-champ dans la rue, a demandé, en revanche, de récolter un maximum de signatures autour de l'initiative pour pouvoir, a-t-il suggéré, proposer d'autres actions à l'avenir.