Saâdane avait failli démissionner avant le match du Caire ! L'Algérie du football ressemble à un affamé soudainement rassasié. L'euphorie a laissé place à l'affolement… en underground seulement pour l'instant. C'est drôle, mais cela ressemble un peu à ce qui s'est passé en 1962, après l'Indépendance. Le peuple était en train de défiler encore dans toutes les rues du pays, alors que certains s'affairaient à se partager le «butin» de guerre entre potes. C'est ce qui se passe un peu aujourd'hui que les Verts ont assuré leur qualification pour le Mondial 2010. Saâdane avait failli démissionner avant le match du Caire ! Déjà bien avant le match contre l'Egypte, certains faisaient circuler la rumeur selon laquelle Rabah Saâdane aurait besoin d'un adjoint de meilleure qualité. Ce qui a exaspéré le sélectionneur qui s'était senti trahi par ceux qui étaient censés le protéger. Il aurait même décidé de remettre le tablier avant le match du 14, pensant qu'on voulait lui refaire le même coup de 1986, lorsqu'à la dernière minute, on lui avait adjoint Dahleb et Djadaoui. Sans parler de 1982, même s'il n'avait pas croisé les bras, aux côtés de Maouche et Rogov, même dans sa tendre jeunesse. La preuve de cette injustice a été donnée par le geste des décideurs de l'époque à son égard, en lui confiant l'EN qu'il a brillamment qualifiée au Mondial de 86 au Mexique. Zoheir Djelloul fait figure de punching-ball Cette fois encore, Saâdane se retrouve dans la même situation, mais avec de petites variantes à son avantage. Le peuple, qui ne le connaissait pas vraiment lors de son mandat de 86, l'adule aujourd'hui en 2009, après la qualification héroïque arrachée au Soudan. Il en est bien conscient et jubile en silence dans son coin en attendant ce qui se trame derrière son dos. Son complice actuel, Zoheir Djelloul, fait figure de punching-ball à ceux qui veulent voir du changement au niveau du staff technique. Zoheir Djelloul : «Hagrouni !» C'est son profil d'adjoint docile et bien élevé qui semble donner l'occasion aux loups de vouloir le manger. Les larmes qu'il a versées dans nos bras à Khartoum après la qualification en sont la meilleure preuve de son mal-être : «Hagrouni depuis que je suis arrivé !» nous a-t-il confié en pleurs. La scène était terriblement affligeante et détonnait avec cette joie qui animait l'ensemble des joueurs et des représentants de l'Equipe nationale. Quelqu'un s'est-il penché sur ce cas ? Non, personne. Ce qui prouve bien que Djelloul reste le dernier souci des décideurs qui veulent à tout prix le voir plier bagage ou, à défaut, le mettre un peu plus en retrait de Saâdane. Pourquoi a-t-on parlé de Kourichi, Tasfaout et Sendjak ? Les tractations vont bon train et la liste des adjoints potentiels s'allonge chaque jour que Dieu fait. Nouredine Kourichi, qui a fait son retour en force médiatiquement depuis le match contre le Rwanda, possèderait le profil idéal, selon certaines sources qui nous ont affirmé que l'ancien défenseur central de l'EN allait s'entretenir incessamment avec un haut responsable de la FAF, à propos de son éventuelle intégration dans l'instance suprême. Bien que les détails n'aient pas été évoqués, on se doute bien que Kourichi ne sera pas loin du staff technique. Mais la piste Kourichi n'est pas la seule, puisqu'on a également parlé de Abdelhafid Tasfaout et, surtout, de Nacer Sendjak qui s'est lui aussi rapproché de la FAF ces derniers temps. Pourquoi avoir fait circuler les noms de ces personnes ? Il n'y a pas de fumée sans feu. Saâdane et Raouraoua se doivent de clarifier la situation avant la CAN Les gens vont sans doute croire que le fait de dévoiler cette face cachée de l'EN est synonyme de tentative de déstabilisation de notre part. Que Dieu nous en soit témoin : il n'est nullement question de cela. Les responsables de la FAF, Saâdane et tous les joueurs de l'EN connaissent notre dévouement pour les couleurs nationales et ont vu notre joie à Khartoum. Seulement, notre conscience ne nous permet pas de taire ces choses et nous voulons surtout que les supporteurs sachent que cette EN n'est pas aussi saine que ce que certains veulent faire croire. Les problèmes existent au sein de toutes les familles et l'EN, qui en est devenue une vraiment, depuis la hogra du Caire, n'en est pas épargnée. Saâdane et Raouraoua se doivent tous les deux de clarifier la situation ouvertement, avant d'aller à la CAN. Parler aujourd'hui, pas dans 23 ans comme Guendouz et Medjadi C'est exclusivement l'intérêt de l'équipe nationale qui nous pousse à opter pour cette réaction offensive. Car nous ne voulons pas avoir de remords en cas d'échec en Angola. L'expérience vécue par les anciens des années 80 doit nous servir de leçon. Il a fallu 23 ans pour qu'on sache pourquoi Belloumi, Guendouz, Medjadi et Benmabrouk s'étaient bagarrés au Mexique. Il a fallu trop de temps pour que le public apprenne ce qui avait détruit cette immense équipe de 1986. Aujourd'hui, l'EN est du même calibre. Et de ce fait, elle mérite autant d'égards, si ce n'est plus. Car les joueurs qui la composent ont dû s'imposer contre vents et marrées avant d'être reconnus par le peuple. Rappelez-vous lorsqu'on disait que les «émigrés» n'avaient pas la même fibre patriotique que les locaux ! Souvenez-vous des premières convocations de Yahia et consorts ! Beaucoup n'étaient pas d'accord pour qu'on puisse récupérer des joueurs qui avaient porté le maillot de la France. Pareil pour Yebda, Meghni ou Abdoun qu'on avait rejetés en bloc en les accusant de ne venir qu'à la fin de la guerre. Bougherra, Belhadj et consorts n'ont sans doute pas oublié lorsqu'on disait qu'ils n'avaient pas la fibre patriotique des locaux et qu'il fallait faire plus confiance aux joueurs de notre championnat qui, à les croire, avaient du sang plus chaud. Heureusement que Yahia, Mansouri, Bougherra, Ghezzal et les autres enfants issus de notre émigration les ont démentis de fort belle manière. Qui se souciera de l'honneur de l'EN ? C'est exactement la même erreur qu'on est en train de commettre aujourd'hui en voulant garder les joueurs remplaçants qui ont brillé par leur absence depuis le début des éliminatoires. Ceux qui ont montré leur inefficacité doivent se bouger ou se faire bouger. C'est la loi du football qui n'admet que les meilleures compétences dans le haut niveau. Ceux qui ne veulent pas brusquer l'équipe ont sans doute une part de sagesse dans leur réaction. Mais il ne faut pas oublier qu'en agissant de la sorte, les problèmes risquent de s'accumuler avant la CAN. Le devoir nous impose à tous d'épargner les Verts de toutes les nuisances que peuvent générer leurs succès. Certains visent la reconnaissance, d'autres l'argent. Mais qui se souciera de l'honneur des couleurs nationales ? Nacym Djender