Son intention de démissionner après la CAN remonte à plusieurs semaines Si le sélectionneur Rabah Saâdane en arrive jusqu'à penser à démissionner après la Coupe d'Afrique des nations, alors qu'il reste sur une qualification historique à la Coupe du monde et que son équipe a le potentiel pour aller loin dans la CAN, ce n'est assurément pas de gaité de cœur. Ce n'est pas après avoir hissé la sélection nationale vers les sommets qu'il laissera sa place. S'il se résignait à le faire après la CAN, il y aurait une seule explication plausible : il est poussé à partir. Les «attaques» de la presse, un argument farfelu Qu'on nous épargne l'argument trop simpliste des supposées «attaques» dont il ferait l'objet de la part «d'une certaine presse» ! C'est tout simplement ridicule. Déjà, le vocable de «certaine presse» est aussi démagogique que fourre-tout. Quant aux «attaques», il n'y en a pas eu, du moins pas dans Le Buteur. Critiquer le choix d'un pays où règne le froid pour préparer la CAN n'est pas une attaque, mais une remarque constructive - et Saâdane, qui a le courage propre aux braves de reconnaître ses erreurs, a reconnu devant les joueurs que c'était un mauvais choix. Donc, affirmer que le coach national pourrait jeter l'éponge à cause d'articles de presse de journalistes mus par de sombres desseins et à la solde d'ennemis étrangers est aussi aberrant qu'absurde. Si Saâdane part, ce sera pour des raisons qui dépassent le cadre de simples scribouilles. Avant le match du Caire, il avait compris qu'on le poussait vers la sortie Déjà, il avait pensé à démissionner avant même le match du Caire, alors que les Verts avaient aligné plusieurs victoires d'affilée. La raison ? Il avait eu vent de projets de lui «coller» des entraîneurs adjoints sous le couvert du «renforcement du staff technique» et il n'avait pas apprécié. Cela lui avait rappelé de douloureux souvenirs, ceux de 1982, 1986 et 2004, où on avait voulu le marginaliser une fois que la sélection nationale qualifiée pour le Mondial ou bien remise sur les rails. Il a senti encore une fois des velléités de le pousser vers la sortie. Ayant longtemps roulé sa bosse dans le football algérien, il en connaît tous les dos d'âne, tous les nids-de-poule, tous les virages et tous les tunnels. Il connaît surtout les codes qui le régissent et les messages codés qu'il a reçus de différentes personnes, peu habituées à parler dans le vide, lui ont fait comprendre qu'il est devenu indésirable. De hauts responsables n'ont pas apprécié ses ambitions mesurées pour la CAN Autre élément qui lui a attiré le courroux de gens en haut lieu : ses déclarations jugées trop prudentes, à la limite défaitistes, concernant les ambitions pour la Coupe d'Afrique des nations. De hauts responsables de l'Etat n'ont pas apprécié qu'ils affirment que l'Algérie n'a pas les moyens d'aller loin dans la CAN car, pour eux, une sélection qui a battu par deux fois en cinq mois le champion d'Afrique en titre, l'Egypte, doit se montrer ambitieuse. Ce mécontentement des autorités a été rapporté à Saâdane qui s'en est senti vexé car, plutôt que de donner de faux espoirs au peuple, il a préféré se montrer humble et réaliste. Cette pression indirecte et pesante lui est devenue insupportable au fil des jours. L'incident du règlement intérieur, la goutte de trop La goutte qui a fait déborder le vase a été la question du nouveau règlement intérieur confectionné pour les joueurs. Les protestations que cela a suscitées parmi le groupe ont perturbé son travail. Le fait qu'une plate-forme de revendications ait été préparée par les joueurs alors que la préparation est censée battre son plein a fait sentir à Saâdane qu'il perdait son emprise sur le groupe, surtout que les revendications en question ne relèvent pas de ses prérogatives. Le silence relatif des responsables l'a même amené à réaliser qu'il s'agit peut-être d'un scénario voulu afin de le pousser à partir. En résumé, Rabah Saâdane envisage de rendre le tablier après la CAN parce qu'il ne se sent pas assez soutenu en haut lieu. Il a même l'impression d'avoir été lâché. Il a besoin de gestes concrets pour être convaincu du contraire. F. A-S.