Bilan du match amical de mercredi passé au stade Mustapha-Tchaker de Blida entre l'Algérie et le Bénin : une victoire sportive et une défaite populaire. Bilan du match amical de mercredi passé au stade Mustapha-Tchaker de Blida entre l'Algérie et le Bénin : une victoire sportive et une défaite populaire. Une défaite caractérisée par quelques incidents malheureux qu'on aurait volontiers casés dans la rubrique «faits divers», n'était la gravité qu'ils augurent pour l'avenir.
Les Sétifiens insultés, Raho contraint de sortir Premier incident : les internationaux de l'ES Sétif ont été sifflés, conspués et même insultés par les supporters de l'USM Blida qui, malgré le caractère national du match de mercredi passé, n'ont pas «oublié» leur esprit clubard. Reprochant aux Sétifiens d'avoir tout fait dans les coulisses pour que le match de Coupe ESS-USMB se joue à Alger, ils ont commencé par Slimane Raho, titularisé comme latéral droit. Qui dit latéral droit dit joueur appelé souvent à aller chercher le ballon à l'extérieur du terrain pour les remises en touche. A chaque fois qu'il s'approchait des gradins, il était bombardé de projectiles, sans parler des vulgarités et des sifflets qu'on lui faisait entendre. Au bout d'un quart d'heure, cela devenait intenable et il a simulé une blessure pour sortir. D'ailleurs, il est sorti sur une civière pour éviter d'être sifflé lors du remplacement, avant de se relever une fois sur la main courante et rejoindre promptement le banc des remplaçants. Quelques minutes avant la mi-temps, Hadj Aïssa s'est mis à s'échauffer en compagnie de Zarabi et il a subi les mêmes insultes et quolibets, mais il ne s'est pas laissé intimider, applaudissant même ses pourfendeurs. Durant toute la deuxième mi-temps, il a été hué. Est-il normal de siffler des internationaux défendant le maillot national ?
Guet-apens dressé aux Algérois Deuxième incident : avant même le coup de sifflet final, des supporters commençaient à sortir du stade et, s'étant donné le mot la matinée déjà, se sont mis à casser tout véhicule immatriculé à Alger qu'ils croisaient, dressant de véritables guet-apens. Cela s'est poursuivi après la fin du match et il a fallu l'intervention des forces de l'ordre pour éviter le pire. La raison de cette campagne anti-algéroise ? Les Blidéens disent avoir été bastonnés par des supporters de divers clubs algérois lors du match de coupe entre l'USMB et l'ESS qui s'est déroulé au stade du 20-Août. Tout au long de la semaine dernière, ils ont juré vengeance et les slogans hostiles aux Algérois ont longtemps résonné dans le stade. Est-il raisonnable de régler des comptes purement régionalistes lors d'un rendez-vous qui engage tout le pays ?
Le terrain et le vestiaire envahis Troisième incident : au coup de sifflet final, plusieurs supporters ont pu pénétrer sur le terrain en enjambant les barrières aux quatre coins du stade. Malgré la vigilance du service d'ordre, ils ont pu s'approcher des joueurs algériens pour tenter de leur prendre leurs maillots. Pis : certains ont même pu s'introduire dans le… vestiaire. C'était l'anarchie totale, en dépit des efforts du service d'ordre. Et là, ce n'était qu'un match amical ! Qu'en serait-il lors d'Algérie-Egypte ? Quelques supporters inconscients pourraient pénétrer sur le terrain et, nourris par la tension entre les deux pays, agresser des joueurs ou autres membres de la délégation égyptienne. Et comme la CAF ne badine plus avec les dépassements, l'Algérie risquerait de très lourdes sanctions.
Et si l'USMB rétrogradait ? Algérie-Egypte devant se dérouler au mois de juin, il y a lieu de se poser la question : le stade Mustapha-Tchaker, en dépit de la bonne volonté de sa direction (dont la compétence n'est pas remise en cause car elle fait de son mieux), est-il l'option idoine ? Nous ne souhaitons pas à l'USMB de rétrograder, mais si cela arrivait à la fin de la saison, ses supporters ne seraient-ils pas tentés de faire entendre leur colère lors de ce match-là, avec toutes les conséquences fâcheuses qui en découleraient ? L'option est porteuse de risques, surtout que le stade Mustapha-Tchaker n'est pas le plus grand du pays. En plus du 5-Juillet, il y a les stades d'Annaba et d'Oran, deux autres options crédibles. Ce qui est certain, c'est que les incidents de mercredi passé inquiètent le sélectionneur national, Rabah Saadane, est même le probable futur président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui a déclaré hier à la Chaîne 3 qu'il a besoin «de supporters d'un pays et non pas d'un club».
Donnez le 5-Juillet à Amar Ghoul ! Et le stade du 5-Juillet ? Il ne pourra pas être prêt pour le jour du match, paraît-il. Si c'est le cas, ce serait bien grave. Ne pas pouvoir refaire une pelouse en plus d'un an est une humiliation pour le pays. Pourtant, c'est une œuvre d'intérêt national. Faut-il donc mettre ce stade sous la tutelle du ministère des Travaux publics. Amar Ghoul, lui au moins, suit tous ses chantiers au jour le jour et est à cheval sur les délais. S'il avait eu ce chantier à son agenda, il serait déjà achevé. A moins que ce soit les joueurs qui font pression pour jouer à Blida par superstition (ils n'y ont jamais perdu) ou par peur (un petit stade, c'est plus sûr), auquel cas ce serait un précédent grave. On ne connaît aucun pays sérieux où ce sont les joueurs qui choisissent où jouer.
Ce n'est pas aux joueurs de choisir le stade Pour prendre seulement l'exemple d'un pays, la France, dont les Algériens peuvent suivre l'actualité footballistique, les internationaux français avaient fait la fine bouche, en 2007, en apprenant qu'ils allaient affronter la Géorgie à domicile au stade l'Abbé-Deschamps d'Auxerre, arguant que le terrain est trop petit et avantage les équipes défensives. Mais la Fédération française est restée inflexible dans son choix. Reste à savoir si notre fédération se montrera tout aussi inflexible pour domicilier Algérie-Egypte au stade du 5-Juillet, quitte à mener les travaux de réfection matin et soir. On ne joue pas avec la sécurité des gens. F. A-S.