Souvent critiqué pendant ce Mondial, Rabah Saâdane n'a pas toujours pu exposer le fond de sa pensée. Après l'élimination des Fennecs au premier tour du Mondiial, le sélectionneur algérien répond sans détours aux questions du parisien.fr. Et aux critiques... A propos de la stérilité offensive. «Les critiques ne sont pas nouvelles, elles existaient déjà avant la CAN. Notre problème sur cette Coupe du monde vient surtout des joueurs blessés avant le tournoi. En plus de Meghni, il y avait cinq joueurs cadres touchés. On n'a pu jouer avec l'équipe-type qu'à partir des matchs officiels et les gars manquaient de repères. Si on avait eu la chance de les avoir plus tôt disponibles, on serait monté plus vite en puissance. D'ailleurs sur le dernier match, on s'est procuré plus d'occasions. Je tiens aussi à préciser que j'ai essayé la paire Djebbour - Ghezzal avant la Coupe du monde mais ça ne fonctionnait pas à cause de méformes ou de manque de complémentarité. C'est pourquoi j'ai associé Matmour à Djebbour en pointe lors du dernier match.» A propos du manque d'audace de son équipe. «Je me demande bien ce qu'on pouvait faire de plus. Le système qu'on a mis en place, toutes les équipes qui ont nos moyens jouent comme ça. On a une bonne assise défensive, il faut se servir de ça. Je viens de voir la Slovaquie, ils ont battu l'Italie avec cette organisation. Ou alors, on fait comme la Corée du Nord et on en prend 7 (NDLR: contre le Portugal). Et puis, jouer l'attaque, c'est bien beau mais il faut avoir les possibilités physiques pour le faire et il faut du temps. Mais avec les dates Fifa, on en manque pour travailler la cohésion.» A propos de «l'oiseau rare à trouver en attaque». «Améliorer l'attaque, c'est avoir un bon passeur mais aussi un bon finisseur. On avait entamé le travail de prospection avant la Coupe du monde et des noms étaient apparus comme ceux de Karim Benyamina (Union Berlin, D2 allemande) ou Karim Soltani (Ado Den Haag, D1 hollandaise), mais on n'a pas pu concrétiser. Il va falloir continuer. On a aussi dans notre championnat un joueur comme Abdelmalek Ziaya (ES Sétif) qui est pétri de qualités mais il est encore trop fragile psychologiquement.» A propos de la gestion de l'affaire Mansouri. «Qui vous dit que je lui ai annoncé (qu'il n'était plus tittulaire. NDLR) trois jours avant le premier match face à la Slovénie ? En réalité, je lui avais fait passer le message dès le stage suisse de Crans-Montana. Je lui avais dit : tu n'es pas titulaire à Lorient, pourquoi tu le serais chez nous ? Ensuite, il a joué les matchs amicaux parce qu'il y avait des blessés. En Coupe du monde, il n'y a pas de place pour les sentiments. Ce qui s'est passé, c'est que sa mise à l'écart s'est confirmée quand j'ai considéré que Yebda était apte et que j'ai dégagé l'équipe-type, trois jours avant le match. Ensuite, il a boudé. Je vais même vous dire une chose : il aurait pu jouer pendant cette Coupe du monde parce que, pour moi, c'était le premier remplaçant. Malheureusement, après sa réaction, j'ai considéré qu'il n'était pas assez fort psychologiquement. A propos du camp de base situé au niveau de la mer et très isolé. «Le problème, c'est qu'on est arrivés parmi les derniers (qualifiés. NDLR) et tous les sites proposés par la Fifa ne répondaient pas à nos critères. On a suivi le modèle de l'équipe de France. Au final, même si le camp était situé au niveau de la mer, on a rectifié le tir pour le troisième match en rejoignant Pretoria trois jours avant la rencontre. D'ailleurs, sur un plan physique, on a tenu le coup face aux Etats-Unis. Quant à l'isolement, les joueurs n'en ont pas souffert, ou alors ils ne m'en ont pas parlé. Le souci dans des longs stages suivis de phase de compétition, c'est de prévoir des sorties. Mais ici, l'environnement sécuritaire ne nous le permettait pas. On aurait aimé au moins des sas de décompression pour les joueurs après les matchs, mais c'était impossible.» In le Parisien.fr