Ce véritable globe-trotter qui a joué tour à tour à la Lazio, Vérone, Bari, Salernitana, Parme, Juventus, Valence, Monaco et Genoa, connaît bien l'Algérie . Entretien réalisé à Bologne par Ahmed Lakrout A 32 ans, Marco Di Vaio est en train de retrouver une seconde jeunesse à Bologne. Il en est déjà à 15 buts alors que son record en Série A en une saison est de 20 buts avec Parme en 2002. Ce véritable globe-trotter qui a joué tour à tour à la Lazio, Vérone, Bari, Salernitana, Parme, Juventus, Valence, Monaco et Genoa, connaît bien l'Algérie à travers Zinédine Zidane bien sûr, Mourad Meghni et Abdelkader Ghezzal qu'il côtoie en Série A. Il nous en parle dans cette interview exclusive qu'il nous a accordée à Bologne. C'est la première fois qu'il s'adresse à un journaliste algérien.
C'est quoi le secret de votre très bonne forme cette saison ? Il n'y a pas de secret particulier si ce n'est une bonne préparation et le soutien de mes coéquipiers. Je me sens bien entouré au club et cela a des répercussions sur ma forme sur le terrain. Nous jouons tous pour un seul et même objectif qui est la bonne santé de l'équipe. Comment se fait-il qu'un joueur de votre trempe et avec tout le vécu que vous avez en Série A, peut-il se contenter de jouer pour le maintien alors qu'on pourrait penser que vos prétentions pouvaient être supérieures ? Je peux vous assurer d'une chose, c'est que ce n'est pas du tout facile de maintenir un club qui vient d'accéder ou plutôt qui revient en Série A comme Bologne. Le challenge est très excitant. Le club s'apprête à célébrer le centenaire de sa création et tout le monde espère que la fête sera totale avec le maintien cette saison. Nous travaillons tous pour ne pas rater le rendez-vous avec notre public. On en est tous conscient et je suis sûr que nous y parviendrons. Beaucoup de grands joueurs ont porté le maillot de Bologne. Je citerai entre autres Roberto Baggio, Cruz et Pagliuca. Ce n'est pas un club anodin. Il a une histoire et une assise populaire qui impose le respect. Je suis fier de jouer pour Bologne. Que signifie pour vous le fait d'être en tête du classement des buteurs devant Ibrahimovic, Gilardino et Kakà ? Je ne vous cache pas que c'est un grand honneur pour moi d'avoir marqué plus que les autres. Surtout que ces joueurs que vous avez cités jouent tous pour de grands clubs qui sont bien classés. J'espère que cette série se poursuivra mais en étant vainqueur de nos matchs. Car il n'y a aucune fierté à tirer si je marque beaucoup de buts et que mon club soit relégué en division inférieure en fin de saison. L'intérêt du club passe impérativement avant celui des joueurs. Ne pensez-vous pas que vous avez une chance de retourner en sélection avec cette forme éblouissante que vous affichez ? Je ne vous cache pas que j'aimerais beaucoup retourner en sélection, surtout que le mondial de l'Afrique d u Sud est dans une année. Je l'ai crié sur tous les toits. Je veux faire partie à nouveau de la Squadra Azzura. Mais vous savez très bien que ce n'est pas moi qui choisis les joueurs. De plus, je suis très conscient que les places sont aujourd'hui très dures à arracher. Mais bon, je continuerai à travailler dans mon coin en espérant qu'on me fasse confiance. A propos de la Coupe du Monde, qu'avez-vous pensé du geste de Zidane en finale contre l'Italie ? Ce que j'ai connu de Zidane sur le terrain est l'image d'un joueur aux qualités hors normes et son comportement sur le terrain a été exemplaire. Je le dis en connaissance de cause parce que je l'ai affronté à plusieurs reprises sur le terrain. Je sais que Zizou n'a pas besoin de mon témoignage pour plaire aux gens et convaincre. Maintenant, ce qui s'est passé en finale de cette coupe du monde est à mon sens un geste très banal qui s'est déjà produit à plusieurs reprises dans pas mal de stades. Mais le contexte et les médias ont fait qu'il devienne quelque chose d'exceptionnel. Pour moi, cela n'a rien changé à l'image de Zidane qui reste un génie du football. C'est ce que j'ai gardé de lui et rien ne me fera changer cette image. Que pensez-vous de Mourad Meguenni qui est passé par Bologne et qu'on a surnommé « le petit Zidane » à ses débuts ? Meguenni a joué plusieurs saisons à Bologne et je peux vous dire qu'il a laissé une image d'un gars sérieux, très sociable et plaisant. Les gens l'aiment bien à Bologne. Pour ce qui est de son talent, il ne serait pas à la Lazio s'il n'avait pas les qualités pour jouer dans un club aussi grand. C'est sûr qu'il est pétri de talent. Mais je n'aime pas qu'on lui colle l'étiquette de petit Zidane pour la simple raison qu'il doit se débarrasser de ces choses-là et ne jouer que comme Mourad Meguenni. C'est vrai, les surnoms aident un peu au début d'une carrière, mais pas plus. Après on doit s'affirmer avec son propre talent. On préfère toujours avoir les avis des autres sur les joueurs Algériens. Que pensez-vous donc de Ghezzal ? Lui c'est un joueur très puissant. C'est carrément impressionnant ce qu'il est en train de réaliser cette saison avec Sienne. Il a gagné une place de titulaire à part entière en Série A tout en se faisant respecter devant les grandes équipes comme l'Inter, le Milan AC ou la Juve. Croyez-moi, ce n'est vraiment pas facile de faire la différence devant de telles défenses. Surtout qu'il vient du troisième palier du football italien. Non, franchement, Ghezzal est un très bon joueur qui va encore faire parler de lui s'il continue à être aussi régulier. Et je peux vous assurer qu'à ce rythme, je ne pense pas qu'il puisse rester longtemps à Sienne. Les plus grands clubs vont le solliciter dans les semaines à venir. A mon avis, il ne restera pas à Sienne la saison prochaine. Il ira dans un plus grand club, ici ou à l'étranger. Vous l'avez affronté cette saison et il vous a marqué un but. Vous vous en souvenez ? Et comment ! Il a effectivement marqué un joli but au match aller et nous étions menés au score. Mais par la suite, j'ai égalisé sur penalty dans les dernières minutes pour terminer le match sur un nul de 1-1. En attendant qu'il ait d'autres propositions comme vous dites, il en a eu une qu'il a saisie avec la sélection d'Algérie. Qu'en pensez-vous ? C'est le contraire qui m'aurait étonné car un joueur de cette envergure mérite bien une sélection nationale. Je peux vous assurer qu'il va rendre beaucoup de services à votre sélection. L'expérience qu'il est en train de gagner dans la Série A va aussi lui servir dans sa carrière internationale. Il joue dans le meilleur championnat du monde, en tout cas pour nous les Italiens c'est le meilleur (il sourit). Forcément cela va se voir dans son jeu qu'il va améliorer chaque week-end. Avez-vous connu d'autres joueurs algériens dans votre carrière ? Lorsque j'étais en France, j'ai joué contre beaucoup de joueurs d'origine algérienne mais, franchement, je ne me rappelle pas de leur nom. Cela dit, la terre qui a enfanté un joueur comme Zinedine Zidane est forcément fertile en talents et elle en enfantera sans doute plusieurs autres à l'avenir. Vous avez connu neuf clubs jusque-là dans votre carrière mais aussi dans trois pays différents. L'Italie, L'Espagne et la France. Quelle est votre prochaine destination ? (Il sourit) Qui vous a dit que j'ai l'intention de partir ailleurs ? A ce que je sache, les dirigeants de Bologne n'ont pas l'intention de me mettre sur la liste des joueurs à libérer. Moi-même je ne pense qu'au maintien du club en Série A. les supporteurs non plus ne veulent pas me voir partir et j'ai l'intention d'aller jusqu'au out de mon contrat. Je crois que les joueurs sont soumis aux désires de leurs coachs et présidents. On n'est pas maîtres de la situation et on va souvent là où eux-mêmes le veulent. Mais bon, pour ma part, je ne regrette pas d'avoir voyagé. Cela m'a permis d'ouvrir les yeux sur d'autres cultures et j'ai beaucoup appris lors de mes voyages. Un dernier mot ? Je remercie votre journal qui s'est donné la peine de vous envoyer jusqu'à Bologne pour venir me faire cet honneur de m'adresser à vos lecteurs en Algérie et ailleurs. Et je terminerai par passer un grand bonjour à tous les amateurs du football italien en Algérie. A. L.