C'est une saison de longue haleine celle que les Rouge et Noir de la JS Azazga ont réservée à leurs milliers de supporters qui, depuis des années, caressent le rêve de voir leur formation franchir un cap dans la hiérarchie du football national après des dizaines d'années de disette. C'est une saison de longue haleine celle que les Rouge et Noir de la JS Azazga ont réservée à leurs milliers de supporters qui, depuis des années, caressent le rêve de voir leur formation franchir un cap dans la hiérarchie du football national après des dizaines d'années de disette. Certes, la Régionale 2 n'est pas la panacée, mais c'est tout de même une étape de franchie quand on connait les difficultés qu'il y a à s'exprimer dans les petites divisions où la qualité du football à elle seule n'ouvre pas forcément les portes de la consécration. A ce titre, ce que vient de réussir la formation chère au président Belaid Seker peut être considéré comme un véritable exploit. Mais qu'est-ce qu'il fut dur à matérialiser !
L'histoire d'Iazouguen avec le sport ne date pas d'aujourd'hui, ses balbutiements remontent réellement au début du siècle dernier. En effet, c'est en 1926 que fut créé le club aux couleurs rouge et noir par un composite de dirigeants algériens et français. Pour autant, on ne peut pas l'accréditer du titre du doyen des clubs de Kabylie, précise son actuel président Belaid Seker, puisqu'il n'intégra la compétition officielle qu'en 1946, soit 20 ans après. Par conséquent, ajoute-t-il, ce titre revient légitimement au club de Sidi Aïch, le SSSA, qui, a contrario, tout en voyant le jour en 1928, débute la compétition officielle la même année. Pendant des décennies, le club d'Iazouguen fut l'antichambre des équipes d'élite notamment la JSK, mais sa vocation première reste son rôle de faiseur de rêves à bien des générations de jeunes des localités d'Azazga, d'Azeffoun, de Bouzeguene, d'Illoula de Timizart, de Fréha, d'Iakouren et d'Aghribs avant que ces dernières ne créent, à leur tour, leurs clubs respectifs. Une idylle s'installe donc entre toute une région et son équipe fétiche. Le lycée Chihani-Bachir, seul cadre pédagogique de toutes les localités citées, joua un rôle très prépondérant dans leur intégration au club. Iazouguen c'est aussi une histoire d'hommes dévoués à une discipline qu'ils affectionnent souvent au prix de sacrifices personnels pour faire face au manque de moyens. On citera les présidents Rachid Rabia, Amrane Mekhlouf, Challal Boudjema, Hamadouche Kader, Chehrit Hocine, Hassan Mehlal et Belkacem Mohand qui ont de tout temps su comment adoucir le quotidien de leurs athlètes par la débrouillardise. La JSA, un club pratiquement centenaire, n'arrive toujours pas à redorer le blason du football à Iazouguen. Sa popularité pourtant lui prédisait un statut autre que celui de végéter dans les paliers inférieurs. Au début des années 1980, ses fans ont relevé la tête grâce à l'exploit d'une génération de joueurs doués comme Hounas, Ould Said, Ait Aider et le défunt Belkessam qui ont accédé en Inter-ligues avant d'y être sacrés champions et de rater la dernière marche vers la Régionale. En réalité, ce ne fut qu'une embellie passagère, vite ensevelie par le poids de contre-performances à la chaine et des années de traversée du désert. En 2008/2009, le club a presque touché le fond en se sauvant de justesse de la relégation au championnat de wilaya. Cela devait être le déclic ou un choc thérapeutique puisque, depuis, le club a amorcé une courbe ascendante qui l'a conduit en Régionale 1 à la fin de cette saison. Ce fut tout simplement un parcours unique d'un club unique, prélude d'une autre ère, nous assure-t-on du côté d'Azazga.
1980, 1981 et 1982, des années à inscrire dans le livre d'or Certes, l'accession de cette année reste un événement historique qui replonge toute la région dans une euphorie indescriptible, mais on ne peut la qualifier de sans précédént. Une comparaison à base de statistiques serait donc hasardeuse à cause des changements continuels observés dans les compétitions nationales depuis l'indépendance. Lors de la saison 1980/1981 déjà, la JSA avait accédé au défunt palier d'Inter-ligues (ou Inter-wilayas) grâce aux matchs de barrages joués à l'époque contre Ksar El Boukhari. Elle enchaîne en s'octroyant la première place la même année, ce qui lui a valu de jouer d'autres matches de barrage face à El Biar, le Nadit et Laghouat pour une éventuelle accession en Régionale mais sans parvenir à ses fins. En parallèle, les poulains de l'ex-président Hassan Mehlal ont croisé le fer avec le grand MCA en 32e de finale de la coupe d'Algérie au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou, un match qu'ils ont perdu par un score de 3 buts à 0. Belaid Seker (président du CSA/JSA) «Je suis heureux d'être le président de l'accession» Vous êtes passés d'une relégation annoncée à une accession en l'espace de deux saisons. Comment vous l'expliquez ? Avec la nomination de Mohand Baleh au poste de président de section, mes tâches dans la gestion du club se sont énormément allégées. Il n'était pas facile d'accumuler les deux fonctions d'autant plus que l'année dernière, il allait faire face à la décision inique de reléguer 6 formations de notre groupe de Régionale 2 et que, l'année d'avant, on a frôlé la relégation. Assurément, on a bien géré alors la situation à notre manière et cela nous a réussi puisqu'une année après, on réécrit l'histoire du club avec cette accession. A quel moment vous vous êtes fixés l'objectif d'accéder en Régionale 1 ? On s'était fixés l'objectif d'accéder en Régionale 1 juste à la fin de la saison dernière. On s'est préparés à cela tout en sachant que rien ne se ferait sans les enfants du club. La suite nous a donné raison puisque ceux qui ont été sacrés cette année sont des purs produits du club enrichi par deux ou trois éléments. Pourtant, lors de l'intersaison, vous avez ramené d'autres joueurs de divers horizons Certes, à un certain moment, nous avons essayé d'apporter un plus aux joueurs du cru en recrutant davantage de joueurs, mais cela n'a pas été évident et 6 d'entre eux ont vite quitté le club et ont même failli le briser. Je remercie au passage ceux qui ont choisi de rester en nous faisant confiance, je parle d'Ait Amir, Azzouni, Ibeggazen et Chérifi. Ceux-là mêmes qui étaient rapidement acceptés par le groupe et que se sont rapidement fondus dans l'équipe. Cette année encore n'a pas été sans son lot de déboires, n'est-ce pas? Il fallait surtout faire face aux problèmes financiers, au départ de 6 joueurs, au départ d'un entraîneur, d'ailleurs à ce jour je n'ai pas compris sa décision de nous quitter. L'entraîneur Rebah a fait un bon travail en gérant, en plus du côté technique, le côté psychologique ébranlé par ces crises successives. Quelle a été la solution alors ? A un certain moment, financièrement on ne pouvait aller plus loin. Il fallait donc créer une autre dynamique. La première action entreprise était de faire appel aux bienfaiteurs et aller au-delà car les bienfaiteurs se comptent sur les bouts des doigts. Vint alors la deuxième phase où l'on a fait appel au comité des villages d'Azazga, que je remercie au passage pour la suite positive réservée à notre requête, qui a été d'un apport financier et moral considérable. Les gens ont vite compris à travers son adhésion qu'ils étaient tous concernés, c'est un gage de sérieux et de crédibilité qui a joué en faveur du club. Il n'y a qu'à voir le nombre de supporters qui venaient par la suite au stade et des bienfaiteurs qui ont fait le pas ensuite. Mine de rien, cela n'a pas été un parcours de tout repos Je me suis sacrifié au détriment de ma santé, de mes finances et de mon temps. Il y a eu en fin de compte une satisfaction, celle d'être le président de l'accession et aussi d'avoir su comment construire une mobilisation générale autour du club. Je reste convaincu que la place de la JSA est dans les paliers supérieurs car il doit remplir un rôle qui lui sied très bien, celui d'antichambre des équipes de l'élite, et ce n'est là qu'un devoir. C'est aussi un milieu qui m'a permis de connaître des gens en dehors d'Azazga et d'avoir la patience de déjouer les complots des coulisses. J'estime avoir fait mon devoir dans ce sens. Je remercie, par ailleurs, les joueurs, les supporters, le comité du village, l'association des commerçants d'Azazga qui n'ont jamais douté de mon intégrité morale et mon attachement pour ce club. C'est cela qui a fait que j'ai eu le courage de surmonter les moments difficiles, j'estime que ma mission est accomplie. Un mot pour terminer ? Je regrette la violence constatée sur les terrains et je la condamne énergiquement. J'étais loin d'imaginer qu'un jour j'allais connaître l'enfer chez mes voisins de villes de Kabylie alors que j'ai été accueilli en toute sportivité dans d'autres clubs réputés pourtant hostiles. Et votre avenir ? Sincèrement, je n'ai ni le moral ni la force physique encore moins les moyens financiers d'aller au-delà de ce que j'ai donné, à d'autres de prendre le relais maintenant. J'ai la conscience tranquille. Ce qu'a fait Tichy à la JSA restera gravé dans ma mémoire tout en leur disant que votre avenir est notre passé.
JSA version 2010/2011 : un champion qui cultive les paradoxes Sacrée championne avant la dernière journée du calendrier de la Régionale 2, la JSA a réalisé un parcours atypique en comptabilisant 54 points grâce à une meilleure performance à l'extérieur de ses bases, notamment lors de la phase retour où les camarades de Mallek, en effet, n'ont perdu que 5 points à l'extérieur, une défaite à Tichy et un nul à Bir Ghbalou, contre 6 points chez eux en réalisant 3 nuls face à Sidi Aich, Timezrit et leurs voisins les Olympiens. Cette situation trouve une explication matérielle à travers deux faits. D'abord, la pression du stade Boukersi, mal gérée par les joueurs en raison de leur jeune âge, ensuite c'est une équipe qui excelle en défense beaucoup plus qu'en d'autres compartiments. Le coach Rebah atteste du fait et avance le chiffre de 4 buts seulement encaissés en 14 rencontres. Cette disposition à mieux défendre a été plus appropriée dans un schéma tactique en déplacement où celui qui reçoit est appelé à faire le jeu, donc à se découvrir. Par contre, à Azazga, les rôles s'inversent et le défaut d'une attaque percutante resurgissait. Quand on sait que la majorité des équipes viennent pour défendre, on comprend alors le nombre de nuls réalisés à domicile.
Une saison chargée d'obstacles Le premier couac dans le parcours de la JSA a été lors de la rencontre livrée face au NRBS Daoud. Les hommes des coachs Rebah et Chikhi ont perdu ce jour-là 2 à 1. A la fin de cette rencontre jouée à domicile, il y eut des échauffourées entre certains joueurs avec leurs supporters. Résultat : les nouvelles recrues Belhocine, Chebbah, Zeghdoud, Bouzid, Saada et Mahnouche quittent le navire. Seuls Azzouni, Ibeggazen et Ait Amir décident de rester. A l'issue d'une autre déconvenue, cette fois à Azeffoun, d'autres joueurs exigent de toucher leur dû, s'ensuivirent alors un imbroglio et un bouillonnement perceptibles lors des séances d'entraînement. A son tour, le coach Chikhi claque la porte et laisse son collègue Rebah seul. Et pour clore le chapitre des déboires vécus par le club, l'APC décide de revoir à la baisse sa deuxième subvention jusqu'à 1 million de DA, habituellement évaluée à 3 millions de DA. L'implication du comité du village, heureusement, met fin à tous ces problèmes.
Les papas unis par la même couleur, pas leurs progénitures Sur le terrain, lors de la rencontre qui a opposé la JSA et l'ES Azeffoun pour le compte de l'avant-dernière journée, dont l'enjeu n'était ni plus ni moins que l'accession, il y avait face à face Hounas Akli de la JSA et Ait Aider Karim de l'ESA. Deux joueurs qui ont la particularité d'être deux fils d'anciens bons joueurs de la JSA et surtout de la fameuse équipe de 1982, en l'occurrence Hounas Amar et Ait Aider Hocine. Ces derniers dans leur position de père et d'anciens rouge et noir, parlent du match et de leurs progénitures en toute sincérité et se rejoignent sur le fait qu'ils n'ont pas pu voir le match. Pour Hounas Amar : «Je n'ai pu voir le match, la majorité du temps je l'ai passée en dehors du stade tellement j'étais stressé. Mon fils je ne l'ai même pas vu renter les dernières minutes. A un moment, je ne me rappelle plus quand, il m'a téléphoné pour prendre de mes nouvelles car des copains lui ont dit que son père n'allait pas bien….». Quant à Ait Aider Hocine : «Je n'ai pas vu le match, mais la victoire de la JSA est toute méritée. C'est le club phare de la région avec toute l'expérience que cela suppose pour Iazouguen, que ce soit celle des dirigeants ou celle de l'environnement. Pour moi, la victoire était évidente même avant le match. Mon fils a la fougue de la jeunesse, il peut s'en remettre et progresser. Je souhaite aussi l'accession de l'ESA qui, avec ses moyens, peut prétendre à jouer aussi un bon rôle en Régionale 1. Avoir deux équipes dans ce palier, ça serait formidable».