«Nous souhaitons que le Mali et l'Algérie passent ensemble» Vraisemblablement, le match de lundi contre le Malawi sera le seul que l'Algérie disputera sur terrain neutre. On savait déjà, après le tirage au sort, que les Verts allaient devoir affronter l'Angola, pays organisateur, qui bénéficiera de l'apport de ses supporters. La tâche s'annonce déjà compliquée du fait que ce match sera le dernier de la poule, donc pourrait se révéler décisif pour la qualification pour les quarts de finale. Mais voilà qu'on découvre que même le Mali jouera presqu'à «domicile» grâce à la très forte communauté que le pays de Frédéric Oumar Kanouté compte en Angola, plus particulièrement à Luanda. Des milliers de Maliens à l'attente de leur sélection Jeudi, ils étaient des centaines, voire des milliers à avoir fait le pied de grue dans le hall de l'aéroport dès midi pour attendre la sélection malienne, venue en provenance de Dubai où elle était en stage de préparation. L'avion devait arriver à 12h30, mais ce n'est qu'aux alentours de 18h qu'il a atterri. Ce retard considérable n'a pas découragé les Maliens d'Angola qui ont attendu patiemment. En fait, la communauté malienne compte plus de 10 000 ressortissants en terre angolaise. Elle constitue également la plus forte communauté musulmane dans le pays (d'ailleurs, ce sont des Maliens qui gèrent la mosquée de Luanda). Le fait que le Mali soit tombé dans la même poule que l'Angola l'a donc particulièrement enchanté puisque le match qui opposera les deux équipes sera particulièrement coloré dans les gradins. Les autorités angolaises craignent une émigration massive sous le couvert du football Ce match sera d'autant plus particulier, que celui de l'ouverture de la CAN, donc médiatisé à outrance et verra la présence de grandes figures du football mondial. Les Maliens n'en espéraient pas tant et ils comptent investir en nombre les travées du nouveau stade de Luanda afin de faire jeu égal, du moins en matière d'ambiance et d'animation, avec les supporters angolais. L'ambassadeur du Mali en Angola, Farouk Camara, présent jeudi à l'aéroport de Luanda afin d'accueillir la délégation malienne, nous a appris que c'est justement en raison du nombre important de Maliens vivant en Angola que les autorités angolaises ont refusé d'accorder des visas aux supporters qui voulaient venir du Mali, de crainte que les fans qui arriveraient ne partent pas et restent en Angola à la faveur de la présence de membres de leurs familles ou de leurs tribus. En plus clair, le gouvernement angolais a peur d'une émigration malienne sous le couvert de déplacement de supporters et c'est pour cela qu'aucun visa n'a été octroyé à des Maliens autres que les joueurs, les accompagnateurs et les journalistes. Les ressortissants maliens prennent en charge le séjour de leurs journalistes Afin de montrer son soutien à la sélection de leur pays, la communauté malienne, qui est très bien organisée, a décidé de prendre en charge l'hébergement et la restauration de tous les journalistes maliens venus pour la couverture de la CAN-2010. «C'est notre contribution à la réussite de la participation du Mali», a expliqué le délégué de la communauté. Il est vrai qu'un pays pauvre comme le Mali ne peut pas prendre en charge le séjour d'une délégation relativement importante de journalistes dans un pays comme l'Angola où tout est cher. De même, les ressortissants maliens sont prêts à se déplacer vers l'une des autres villes qui abritent la CAN dans le cas où le Mali serait appelé à disputer un quart et/ou une demi-finale en dehors de Luanda. C'est dire que les Maliens seront vraiment comme chez eux jeudi prochain, à l'occasion du match Mali-Algérie. Ceci fait ressortir encore davantage l'importance pour les Algériens de gagner leur premier match face au Malawi. «Nous souhaitons que le Mali et l'Algérie passent ensemble» Alors que les supporters maliens attendaient dans le hall de l'aéroport l'arrivée de la délégation de leur pays, ils ont sympathisé avec nos journalistes. Ils vouent d'ailleurs un très grand respect aux Algériens. «Je pense que le Mali terminera en tête de la poule. Pour ce qui est de la deuxième place, qualificative aux quarts de finale, j'espère de tout cœur qu'elle reviendra à l'Algérie. Ainsi, nous passerons ensemble», a déclaré le délégué de la communauté malienne, ce qui lui a valu un tonnerre d'applaudissements de ses compatriotes. Ayant assisté à la scène, des journalistes angolais n'ont pas apprécié cette déclaration. Des supporters maliens leur ont alors lancé : «Vous ne croyez tout de même pas que vous allez passer au second tour ! En basket-ball peut-être, où vous êtes forts, mais certainement pas en foot.» Il est vrai que la population angolaise est tellement pessimiste quant aux chances de sa sélection d'aller loin dans la CAN que le retour des Angolais de leur stage au Portugal s'est déroulé dans l'indifférence populaire. F. A-S. ---------------- L'imam de Luanda parle l'arabe Parmi les membres de la communauté malienne à Luanda qui étaient à l'attente de la délégation du Mali jeudi à l'aéroport international de la capitale angolaise, il y avait l'imam de la mosquée de Luanda. Bien que le Mali soit un pays francophone et qu'en Angola, la langue locale est le portugais, l'imam s'exprime très bien en arabe. Si les Algériens avaient pu accomplir la grande prière du vendredi à la mosquée, ils auraient certainement compris son prêche.