Derrière le bus de l'EN, escortés par des… tireurs d'élite ! Lorsqu'on avait quitté le stade du 11-Novembre derrière le bus qui ramenait les joueurs à l'hôtel, on ne se doutait pas un seul instant que ce dispositif de sécurité impressionnant qui allait en se renforçant, avait une relation avec un quelconque événement qui nous échappait. L'air étonné, l'on se disait juste que les Angolais ont fait fort, en mettant de côté tous les véhicules qui se trouvaient sur la même voie, sur une distance de plusieurs kilomètres. Matmour, Ghezzal et Ziani saluaient les autochtones en toute insouciance Pendant les 40 minutes qui séparent le stade de l'hôtel Continental où réside la sélection algérienne, pas un moment l'idée d'un attentat ne nous avait effleuré l'esprit, tellement les autochtones semblaient joyeux et souriants en saluant Matmour, Ghezzal, Ziani et tous leurs camarades. Les joueurs leur rendaient le salut d'un signe de la main, sans se douter que Rabah Saâdane allait leur apprendre, quelques minutes plus tard, la nouvelle de l'embuscade dont ont été victimes les joueurs du Togo à quelques heures de Luanda. Comme dans un film d'espionnage Il y avait devant le bus des Algériens environ trois véhicules de police, suivis de celui des agents des services algériens qui, à leur tour, semblaient aussi affolés que les policiers locaux qui escortaient notre convoi. Des deux côtés du bus il y avait deux motos sur lesquelles se trouvaient des tireurs d'élite armés jusqu'aux dents, un peu comme ceux qu'on voit dans les films d'espionnage. Sur notre gauche, l'un d'eux s'est approché de notre véhicule (conduit par un chauffeur angolais) pour nous demander ce qu'on faisait derrière le bus des Algériens. Mais dès qu'on lui avait présenté nos badges de derrière les vitres, il nous salua d'un hochement de tête, sans le moindre rictus. On ne soupçonnait pas que l'heure était grave à ce point A le voir scruter les coins et recoins de la colline située sur notre droite, il ne faisait aucun doute qu'il prenait son rôle très au sérieux. Mais on ne soupçonnait pas, alors, que l'heure était à ce point grave, mettant toute cette suspicion sur le compte d'un excès de zèle légitime. Il a fallu qu'on reçoive un coup de téléphone d'un collègue pour comprendre le pourquoi de tout ce manège. «Le bus de l'équipe du Togo a été mitraillé à la frontière du Congo et il paraît qu'il y a un mort et plusieurs blessés », nous a-t-on appris. Sonnés par la nouvelle, on s'est mis à parler en arabe pour ne pas éveiller les soupçons de notre chauffeur qui tremblait déjà en voyant les tireurs d'élite à ses côtés. «Ces tireurs ne sortent jamais pour rien», a dit notre chauffeur «Vous savez, ce sont des militaires super entraînés et qui ne sortent jamais sans raison. En Angola, c'est eux qui font le travail le plus délicat dans les affaires les plus graves, comme celles liées à la criminalité des narcotrafiquants et autres. S'ils sont avec nous, c'est qu'ils ont reçu des consignes strictes pour sécuriser les joueurs. On est vraiment gâtés avec eux aujourd'hui», nous a dit en plaisantant à moitié notre chauffeur. La main prête à dégainer à tout instant, les tireurs d'élite qui nous accompagnaient nous jetaient des regards secs et froids pour vérifier continuellement qu'il ne se préparait rien de louche à l'intérieur de notre véhicule. A tel point qu'ils nous ont obligés à réduire nos gestes au strict minimum, afin d'éviter tout malentendu. Ce n'est qu'une fois arrivés à l'hôtel Continental que l'ambiance s'est détendue, à notre grand soulagement. Nacym Djender