Il fallait des matches amicaux pour marquer la transition Et pourtant, ce n'était que le Malawi et non pas le Mali ! Sur ce qu'on a vu du match d'hier, il y avait seulement une syllabe de différence entre les deux sélections. Au terme de la première journée dans le groupe B, le leader est le Malawi, alors que l'Algérie pointe à la dernière place. Le match qui paraissait, du moins sur le papier, sinon le plus facile, du moins le plus abordable pour les Verts, a été perdu de manière piteuse. Loin de nous l'idée de canarder nos héros d'il y a quelques semaines, car il ne faut pas se montrer oublieux si rapidement, mais l'objectivité impose de reconnaître que l'équipe est passée complètement à côté du match. Cela arrive même aux meilleurs (souvenez-vous de l'Italie, championne du monde, battue par l'Egypte l'été dernier en Coupe des Confédérations, ou du FC Barcelone, champion d'Europe des clubs en titre, humilié par les Russes de Kazan il y a quelques semaines), mais ce n'est pas tant le résultat qui surprend dans le match d'hier que la manière. Les joueurs paraissaient amorphes et hors du coup. Le jeu était laborieux et les automatismes pas au point. Bref, une prestation digne d'un match de reprise. Il fallait des matches amicaux pour marquer la transition En fait, c'était effectivement un match de reprise. Reprise après une aventure qui a mené les Verts jusqu'à une qualification glorieuse en Coupe du monde. Reprise avec un nouveau statut et de nouvelles ambitions. Reprise après une coupure où les joueurs sont longtemps restés sur un nuage d'euphorie. Reprise après une fin où l'on s'était vus trop beaux. C'était peut-être cela le problème : un passage de ciel vers terre sans rendez-vous transitifs pour amortir un éventuel choc. Les Verts sont retombés de leur nuage brutalement parce qu'il n'y a pas eu de matches, ne serait-ce que pour la forme, pour permettre aussi bien aux joueurs qu'aux supporters de faire la transition entre les qualifications et les phases finales. Le staff technique avait invoqué le souci d'éviter d'éventuelles blessures pour justifier sa décision d'effectuer la préparation pour la CAN sans disputer de matches amicaux. Non seulement il se révèle, à présent, qu'il y a bien eu des joueurs blessés même sans match jouer, mais organiser des rencontres amicales était nécessaire pour la décompression et pour marquer le passage à autre chose, après la qualification épique pour le Mondial. Hier, c'était les Malawites qui avaient l'état d'esprit de Khartoum «Au fait, c'est où le Malawi ?» Beaucoup d'Algériens, notamment les plus jeunes d'entre eux, s'étaient sans doute posé la question à l'approche de ce match, tant l'adversaire de l'Algérie hier est méconnu sur la scène footballistique et même géographiquement parlant. Pourtant, il s'est préparé en Afrique, sans grands moyens, en disputant trois matches amicaux très instructifs face à l'Egypte, au Ghana et au Mozambique, et il a donné hier une leçon de courage et d'application. Alors que les Algériens clamaient qu'ils devaient avoir le même état d'esprit que face à l'Egypte dans la CAN, ce sont les Malawites qui étaient animés par cet état d'esprit. Une image forte pour l'illustrer : à l'ultime seconde du temps additionnel, alors que son équipe menait 3 à 0, un défenseur du Malawi, au prix d'un geste acrobatique, a mis tout ce qui lui restait comme énergie pour dégager un ballon à l'entrée de sa surface de réparation. Hier, c'était les Malawites qui étaient les Algériens de Khartoum. Sans aller jusqu'à dire qu'ils manquaient de motivation, il était apparent que les Verts, à une ou deux exception près, semblaient mentalement vidés. La défaillance physique ou technique peut s'expliquer, mais pas la défaillance mentale. C'est ce qui est inquiétant. F. A-S.