«On est capables de passer le 1er tour» Vers la titularisation de Ziaya, Bouazza et Bezzaz Loin de fuir ses responsabilités, encore moins les médias, le sélectionneur de l'Algérie, Rabah Saâdane, a affronté sereinement les journalistes algériens hier après-midi en marge de l'entraînement au stade Coqueiros. Il est revenu sur les causes de la défaite inattendue de lundi passé face au Malawi et sur la nécessité pour les joueurs de se racheter demain lors du match face au Mali. * Lors de la conférence de presse qui a suivi le match Malawi-Algérie, vous aviez mis la défaite sur le compte de la chaleur et de l'humidité. A tête reposée, pensez-vous que ce sont les deux seules causes de la défaite ? Je n'ai pas cherché à justifier la défaite. J'ai parlé de manière réaliste. Je persiste et signe : la chaleur et l'humidité sont les causes de la défaite. Une équipe comme le Malawi ne nous aurait pas battus sur un tel score si nous avions joué dans des conditions climatiques ordinaires. Il faut être franc sur ce point : lundi, la chaleur a été très forte et a dépassé toutes les prévisions. Nous avons joué à un moment de la journée où il est difficile à quiconque même de sortir dans la rue. Que dire alors de jouer un match de football ? J'avais dit avant le match que c'était impossible de jouer à cette heure-là car des conditions pareilles peuvent nuire à la santé des joueurs. L'un d'eux m'avait dit à un certain moment du match : «Coach, je n'en peux plus. Je ne peux même pas bouger mes pieds.» * Puisque vous vous attendiez à jouer sous une forte chaleur, pourquoi dès lors avoir effectué le stage de préparation dans le sud de la France, par des températures glaciales qui passaient parfois en-dessous de 0 ? J'ai fait le choix de faire le stage dans le sud de la France et j'en assume complètement la responsabilité car je sais mieux que quiconque ce que je fais. Croyez-moi, si nous avions préparé la CAN dans des conditions climatiques similaires à celles que nous vivons en Angola, nous n'aurions même pas pu marcher sur le terrain, ni même terminer le match face au Malawi. C'est impossible de se préparer ou de jouer sous une telle chaleur. Malheureusement, l'Algérie est la seule sélection à avoir été victime de la programmation d'un match à 14h45 car plus aucun match ne sera programmé à cette heure-ci. Il est impensable de jouer une compétition d'un tel niveau sous cette chaleur. N'oubliez pas que la majorité de nos joueurs sont des professionnels évoluant en Europe et qui, depuis qu'ils ont commencé à apprendre le ballon, s'entraînent et jouent sous des températures fraîches. Lundi passé, ces joueurs ont découvert des conditions de jeu qui leur étaient inhabituelles et cela nous a coûté cher avec cette défaite inattendue face au Malawi. * Ne pensez-vous pas que les absences de Yahia et Meghni pour blessures et le forfait de Gaouaoui ont influé sur le jeu de l'équipe ? Je savais dès le départ que nous allions souffrir de la succession des blessures en raison du calendrier chargé de certains joueurs. Malheureusement, nous avons été privés des services de trois joueurs importants dans l'équipe. Les conditions climatiques en Angola sont très différentes de celles prévalant en Algérie et en Afrique du Nord de manière générale et c'est pour cela que j'avais dit dès le départ que cela n'allait pas être facile pour nous car les conditions et le contexte sont différents. La réalité est en train de me donner raison. Là, pour le prochain match face au Mali, je ferai quelques changements dans l'équipe. * Quels sont les postes qui seront touchés par ces changements ? Cela se décidera dans les prochaines heures. Ce qui est sûr, c'est que les changements toucheront 2 à 4 éléments, pas plus. Comme d'habitude, je ne vais pas chambouler l'équipe au risque de la déséquilibrer. Ce sont juste des réaménagements. J'utiliserai les éléments à même de pouvoir apporter quelque chose dans le jeu. * Ces changements incluent-ils la titularisation de Yahia, puisque ce dernier s'entraîne avec le groupe ? Yahia ne jouera pas face au Mali. Il n'a plus joué depuis le 18 novembre passé et le lancer à l'occasion d'un match aussi important et difficile serait très risqué. Nous préférons le ménager afin de préserver sa santé. Il faut aussi protéger sa carrière et lui éviter des problèmes inutiles avec son club, Bochum. Je ne prendrai aucun risque à son sujet. * Qu'en est-il du cas Meghni ? Lui aussi ne participera pas au match face au Mali. D'ailleurs, il sera out pour les deux prochains matches car il ressent toujours des douleurs au tendon du genou. En vérité, nous l'avons emmené avec nous car nous avions bon espoir qu'il puisse se rétablir définitivement. Malheureusement, il est encore souffrant. Peut-être pourrons-nous le récupérer lors des prochains tours. * Comment se fait la préparation du match face au Mali ? Lorsqu'il y a des tensions et un manque de confiance comme c'est le cas actuellement, un entraîneur doit trouver le discours approprié pour remettre les joueurs dans les meilleures conditions psychologiques. On apprend cela aux entraîneurs au début de leur formation. Le vrai travail à faire sera psychologique car, avec seulement deux jours de récupération, c'est difficile de faire un travail physique. Les joueurs doivent reprendre confiance en leurs possibilités car nous avons quand même une équipe qui est qualifiée à la Coupe du monde et qui a un potentiel. Il y aura un travail d'assimilation tactique qui se fera aussi en parallèle, mais le gros du travail sera psychologique. J'ai dit que nos joueurs bénéficient de seulement deux jours de récupération et je trouve cela très important car notre adversaire a une journée de récupération supplémentaire. Dans les conditions de chaleurs actuelles, une journée de plus, c'est important. * Ne redoutez-vous pas la chaleur cette fois-ci encore ? Le match se jouera à 17h et non pas à 14h45 et la chaleur sera donc moins forte. La fin de la rencontre coïncidera avec la tombée de la nuit. Donc, je pense que les conditions seront moins difficiles pour nous. * Vous attendez-vous à une bonne réaction de vos joueurs ? Oui, car je sais que, lorsqu'ils jouent avec cœur et sur leur vraie valeur, ils peuvent faire des miracles. Ils l'ont prouvé par le passé. Je leur ai dit que c'est à eux de se révolter et de montrer ce dont ils sont capables. C'est à eux de démontrer qu'ils sont motivés, qu'ils en veulent et que le match contre le Malawi n'est qu'un accident. * Vous y croyez ? Oui, j'y crois très fort. Je sais de quoi les joueurs sont capables. J'ai la conviction que nous pouvons aller loin dans cette compétition. * Un mot pour le peuple algérien, qui est très déçu par le résultat et la prestation du premier match ? Je lui dis qu'il est arrivé même aux plus grandes équipes au monde de perdre des matches a priori faciles. Il doit comprendre que nous avons joué dans des conditions particulières. Nous lui promettons de nous ressaisir et lui demandons de ne pas perdre espoir en l'équipe qui lui a procuré tant de joies il y a seulement un mois. Entretien réalisé par Nacym Djender