«Pourtant j'avais prévenu que la préparation devait se faire en Afrique, pas en Europe» * Qu'avez-vous à dire après la lourde défaite enregistrée par notre EN hier face au Malawi (NDLR : entretien réalisé hier après-midi) ? Que voulez-vous que je vous dise ? Je suis très déçu, voire abattu. Je ne m'attendais pas du tout à une défaite de l'Algérie face à cette équipe du Malawi, alors là par ce score de 3-0 ! Pourtant, j'avais déclaré auparavant et mis en garde les joueurs de ne sous-estimer sous aucun prétexte cette équipe malawite. Je l'avais bien analysée et j'avais dit que sa puissance réside dans sa force physique et je me rends compte que je ne me suis pas trompé. C'est vraiment dommage ! * Selon vous, quelles ont été nos lacunes lors de ce match ? Ecoutez, je n'ai vraiment pas envie de parler de ça. Je n'aime pas trop m'exprimer dans ce genre de défaites. Ceux qui ont suivi le match ont constaté nos lacunes, ça sautait aux yeux. A quoi bon de les relever ? Ce qu'il faut dire, néanmoins, c'est que le Malawi, malgré sa large victoire, n'avait rien d'un foudre de guerre. N'avait été la passivité de notre équipe ce jour-là, il ne nous aurait jamais battu. On est passés carrément à côté, les joueurs donnaient l'air d'être lourds sur le terrain, et physiquement on sentait que l'équipe était out. * Selon Saâdane, la grande chaleur et l'humidité ont joué un grand rôle dans cette défaite. Partagez-vous son analyse ? C'est logique qu'il dise ça. Les joueurs n'ont pas supporté la chaleur et peinaient beaucoup pour respirer. Le taux élevé d'humidité a joué un rôle négatif et a beaucoup gêné les joueurs dans leur évolution. Mais on le savait dès le début. Ce que je trouve néanmoins anormal, c'est qu'on n'a pas su s'acclimater à ces conditions au départ. * Vous étiez l'un des premiers à contester le choix de Saâdane, qui a préféré effectuer le stage préparatif en prévision de cette CAN en France sous un climat très froid… C'est normal et je savais ce que je disais. Avec tout le respect que je dois à Saâdane et aux gens de la FAF, qui ont pris la décision d'aller effectuer la préparation en France, je le redis : il était plus judicieux pour nous qu'on fasse cette préparation d'avant-compétition dans un pays africain, de préférence un pays près de l'Angola. Comme ça, les joueurs se seraient habitués à la chaleur et à l'humidité et n'auraient pas à vivre ce problème d'acclimatation. Par le passé, on a fait nos préparations des différentes CAN auxquelles on a pris part en Afrique. Avant le tournoi de 1980 au Nigeria, on s'est préparés durant près de 20 jours au Bénin et le résultat a suivi. La preuve, on a atteint la finale qu'on a perdue très difficilement. * Pensez-vous que Saâdane a fait le bon choix en optant pour le dispositif tactique 3-5-2 devant une équipe, disons-le franchement, modeste ? C'est vrai que le Malawi reste une équipe modeste, mais ce qu'il faut savoir, c'est que ses joueurs sont très forts physiquement et, sur ce point, les joueurs algériens ne pouvaient rivaliser avec eux. * Est-ce le seul point qui a fait la différence ? Vous savez, quand le physique ne répond pas, vous ne pouvez rien faire, encore moins espérer quelque chose. La condition physique nous a trahis face au Malawi, il faudra à présent oublier ce revers et se remettre au travail. * D'après-vous, cette défaite ne va-t-elle pas créer des tensions au sein du groupe ? Je ne sais pas. En tout cas, je ne l'espère pas. Après cette défaite, le staff technique aura un grand travail psychologique à faire. Il doit remotiver ses poulains et les encourager à se remettre au travail et au plus vite. Je sais que ce n'est pas facile de digérer une telle défaite, mais c'est ça le football. Ce que je peux dire, c'est qu'avant le prochain match face au Mali, un grand travail tactique doit être entrepris pour éviter une nouvelle désillusion. * Justement, comment voyez-vous cette rencontre face aux Maliens ? Le Mali a montré des choses intéressantes lors de son premier match. Ses joueurs sont redoutables et peuvent créer le danger à n'importe quel moment de la rencontre. Ce n'est pas facile de revenir dans la partie, alors que vous êtes menés à dix minutes de la fin par un score de 4-0. Pour moi, ils font office de favoris. On doit impérativement gagner pour espérer se qualifier au second tour. Il n'y a pas d'autres moyens. * Certains disent que l'Algérie a grillé son joker en s'inclinant face au Malawi et sa qualification pour le prochain tour risque d'être très difficile… Le football n'a jamais été une science exacte. Tu peux perdre 3-0 face au Malawi et gagner face au Mali sans qu'aucun ne crie au scandale. Tout reste possible et nos joueurs doivent oublier le match du Malawi et repartir de nouveau. Au risque de me répéter, un travail tactique s'impose avant le match de ce jeudi pour espérer remporter les trois points. * On vous laisse le soin de conclure… Je m'excuse si j'ai été trop direct et si j'ai usé d'un franc-parler dans mes déclarations. J'aime mon pays et ça me fait mal de le voir triste. Néanmoins, je souhaite beaucoup de courage aux joueurs et j'espère qu'ils seront bien au rendez-vous ce jeudi face au Mali. Entretien réalisé par Saïd Fellak