Actuel entraîneur de l'Algérie, Vahid Halilhodzic sera un observateur attentif du match qui opposera la Côte d'Ivoire au Mali ce mercredi 08 février à Libreville pour la deuxième demie finale de la Can 2012. L'ex-sélectionneur des Eléphants, qui voit les Ivoiriens soulever le trophée, suivra particulièrement les Maliens, futurs adversaires des Fennecs pour les éliminatoires du Mondial 2014. Quel regard portez-vous sur cette CAN 2012 ? Vahid Halilhodzic : Je n'ai pas vu tous les matches mais ceux que j'ai observés m'ont permis de constater un bon football, intéressant, combatif, ambitieux malgré la non participation de grandes nations comme le Nigeria, le Cameroun, l'Egypte et l'Algérie. Leur absence ne s'est pas fait ressentir. Le Gabon et la Guinée équatoriale m'ont agréablement surpris. La Côte d'Ivoire et le Ghana restent les grands favoris. La Tunisie a également fait un bon championnat. Les déceptions sont surtout du coté du Maroc et du Sénégal. Comment expliquez-vous que comme le Maroc, qui a éliminé l'Algérie, et le Sénégal, équipes annoncées comme potentiellement favorites, aient échoué dans cette Can ? Vahid Halilhodzic : Certaines équipes parlent un peu trop mais agissent différemment dans leurs attitudes. J'ai connu cela avec la Côte d'Ivoire. L'ambition doit être prouvée sur le terrain. C'est dommage car ces deux formations ont de très bons joueurs. Je ne sais pas quels étaient l'état d'esprit et l'ambiance dans leurs groupes. Il y a des raisons qu'on ne peut appréhender de l'extérieur. Vous avez entraîné la Côte d'Ivoire, quels sont les critères pour connaître la réussite en Afrique ? Vahid Halilhodzic : Avoir une bonne équipe et un bon groupe car certains grands joueurs ne sont pas toujours très motivés. Certaines vedettes ont des propos ambitieux mais leurs comportements et le travail sur le terrain ne correspondent pas à leurs engagements et à leurs statuts. J'ai passé vingt-trois mois avec cette équipe qui possède de très grandes individualités, mais des grands joueurs ne font pas une grande équipe. On a fait du bon boulot en nous qualifiant pour la Can et la coupe du monde 2010. Malheureusement, pendant le tournoi, il s'est passé des choses extra-sportives (la délégation togolaise a été victime d'un attentat à Cabinda ayant couté la vie à deux de ses membres, ndlr). Maintenant, je sais que certains de mes joueurs avaient très mal vécu cette situation. Après la défaite face à l'Algérie, certains étaient soulagés de partir. Pour cette édition, ils sont plus motivés et concentrés. Le terrain et les conditions de jeu sont complètement différents. Cette fois-ci, ils vont la gagner. La Côte d'Ivoire est connue pour avoir de bons attaquants. Elle est la seule équipe à ne pas avoir encaissé de but. A quoi est due cette solidité défensive ? Vahid Halilhodzic : Je connais bien cette défense car c'est à peu près celle que j'avais en 2010, avec la même organisation défensive. Avec la pression et tous les événements qui se passent en Côte d'Ivoire tout le monde est concentré sur la réussite de cette Can. Le pays qui traverse des moments délicats a besoin de ce trophée pour sa réconciliation nationale. François Zahoui son entraîneur a réussi à qualifier les Eléphants pour les demi-finales avec quasiment les mêmes joueurs qui étaient à votre disposition. Comment l'expliquez-vous ? Vahid Halilhodzic : Les conditions dans lesquelles ils jouent sont complètement différentes. En 2010, on était enfermés dans un camp après le massacre qui est arrivé aux Togolais. Je me souviens que certains de mes joueurs, après la défaite contre l'Algérie, m'ont dit qu'ils n'avaient pas pu dormir pendant vingt et un jours. Ils ne pensaient qu'à rentrer chez eux car leur famille et leur club les réclamaient. Aujourd'hui, ils sont favoris pour gagner ce tournoi. Le Mali rencontre la Côte d'Ivoire demain. On suppose que vous êtes très attentif au parcours des Maliens qui seront vos futurs adversaires pour les éliminatoires du Mondial 2014… Vahid Halilhodzic : Bien entendu ! Le Mali m'a agréablement surpris. Je vois que certaines vedettes de cette équipe ne sont pas venues jouer cette compétition. Malgré cela, ils font une superbe Can. Le groupe est jeune avec des joueurs que je ne connaissais pas. Il est très combatif, ambitieux et physique. Seydou Keita joue un rôle très important au sein de cette formation comme leader sur et en dehors du terrain. Je pense quand même que les Ivoiriens sont favoris. Quelles seront les clés de ce match ? Vahid Halilhodzic : La Côte d'Ivoire recèle beaucoup d'individualités. Cette génération a tant de talent, ce serait un gâchis qu'avec des joueurs de classe mondiale, elle ne gagne pas un titre. Elle veut aller jusqu'au bout et je ne crois pas que le Mali pourra résister. J'espère qu'ils vont enfin gagner quelque chose. Source : RFI.fr