«Après le Mondial, cette fois- ci notre objectif face aux egyptiens est d'aller en finale» Après deux mois d'absence pour cause de blessure, Anthar Yahia renoue avec la compétition officielle. Et de quelle manière ! Ce dernier a contribué à la qualification des Verts aux demi-finales dans un match fou contre les Eléphants de Côte d'Ivoire. Il a toutefois cédé sa place à Slimane Raho, après 90 minutes de jeu. Le défenseur de Bochum pense que la qualification des Verts est méritée, parce que tout simplement les Fennecs étaient meilleurs sur tous les plans que les grands favoris de la CAN 2010. * Après une absence de deux mois, vous avez montré un bon visage et contribué à faire tomber le grand favori de la CAN, la Côte d'Ivoire, avec son armada de stars. C'est fabuleux ce qui vous arrive n'est-ce pas ? Oui, je suis vraiment très content, d'autant plus que mon retour à la compétition officielle a coïncidé avec notre qualification pour faire partie du dernier carré de la CAN. Je ne vous cache pas que j'ai souffert de mon absence des terrains, car il est difficile pour n'importe quel joueur de suivre ses camarades à partir du banc de touche sans pouvoir leur donner un coup de main. Mais j'ai pris mon mal en patience, je me suis bien soigné et observé un repos jusqu'à ce que je sois totalement guéri. J'ai donc vécu la fin victorieuse des gars. Il nous faut reconnaître qu'on a bien joué devant un géant du football. * Comment jugez-vous votre rendement dans votre nouveau poste d'arrière latéral ? Satisfait de mon rendement, du fait que je n'ai pas joué le moindre match depuis la rencontre d'appui contre l'Egypte, il y a plus de deux mois. Revenir d'une méchante blessure pour participer dans un tournoi de ce niveau et dans un match difficile contre une grande équipe comme la Côte d'Ivoire et contribuer à une qualification aux demi-finales de la CAN n'est pas du tout évident. C'est pour cette raison que je suis très content de mon rendement, même si je n'ai pas joué à mon poste. Mais je suis beaucoup plus content de la qualification de l'Algérie, c'est le plus important pour moi. Je voudrais ajouter une chose. * Allez-y… J'étais prêt à jouer à n'importe quel poste, pas seulement comme arrière droit. J'avais une grande envie de jouer, car je tenais à apporter ma contribution à la victoire de mon pays. Je remercie Dieu de m'avoir permis de pouvoir être sur le terrain et vivre cette qualification contre la Côte d'Ivoire. * Vous avez certainement souffert physiquement, c'est ce qui explique votre remplacement à quelques minutes de la fin du temps réglementaire, n'est-ce pas ? Je reconnais qu'il m'était difficile de pouvoir tenir 120 minutes sur le même rythme, après une absence de deux mois. Mais j'avais envie de rester sur le terrain tout de même pour aider mes camarades. Le fait de dominer notre adversaire m'a fait oublier quelque peu mon manque de compétition et ma blessure. Mais l'entraîneur a préféré me ménager, sachant qu'un autre joueur plus frais s'imposait pour me remplacer dans les prolongations. D'ailleurs, Raho s'est acquitté convenablement de sa tâche. * Les Verts ont montré un niveau de jeu élevé. Est-ce parce qu'ils sont plus forts ou c'est la Côte d'Ivoire qui était plutôt faible ? On ne peut pas qualifier la Côte d'Ivoire d'équipe faible, puisqu'elle a prouvé en de multiples occasions sa solidité. Sans oublier l'armada des joueurs qui composent son effectif. Mais ils n'ont rien pu faire devant nous, puisqu'on a été tout simplement meilleurs qu'eux sur tous les plans. On a cru en nos capacités et nos chances de gagner jusqu'au bout. Nous avons remonté le score à deux reprises. Le premier but encaissé ne nous a pas perturbés. Bien au contraire, on s'est organisés derrière, ce qui nous a permis d'égaliser. Même le deuxième but de la Côte d'Ivoire marqué dans les dernières minutes de jeu ne nous a pas découragés. On a jeté toutes nos forces dans la bataille et on a réussi à remettre les pendules à l'heure dans le temps additionnel. Ce qui nous a permis d'aborder les prolongations avec un ascendant psychologique certain, contrairement aux Ivoiriens qui étaient abattus. Nous avons réussi à marquer un troisième but, même si je dois dire que le score aurait pu être plus lourd. * On craignait l'expérience et le métier des Ivoiriens, mais c'est le contraire qui s'est produit. On a même senti que c'est l'Algérie qui avait plus d'expérience… Nous avons cravaché et travaillé dur ces deux dernières années et réussi à monter une équipe qui a prouvé sa force lors des éliminatoires, en écartant de grandes équipes comme le Sénégal, l'Egypte et même la Zambie, avant d'arriver au Mondial. Ce qui nous a libérés et permis de gagner en confiance. Notre qualification aux demi-finales de la CAN n'est que le résultat d'un gros travail. * Certains n'ont pas hésité à douter de votre qualification au Mondial aux dépens de l'Egypte. Ecarter la Côte d'Ivoire de la course vers le titre que Drogba et ses camarades convoitaient n'est-elle pas la meilleure des réponses à vos détracteurs ? Ecoutez-moi bien, notre qualification au Mondial a été amplement méritée, puisqu'on a dominé notre groupe depuis le début jusqu'à la fin et nous avons été meilleurs que l'Egypte lors du match d'appui contre l'Egypte. Battre le double champion d'Afrique à deux reprises a donné plus de saveur à notre qualification. Aujourd'hui, on vient de prouver, encore une fois, notre valeur en éliminant la Côte d'Ivoire avec l'art et la manière. Oui, on était meilleurs pendant les 120 minutes et on aurait pu marquer plus de buts, n'était le manque de chance. Ce fut un match d'hommes et nous avons été de véritables hommes sur le terrain. * Vous avez raté plusieurs occasions d'aggraver la marque ; n'avez-vous pas eu peur par la suite ? Lorsqu'on rate des occasions nettes de scorer, on craint toujours d'encaisser par la suite. Mais croyez-moi, dès qu'on a marqué notre premier but, je me suis dit au fond de moi-même que ce match était le nôtre et ne pouvait nous échapper. Nous nous sommes armés de volonté, de détermination et de hargne et on s'est dit que personne ne pouvait nous empêcher d'atteindre le prochain tour. Et même si notre adversaire a marqué un deuxième but assassin, nous sommes parvenus à revenir vite dans le match et marquer le but égalisateur pour ensuite renverser la vapeur lors des prolongations. * Que vous rappelle cette rencontre ? Ça m'a fait rappeler le match de Khartoum contre l'Egypte, même si ce succès a une saveur particulière, puisqu'il nous a conduits au Mondial, après une longue absence. Cela dit, notre victoire contre la Côte d'Ivoire a aussi une saveur particulière, parce qu'on a été critiqués de toutes parts, suite à notre défaite contre le Malawi pour des raisons que tout le monde connaît. Mais nous avons réagi par la suite contre le Mali et imposé le nul au pays organisateur, l'Angola. Aujourd'hui, nous avons gagné avec l'art et la manière contre une équipe constellée de stars mondiales. C'est, j'ose dire, un exploit qui nous permet d'être très fiers de notre performance. * Comment avez-vous trouvé les stars ivoiriennes sur le terrain ? En dépit de sa défaite, personne ne peut diminuer de la valeur de la Côte d'Ivoire qui reste une équipe respectable et forte. Sans prétention aucune, je dois dire qu'on était meilleurs qu'eux sur tous les plans. En défense, nous avons fermé toutes les brèches, en empêchant notre adversaire de se créer des occasions. Au milieu, nous ne leur avons pas laissé des espaces. On a réussi à scorer par trois fois trois tout en nous créant plusieurs occasions d'aggraver la marque. Nous étions tout simplement plus forts et nous avons prouvé au monde entier que l'Algérie est grande devant les grands. Aucune équipe, quel que soit son calibre, ne peut nous arrêter lorsqu'on joue sur notre véritable valeur. * Vous contenterez-vous d'animer la demi-finale ou de jouer pour arracher le titre de champion d'Afrique ? Cette qualification nous a mis plus en confiance. Mais nous devons oublier tout ça et nous concentrer sur le match de la demi-finale qui nous opposera à l'Egypte ou au Cameroun (entretien réalisé avant le déroulement du match). Nous voulons bien sûr jouer la finale et, pourquoi pas, remporter le titre qui redonnera à l'Algérie son vrai visage d'antan. * Un dernier mot pour le public algérien qui est sorti dans la rue comme il l'a fait lors des éliminations au Mondial pour fêter la qualification aux demi-finales de la CAN aux dépens de la Côte d'Ivoire ? Je lui dédie cette victoire du fond du cœur et je lui dis : «Tu es notre capital, soit heureux, danse et chante, puisqu'aujourd'hui tu as une grande équipe qui aura son mot à dire devant les grands et les géants. Je le remercie pour la confiance qu'il nous a accordée. Après notre défaite contre le Malawi, il ne nous a pas lâchés et on lui promet de ne pas le décevoir en demi-finales, quel que soit le calibre de notre adversaire et vive l'Algérie pour toujours.» Entretien réalisé par Adlane C.
