«Cette CAN a été instructive dans l'ensemble.» * Pourriez-vous nous faire un petit bilan personnel sur ce que vous avez fait dans cette CAN ? Je pense que sur un plan personnel, cette CAN a été instructive dans l'ensemble. Cela est aussi valable pour moi que pour l'équipe. Je crois qu'on a montré qu'on a bien progressé depuis quelques mois. Car si on regarde notre parcours depuis deux ans, je crois qu'il est évident que l'équipe a fait du chemin. Nous avons réussi à nous qualifier en Coupe du monde et décrocher la place de demi-finalistes de la CAN. Moi, si on m'avait dit que j'allais jouer la demi-finale du Championnat d'Afrique des nations, avant le début de la compétition, j'aurais signé des deux mains. Rappelez-vous des moments où on jouait dans des stades de seconde zone de banlieues en France ! * Comme Goussainville ! Oui, rappelez-vous Goussainville et comparez avec ce qu'on est en train de vivre aujourd'hui ! A l'époque, personne ne s'intéressait à nous et aujourd'hui, on se qualifie au Mondial et à la demi-finale de la CAN. Cela faisait quatre ans que l'Algérie était absente de la CAN. Deux éditions ratées pour un pays qui aime tant le football, c'est tout simplement inadmissible. Aujourd'hui, même si on a raté la finale à cause d'un arbitrage catastrophique, on ne peut que s'enorgueillir d'avoir remis l'équipe d'Algérie à sa véritable place dans le football continental et mondial. * Qu'est-ce que vous allez raconter à votre famille de votre première CAN, à votre retour à la maison ? Ils ont déjà commencé à me poser des questions sur l'ambiance qui régnait au sein de l'équipe et dans les villes où on avait joué. Je leur ai dit surtout que cette CAN est une très bonne aventure humaine d'abord pour tous les joueurs, puisque nous avons vécu près d'un mois ensemble et cela nous a permis de nous connaître un peu plus. Nous avons vu que le groupe était de plus en plus soudé et nous vivons tous très bien ensemble. C'est vraiment avec plaisir qu'on se retrouve à chaque fois ; même dans les chambres, ça discute et ça rigole tout le temps. * Sur un plan personnel, quel moment ou quel match retenez-vous le plus ? Je crois que c'est celui qu'on a joué contre la Côte d'Ivoire ! Ce fut un très bon match, intense en plus, avec deux équipes qui ne voulaient rien lâcher. Je crois que même le public a apprécié cette rencontre… * Vous avez marqué un beau but et été élu en plus meilleur joueur du match ce soir-là ! Oui, j'ai eu aussi cette récompense, ce qui n'a rien gâché à cette soirée. Mais au-delà de ma satisfaction personnelle, ce match a été très apprécié par les spectateurs. Nous avons livré un vrai combat aux Ivoiriens qui se sont également battus de manière très courageuse. C'est ce qui a fait que ce match soit aussi intense. Il y avait de la détermination de part et d'autre ce soir-là. * Après une prestation comme la vôtre ce soir-là, on ne se dit pas : «J'ai joué contre Didier Drogba, je l'ai battu et en plus j'ai été meilleur joueur du match » ? Mais non ! (Il rigole). Didier Drogba est un très grand joueur. Je le respecte beaucoup, il n'y a pas de doute à cela. Mais, voilà, de mon côté, je suis aussi conscient de mes qualités, je n'envie personne et je vais travailler pour continuer à progresser. * Pourquoi n'aviez-vous pas joué le match de classement ? Le jour du match, je m'étais senti un peu malade au réveil. Je n'étais pas très bien, je crois que j'ai attrapé un rhume ou quelque chose du genre. J'étais fatigué et comme j'ai senti que physiquement je n'étais pas au point, j'ai été honnête avec le coach et je lui ai demandé de me laisser sur le banc. Je n'avais pas vraiment récupéré physiquement, et le risque de blessure dans ce cas est plus important. J'ai donc préféré ne prendre aucun risque pour préserver ma santé. * Vous attendiez-vous à trouver autant de monde à votre accueil à l'aéroport d'Alger ? Franchement non. Je ne pouvais pas m'imaginer un seul instant qu'on allait vivre cela avec le peuple. C'est comme si on avait gagné la CAN ! Je suis scotché ! Qu'est-ce que ça va être le jour où gagnera la Coupe d'Afrique ? C'est incroyable toute cette ferveur qu'il y a autour de l'équipe nationale. On est arrivés en demi-finale, certes, c'est un bon parcours pour une équipe qui n'arrivait pas à se qualifier depuis deux éditions, mais de là à voir autant de monde, alors qu'on a perdu la troisième place un jour plus tôt, c'est vraiment incroyable. * Les gens croient en vous de plus en plus et ils savent que votre défaite contre l'Egypte n'était pas méritée tout simplement… Sincèrement, je ne pouvais pas m'imaginer qu'il allait y avoir toute cette foule à l'arrivée. De surcroît tôt le matin le premier jour de la semaine ? C'est phénoménal ce qu'on est en train de vivre. J'espère qu'on arrivera à leur donner encore plus de bonheur, car ils méritent bien plus qu'une demi-finale. * Pensez-vous être capable de maintenir encore la sélection algérienne aux sommets de l'Afrique pendant des années ? Si on continue de jouer de la sorte et de toujours tout donner sur le terrain, je suis persuadé qu'on fera de mieux en mieux. Il y a un avenir certain pour cette équipe. Nous sommes tous jeunes et nous avons encore plusieurs années devant nous pour faire mieux. J'espère qu'on va encore progresser et pour pouvoir passer à un palier supérieur. Nous avons un très bon effectif qui est conscient de ses qualités. A nous de faire le nécessaire pour être toujours au top. * Un mot justement pour ce public ? Tous les mots du monde ne suffiront pas pour remercier nos supporteurs. Ils ont fait plus de sacrifices que nous en allant au Caire, puis au Soudan et cette fois encore même en Angola, malgré la distance. L'accueil qu'ils nous ont réservé cette fois va encore nous donner plus de responsabilités dans le futur, car on prend de plus en plus conscience de l'importance de notre équipe pour le peuple. Notre engagement, bien qu'il soit déjà total, nous renforcera dans nos convictions de servir notre pays, à chaque fois un peu plus. Je dis un grand merci à tous les Algériens pour tout le bonheur qu'ils nous procurent par leur dévouement. Entretien réalisé par Nacym Djender