«J'ai vu le gardien égyptien parler avec l'arbitre et lui montrer de la main le numéro 5 de Halliche.» Le meneur de jeu des Guerriers du désert, dans l'entretien qu'il nous a accordé, nous parle de la CAN et de certains dessous. Il nous confiera que l'Algérie aura son mot à dire lors du prochain Mondial. * Tout d'abord, vous attendiez-vous à être accueillis de la sorte ? Pour vous dire la vérité, je m'attendais à ce qu'il y ait cette foule de supporters à notre arrivée à l'aéroport Houari-Boumediène. Cela était la suite logique après que les gens sont sortis dans la rue suite à notre défaite face à l'Egypte. Ce qui m'a, par contre, surpris, c'est surtout le nombre et les manifestations de ferveur à notre encontre de la part des supporters. C'est tout simplement indescriptible. Cela nous a rappelé les moments de joie qui ont suivi le match de Khartoum. Je voudrais, de tout mon cœur, remercier ceux qui étaient en Angola, avec nous, ceux qui sont sortis dans la rue et bien sûr tous les supporters qui nous ont réservé cet accueil unique à l'aéroport. Nous possédons les meilleurs supporters du monde. * Peut-on dire que vous êtes de véritables stars, en Algérie, au vu de votre immense popularité, même si vous n'avez pas gagné la Coupe d'Afrique ? Notre but n'est pas d'avoir ce statut de star. Puisque vous parlez de la coupe, je ne vous cache pas qu'au fond de chacun de nous, c'était un objectif. La meilleure preuve est la prestation que nous avons fournie face à la Côte d'Ivoire. Ce jour-là, nous avons montré qu'on pouvait tenir tête aux meilleurs du continent. Pour ce qui est du nouveau statut que nous avons acquis auprès du peuple algérien, je suis l'un de ceux qui en sont le plus fier. Il y a une année et demie de cela, nous venions au pays la tête basse, alors que maintenant nous sommes accueillis comme des héros ! Je suis de ceux qui ont vécu des moments difficiles avec l'Equipe nationale et cela me fait apprécier encore plus toute cette liesse autour de l'EN. * Et pour ce qui est de la défaite contre l'Egypte, peut-on dire qu'elle fait partie du passé ? Pas du tout et elle restera gravée dans nos mémoires. Qui peut oublier ce qu'on a vécu ce jour-là ? Qui peut imaginer que cette équipe d'Egypte est capable de nous passer quatre buts dans des conditions de jeu normales ? Je ne dis pas que nous ne pouvons pas perdre face à cette équipe, mais pas sur un score de cette ampleur. Je voudrais vous faire une confidence. * Laquelle ? A un certain moment, j'ai vu le gardien égyptien parler avec l'arbitre et lui montrer de la main le numéro 5 de Halliche. Cela n'a pas raté, quelques minutes plus tard, Rafik a écopé de son premier carton et la suite est connue. Il y a beaucoup d'indices qui montrent que tout était orchestré et que ceux qui disent que ce sont seulement des erreurs d'appréciation de l'arbitre sont de mauvaise foi. A la place des Egyptiens, j'aurais honte, mais, apparemment, ils sont habitués à ce genre de choses. * Certains observateurs ont avancé que ce jour-là, vous étiez à court physiquement. Qu'en est-il ? Je ne suis pas d'accord car nous avons adopté pratiquement la même stratégie que lors du match de Khartoum. Les Egyptiens ont eu un temps de possession de balle plus élevé que le nôtre mais sans se montrer dangereux. Ce qui ne fut pas notre cas. Avant ce fameux penalty, les meilleures occasions étaient pour nous. Il est vrai que la décision de l'arbitre nous a totalement déconcentrés, ce dont ont profité les Egyptiens, largement aidés par cet arbitre qui a continué son travail de sape. Nous étions persuadés que si nous jouions pendant dix ans, nous n'arriverions pas à marquer des buts. * Et si on vous demandait de donner une appréciation du rendement de l'EN au cours de cette CAN ? Ce fut pour nous une réussite totale. Il ne faut pas oublier que l'Algérie était absente de la CAN lors des deux dernières éditions. Nous avons terminé dans le dernier carré. Tous les observateurs ont fait de nous un potentiel vainqueur du trophée, ce qui était parfaitement dans nos cordes, si ce n'est ce match de la honte. D'un autre côté, nous avons joué six matchs et, croyez- moi, cela nous a été d'un grand bénéfice. Sans entrer dans les détails, nous sommes satisfaits, nous les joueurs, même si cela reste avec un goût d'amertume. * Vous avez quand même débuté par une lourde défaite… Croyez-moi, les raisons qui ont été évoquées pour expliquer cette défaite face au Malawi ne sont absolument pas de faux prétextes. C'est la seule rencontre de la CAN qui s'est jouée à cet horaire de folie. Nous étions, dès les premières minutes du match, totalement asphyxiés. La chaleur et le taux d'humidité étaient insoutenables. Nous nous traînions sur le terrain. Nous nous sommes rattrapés par la suite quand les conditions de jeu étaient à peu près correctes. Cette défaite a d'ailleurs conditionné la suite de notre parcours. Un autre résultat nous aurait permis de rester à Luanda et de ne rencontrer les Egyptiens qu'en finale. Ceci aurait donné un tout autre match car tous les événements seraient passés au peigne fin. * En quoi avez-vous progressé lors de cette phase finale ? Dans tous les domaines. Nous avons gagné en cohésion et en automatismes. D'un autre côté, nous avons adopté plusieurs options tactiques. Tout ceci va nous être d'une grande utilité pour la Coupe du monde. * En parlant de Coupe du monde, après votre victoire face à la Côte d'Ivoire, vous ne pourrez plus compter sur l'effet de surprise. Qu'en pensez-vous ? Nos adversaires en Coupe du monde savent très bien à qui ils auront affaire. Ils n'ont pas attendu notre victoire face à la Côte d'Ivoire pour nous prendre au sérieux. D'un côté, nous avons éliminé le double champion d'Afrique en titre et, d'un autre, les équipes qui seront en Afrique du Sud n'en sont pas arrivées là par hasard. * Mis à part l'arbitrage, qu'a-t-il manqué, d'après vous, à l'EN pour aller au bout ? Surtout de la chance et cela au vu du grand nombre de blessés. Ils étaient cinq en tout à manquer à l'appel au moment où l'équipe avait besoin de toutes ses forces. * Il y a aussi l'absence de Djebbour qui aurait pu suppléer ou aider Ghezzal, n'est-ce pas ? Tout d'abord, je vous dirais que Ghezzal a réussi sa CAN car il s'est retrouvé seul à se battre sur le front de l'attaque et cela en l'absence de Saïfi et Djebbour. Pour ce qui est de ce dernier, justement, son retour sera d'une grande utilité à l'équipe qui gagnera beaucoup lorsqu'il sera associé à Ghezzal. Entretien réalisé par Redouane B.