«J'attends de sévères sanctions à l'encontre de l'Egypte. Et si ce n'est pas le cas, on peut parler d'un crime contre le sport en général et du football en particulier» C'est un Velud très frustré que nous avons joint hier au téléphone pour nous donner son avis sur la sanction infligée par la CAF à l'équipe togolaise. Une sanction, rappelons-le, qui privera sa sélection des deux prochaines éditions de la CAN. L'entraîneur français dont l'équipe a été victime d'une fusillade à Cabinda dit que l'instance de Hayatou use des deux poids deux mesures dans la gestion des affaires dans le continent africain. * Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la sanction infligée à la sélection togolaise ? Permettez-moi d'abord de parler de la rencontre de votre équipe nationale contre l'Egypte. Tout n'était pas normal dans ce match. * Comment ça ? J'ai suivi le match du début à la fin, et j'ai vu que l'arbitre a commis des erreurs impardonnables à ce niveau de la compétition. Certaines décisions ont complètement brisé l'équipe d'Algérie, à savoir l'expulsion du défenseur axial et le penalty sévère accordé à l'équipe adverse. Cela a joué sur le moral des camarades de Ziani. L'arbitre devait appliquer la loi dans son intégralité et laisser les sentiments de côté. * Pour vous, c'est l'arbitre qui a éliminé l'Algérie ? Il n'est pas responsable à 100 %, car même les joueurs avaient un rôle à jouer. J'aurais souhaité qu'ils gardent leur sang-froid et gérer calmement le match comme ils l'ont fait lors des éliminatoires. Mais ils ont choisi un autre moyen, à savoir l'énervement, ce qu'ils ont payé cher en commettant beaucoup d'erreurs. Mais cela ne m'empêche pas de dire que l'arbitrage de Codjia a été catastrophique. * Mais tout le monde est unanime à dire que c'est l'arbitre qui a fait sortir nos joueurs de leur match… Ecoutez-moi bien, la rencontre Egypte-Algérie a mis à nu beaucoup de choses. Il y a un pouvoir occulte qui gère le football africain, et l'arbitrage de Codjia vient de le confirmer. N'importe quelle équipe à la place de l'Algérie se sentira lésée, mais cela ne peut justifier l'attitude des joueurs algériens qui se sont laissé prendre dans le jeu de leur adversaire. Pour les Egyptiens, en dépit de leur bon parcours, leur titre est entaché de doute. * Quel commentaire faites-vous sur le score de 4 à 0 de cette rencontre ? Ce n'est pas pour autant qu'on doit dire que l'équipe algérienne est faible, le résultat ne reflète pas forcément la physionomie du match. Beaucoup de paramètres extra sportifs ont influé sur ce match, on ne peut donc juger le niveau des deux équipes. L'Algérie a payé le prix de l'expulsion de trois de ses joueurs. * Pensez-vous que ces expulsions auront des conséquences sur l'équipe lors du Mondial ? Non, je ne le pense pas du moment que les données lors du Mondial seront complètement différentes de celles de la CAN même la qualité de l'arbitrage sera différente de celle qu'on a vu en Angola. A ce niveau, les erreurs des hommes en noir leur coûteront cher. Et c'est là que les Egyptiens découvriront le véritable niveau de l'équipe algérienne. * Parlons maintenant de la sanction que vous a infligée la CAF, à savoir l'interdiction de la participation aux deux prochaines éditions de la CAN… C'est un scandale. Une décision qui nous a choqués. Je me demande sur quelle logique on a pris une telle décision. Tout le monde sait que le moral des joueurs était à plat après avoir vu la mort à Cabinda. Il leur était impossible de jouer un match de football. * Vous semblez frustré de la CAF… Non pas de la CAF, mais de Hayatou car je me suis rendu compte qu'il est opportuniste et sert ses intérêts personnels au nom du football. Je suis plus frustré que vous ne pouvez l'imaginer. Issa Hayatou aurait dû prendre en considération les sentiments du peuple togolais avant que son instance prenne une telle décision. Hayatou a prouvé qu'il n'était pas à la hauteur pour gérer la CAF, il doit revoir sa copie. Je me suis rendu compte également que même s'il est Camerounais, il ne fait pas partie du continent africain auquel il fait beaucoup de mal. * Qu'attendez-vous exactement ? Le soutien des pays africains, car on ne peut se taire devant une telle sanction. En ma qualité de technicien à la tête du staff technique de l'équipe de Togo, je dirai que si l'on touche à une équipe de n'importe quel pays, c'est toucher à tous les pays du continent africain. Et en votre qualité de journalistes algériens, je vous demande d'adresser mon appel à Raouraoua, auquel je demande d'intervenir, à l'instar des Marocains et Tunisiens, pour mettre un terme à cette mascarade. Cette sanction affectera le moral des joueurs, puisqu'ils ne sont pas responsables de ce qui s'est passé à Cabinda. * Pourquoi n'avez-vous pas fait un recours auprès de la FIFA ? De quel recours vous voulez parler ? Si la FIFI a opté pour la politique du silence dans l'affaire de l'agression du bus de la délégation algérienne au Caire et qu'elle n'a pas encore tranché jusqu'à maintenant, comment voulez-vous qu'elle se penche sur notre cas ? J'attends à l'occasion de sévères sanctions à l'encontre de l'Egypte dans cette affaire. Et si ce n'est pas le cas, on peut parler d'un crime contre le sport en général et du football en particulier. C'est honteux d'opter pour la politique des deux poids deux mesures pour les peuples du même continent. * Vous attendez-vous à une réduction de la sanction ? Non, pas une réduction, mais l'enlèvement total de la sanction car l'équipe de Togo n'est pas responsable de ce qui s'est passé à Cabinda. Et la décision du retrait a été prise par les hautes autorités du pays. J'espère qu'on bénéficiera de la solidarité des autres pays qui devront même aller jusqu'à la menace du boycott des prochaines éditions de la CAN. On est des Africains, et si on ne se montre pas solidaires entre nous, on s'exposera à des manœuvres plus graves, car on ne sait pas qui sera la prochaine victime. Entretien réalisé par Lyes F.