Cela s'est passé le jeudi 28 septembre 1982 : MPA 0 - USKA 0 Stade : 5-Juillet. Alger. Affluence : 55.000 spectateurs Arbitre : M. Garoui Avertissements : Daoud, Ali-Messaoud (USKA), Bellemou (MPA). MPA : Aït Mouhoub, Mahiouz, Oudina, Farhi, Zenir, Bencheikh, Bellemou, Ghrib, Bousri, Laouada (Derriche), Bouiche. Entraîneur : Kaoua USKA : Kesraoui, Soumatia, Ali-Messaoud, Daoud, Derouaz, Talbi, Berkani (Brahim Diab), Bengana, Guedioura, Boutamine, Azzouz ( Djebbar). Entraîneur : Djillali «Quelle pluie ! Les vannes célestes se sont grandement ouvertes hier pour déverser des trombes d'eau qui auraient certainement fait le bonheur des agriculteurs, mais pas celui des footballeurs. Pétroliers d'Alger et les Uskistes, qui s'étaient donné rendez-vous au stade 5-Juillet, vous dirons, eux, qu'il n'était vraiment pas facile de jouer sous un ciel qui n'arrêtait pas de les arroser et encore moins sur une pelouse qui s'était transformée en patinoire», écrivait notre confrère A. Merad dans El Moudjahid le lendemain de cette rencontre au sommet. Le décor est planté. Les deux équipes vont se livrer une véritable bataille sur une pelouse détrempée, un terrain glissant. Le début du match est très plaisant, Bencheikh, Bouiche et le jeune Laouada sont très actifs et donnent du fil à retordre à la défense de l'USKA. Les deux équipes, sans s'observer, vont titiller chacune l'arrière-garde de l'autre. Kesraoui et Aït Mouhoub sont très sollicités, les deux gardiens de but affichent la grande forme, ils réalisent tous les deux des prouesses qui font vibrer les travées du 5-Juillet. Bencheikh est très en vue, il constitue, dans ces vingt premières minutes du match, le grand danger pour les buts uskistes. On charge alors le jeune Farid Bengana de le marquer de plus près. Les Pétroliers plus volontaires tentent le diable pour tromper Kesraoui. Bouiche lance Laouada dans l'intervalle, Soumatia tente de revenir sur le virevoltant attaquant pétrolier, il essaye un tacle, il est un peu court, le jeune Laouada s'envole et centre... Bousri s'élève et de la tête catapulte la balle, Kesraoui qui avait bien suivi se couche et d'une main ferme repousse. 25', Ghrib des vingt mètres adresse un bolide, le tir est cadré, encore une fois, Kesraoui s'envole et dévie en corner. Le 5-Juillet sort de sa torpeur, les supporters des Pétroliers poussent. La réaction de l'USKA est immédiate. Boutamine élimine deux joueurs, s'appuie sur Guedioura, récupère la balle et de l'extérieur du pied droit sert Azzouz, dans le dos de la défense des Pétroliers. Azzouz, toujours lui, évite Oudina, double contact, élimine Farhi et donne du plat du pied pour Guedioura en plein axe, ce dernier est un peu court. Le match s'emballe, le jeu est très plaisant, mais si les actions de buts sont nombreuses, le score ne changera pas en cette première mi-temps. C'est la pause les deux équipes sortent sous les applaudissements d'un public enthousiaste qui oublie le froid et la pluie par la magie du spectacle qu'offrent Bencheikh, Bellemou, Bousri et Laouada d'un côté et Boutamine, Guedioura, Azzouz de l' autre. La seconde période démarre sur le même tempo, c'est-à-dire à cent à l'heure. Les deux équipes tentent de trouver la faille. Les Pétroliers sont les premiers à aller titiller l'arrière-garde adverse, Bellemou sur son côté gauche met le feu dans la défense uskiste, il est tout prêt d'ouvrir le score, mais Kesraoui aidé d'un défenseur écarte le danger. La réplique uskiste viendra de Talbi qui d'une belle frappe oblige Aït Mouhoub de s'étaler de tout son long pour dévier la balle. Bencheikh se déjoue de la défense rouge et noire et se présente seul face à Kesraoui, il n'a pas le temps de se mettre sur ses «bons» appuis, bien inspiré le gardien de but uskiste anticipe et sort au pied du virtuose pétrolier, pour s'emparer de la balle. L'heure de jeu est largement dépassée, mais toujours point de but. Qu'à cela ne tienne, dans les tribunes du temple 5-Juillet, on ne s'ennuie guère, tant le match est plaisant. Les minutes défilent, la pluie ne veut pas s'arrêter, on se réchauffent comme on peut dans les gradins, pourvu qu'on reste les yeux ouverts et qu'on ne rate rien du spectacle. Le chrono avance très rapidement, il ne reste plus qu'une toute petite minute à jouer, Fodil Djebbar (rentré à la place de Azzouz) va, sur son côté, donner des sueurs froides aux milliers de supporters pétroliers. Il prend de vitesse toute la défense vert et rouge et fonce droit sur Aït Mouhoub, Zenir revient à grandes enjambées et le gène dans sa progression, Djebbar, choisi alors de faire un crochet, puis un deuxième, la défense des pétroliers est dans le vent. C'est un récital que Fodil Djebbar offre là, il réussi son entreprise, mais perd un peu de temps, il frappe lourdement au but. Aït Mouhoub est battu, c'est le but... la balle touche le poteau et... est stoppée par une flaque d'eau. L'USKA avait cru au but... en vain. Une poignée de secondes plus tard M. Garoui met fin aux débats. Mustapha Ouaïl Source El Moudjahid Djebbar djeb: « C'était un derby digne des deux équipes» «Oui, je me rappelle bien de cette rencontre, nous étions dans la peau de l'outsider et le Mouloudia le super favori. L'équipe était rajeunie, les anciens, ceux qu'on appelait la génération Keddou, venaient de s'arrêter et des jeunes, comme Boutamine, Bengana, Daoud etc. venaient de prendre la relève. Ce jour-là il avait plu à torrent, un orage comme on en voit rarement, mais cela ne nous a pas empêché de faire un gros match. Le Mouloudia se devait de gagner, d'ailleurs on nous prédisait un score fleuve. Il n'en fut rien. Nous avons fait un bon match, je me rappelle même de cette dernière action où je fais une série de crochets et je frappe au but, la balle heurte le poteau et s'arrête dans une flaque d'eau. C'était très fort en émotion, on croyait au but, alors que la balle n'était pas rentrée. En somme ce fut un beau match, un derby digne des deux équipes.» M. O. Bouiche : «Nous leur étions supérieurs...» «Ce match-là, même s'il s'est soldé par un score vierge, fait parti des derby qu'on oublie pas facilement. Je m'en rappelle très bien. L'USMA venait de faire sa mue, il y avait ce jour-là beaucoup de jeunes, Diab, Bengana, Boutamine, Daoud etc.. Nous, nous étions les grands favoris, nous leur étions supérieurs, c'est clair. Mais sur le terrain, on avait du mal à montrer cette supériorité, les jeunes usmistes nous avaient causé beaucoup de problèmes. Et puis, il avait plu des cordes ce jour-là, la pelouse était gorgée d'eau, ce qui fait qu'on avait déjà des problèmes à mettre en place notre jeu. Au fil du match, il s'est avéré que l'USMA était très difficile à jouer et de notre supériorité il ne restait pas grand-chose. Les usmistes ont joué le match à fond et nous ont considérablement gênés. Nous avons donc raté notre match, lequel s'était soldée par un score vierge. Pour nous, c'était une défaite, et dans le vestiaire il y avait un silence de mort, on s'est senti très mal. Et puis, encore heureux qu'on termine le match sans défaite, parce qu'il y avait une dernière action très dangereuse de l'USMA qui aurait pu aller jusqu'au bout. En somme ce fut un très bon match, très disputé de part et d'autre. Comme toujours, ce match s'était très bien terminé, bien que sur le terrain ce fut une véritable bataille rangée. Mais une fois la douche prise on oublie tout et on redevient amis comme toujours, c'est aussi la plus belle face du derby MCA-USMA». M. O.