«Saïfi est un joueur qui nous intéresse au plus haut point, mais…» Après une riche carrière de joueur au cours de laquelle il a porté les couleurs du FC Metz, de l'OGC Nice, de l'O Lyonnais et enfin de Dunkerque, Joël Muller entamera une carrière d'entraîneur. Il est considéré comme l'un des meilleurs techniciens français. Sous sa houlette, le FC Metz, son club de toujours, remportera la Coupe de la Ligue en 1996 et ratera d'un cheveu le titre de champion de France en 1998. Il gagnera le même accessit avec le RC Lens, en 2002. L'actuel président de l'UNECATEF (syndicat des entraîneurs français) nous parle de Saïfi, de l'équipe algérienne et de ses chances au prochain Mondial. Joël Muller maîtrise parfaitement le sujet et ses réponses sont pleines d'enseignements. * Tout d'abord, avez-vous suivi, à l'instar d'un grand nombre de techniciens de par le monde, la dernière CAN ? Pour être franc avec vous, je n'ai suivi que des résumés, vu que je ne suis pas abonné à l'opérateur qui avait l'exclusivité de la retransmission de la CAN. J'ai quand même pu entrevoir plusieurs facettes de ce football africain si particulier et en pleine ascension. * Vous avez donc suivi le parcours de l'équipe d'Algérie… Le statut de mondialiste de l'Algérie ne laisse personne indifférent. J'ai bien sûr suivi de près les prestations de votre sélection. Je peux vous dire que je suis très content que votre pays revienne au premier plan en ce qui concerne le football continental et mondial. * Quelle est votre appréciation sur la participation de l'Algérie lors de la dernière CAN ? Faire partie des quatre meilleures nations du continent ne peut être que flatteur. Cette place a été acquise après des victoires contre le Mali et la Côte d'Ivoire et cela veut tout dire. Cette équipe d'Algérie est pleine de qualités et la première d'entre elle est sa force mentale. * En tant que technicien, qu'avez-vous à dire en ce qui concerne les choix de Saâdane ? Sincèrement, je suis mal placé pour porter un jugement objectif en ce qui concerne le travail effectué par M. Saâdane. Je peux seulement dire que le fait que son équipe se soit qualifiée brillamment au Mondial et qu'elle ait atteint le stade des demi-finales de la CAN, est une preuve de l'excellent travail effectué. Maintenant, à un si haut niveau, tout entraîneur est mis, comme on dit, sous le microscope. Je voudrais de tout cœur lui souhaiter bonne chance pour le Mondial. * Parlons d'autre chose. Qu'est-ce qui a fait que vous n'ayez pas engagé Saïfi, alors que vous étiez très près de le faire ? Je voudrais être franc avec vous. La direction du FC Metz a été la toute première à s'intéresser à Saïfi. Il a opté pour le club qatari d'El Khor. Nous l'avons contacté après sa rupture de contrat et cela quand il était en Angola. Saïfi nous a demandé un temps de réflexion. Vu la conjoncture, nous n'avons exercé aucune pression sur lui. * Que s'est-il passé alors ? Il s'est passé qu'un autre club (Istres, ndlr) a dû lui faire une offre plus importante. C'est dommage car nous étions prêts à mettre le paquet pour le recruter. Le FC Metz a pour objectif de retrouver l'élite très rapidement et un joueur comme Saïfi a exactement le profil que nous recherchons pour servir de guide à notre jeune équipe. * Revenons à l'équipe d'Algérie. Quelles sont, d'après vous, ses chances lors du prochain Mondial ? Elles sont réelles et je ne dis pas cela pour vous faire plaisir. L'équipe d'Algérie a de la qualité et je suis certain qu'elle a beaucoup gagné en cohésion et en maturité lors de la dernière CAN. Il y a cependant certaines choses fondamentales dont il faut tenir compte. Les Algériens doivent garder cet esprit de combativité et cet amour du maillot qui les a animés jusque-là. * L'un des adversaires de l'Algérie est l'Angleterre. Comment entrevoyez-vous cette confrontation ? D'abord, les Anglais ont pour objectif d'être champions du monde et ils en ont les moyens. Ils restent redoutables. Seulement, en football, il y a cet effet surprise qui nous réserve des issues inattendues. L'Algérie, même si ce sera difficile, peut sortir ce jour-là le match qu'il faut. Tout le monde garde en mémoire la défaite de la France face au Sénégal, en 2002. Je souhaite de tout cœur que l'on revive le même scénario lors du prochain Angleterre-Algérie. * Et pour ce qui est des matches contre la Slovénie et les USA ? Il n'y a aucune raison pour qu'ils ne tournent pas en faveur de l'Algérie. Il n'y a qu'à comparer les effectifs. Vos joueurs sont de loin plus complets que ceux de ces deux sélections. Personnellement, je ne doute pas un seul instant que ce sera l'Algérie qui accompagnera l'Angleterre au deuxième tour. Toutefois, je mets en garde mes amis algériens contre tout excès de confiance. * On vous laisse conclure… Je voudrais vous remercier pour cet entretien qui m'a permis de parler d'un football que j'apprécie tout particulièrement. Je veux souhaiter bonne chance à l'équipe d'Algérie et cela me fait grand plaisir de la voir dans la cour des grands comme elle l'a été avec les Assad, Madjer, Dahleb et autres Kourichi. Passez un grand bonjour au peuple algérien. Il a une grande équipe nationale, capable de relever les plus grands défis. Et il le mérite. Entretien réalisé par Lyes F.