Coach Vahid n'a pas besoin d'être en Guinée équatoriale pour avoir un avis autorisé sur Côte d'Ivoire-Algérie, la superbe affiche des quarts de finale de la CAN-2015. L'ancien sélectionneur de ces deux pays connaît mieux que quiconque le potentiel et les atouts de ces deux équipes. Il témoigne pour Le Point Afrique. Vahid, êtes-vous surpris de voir vos deux anciennes sélections se retrouver à ce stade de la compétition ? Non, je connais le potentiel de ces deux équipes. J'ai dirigé la Côte d'Ivoire pendant deux ans (mai 2008-février 2010), j'ai travaillé avec l'Algérie pendant trois ans (juin 2011-juin 2014). Il y a beaucoup de qualités dans ces deux sélections. C'est normal de les retrouver là. Dans ce tournoi, je dirais même que c'est une finale avant l'heure. Dans cette affiche alléchante, quel est votre favori ? Pour moi, aujourd'hui, l'Algérie est favorite. Ce n'était peut-être pas le cas avant, mais il me semble que l'Algérie est l'équipe la plus forte. Cette équipe que j'ai façonnée pendant trois ans est mûre, plus solide, le groupe n'a pas tellement changé ni son organisation tactique d'ailleurs. L'Algérie est aussi dans cette spirale positive du bon Mondial que nous avons réalisé ensemble au Brésil (les Fennecs avaient été éliminés en huitièmes de finale par le futur champion du monde, l'Allemagne 2-1 ap). À votre avis, si l'Algérie passe la Côte d'Ivoire, le titre de champion d'Afrique lui est promis ? Avec les éliminations de grandes nations comme le Cameroun, le Sénégal, peut-être le Mali, je pense en effet que si l'Algérie élimine la Côte d'Ivoire en quarts de finale, le tournoi lui sera ouvert. Après, il faudra encore montrer du caractère pour aller au bout de ce tournoi. Justement, Chérif Oudjani confiait dans ces colonnes cette semaine qu'il manque peut-être aux Fennecs d'aujourd'hui un leader technique sur le terrain et dans le vestiaire, vous êtes d'accord avec lui ? Disons qu'il n'y a pas en Algérie de joueurs de la dimension d'un Drogba ou d'un Eto'o. Il n'y a pas de vedettes en Algérie. La force de cette équipe est collective. On l'a d'ailleurs montré lors de la Coupe du monde au Brésil. Vous parlez de Drogba justement que vous avez coaché en sélection ivoirienne. Sa retraite a laissé un grand vide. Quel joueur peut ou doit, à votre avis, prendre le relais chez les Eléphants ? Ce n'est pas évident. Didier Drogba n'est pas un joueur facile à remplacer. C'est d'ailleurs son âge qui l'a fait arrêter la sélection. Il occupait une grande place sur le terrain et dans le vestiaire. Drogba maîtrisait aussi l'autogestion. Il faisait partie des cadres comme Zokora et Romaric qui se sont aussi retirés. Aujourd'hui, on attend beaucoup d'un joueur comme Yaya Touré. Kolo Touré peut aussi prendre des relais. À votre avis, la retraite de Drogba peut-elle enfin libérer et révéler d'autres attaquants comme Gervinho, Gradel, Bony ? Drogba laisse un grand vide en attaque, c'est certain. Il faudra du temps pour le remplacer. Ça peut libérer les Gervinho, Gradel, Bony. Mais ce sont à eux maintenant de prendre leurs responsabilités, et ce n'est pas simple. Il faut montrer du caractère, de l'envie, et surtout être exemplaire. Avec de la détermination, Bony pourra peut-être un jour le remplacer.