Invité de l'Equipe 21 hier soir, le sélectionneur national, Christian Gourcuff, est revenu sur plusieurs sujets touchants à l'équipe d'Algérie et sur d'autres faits du football français et international. Le technicien breton évoque de nouveau l'affaire Fekir et livre son avis sur l'engouement des supporteurs en Algérie et en Afrique qu'il commence à découvrir. «En France, il y a 3 millions d'Algériens, j'espère leur procurer beaucoup de bonheur» Tout d'abord, Christian Gourcuff évoque le public algérien qu'il croise un peu partout en France : « Je ne le savais pas avant, mais il y a 3 millions d'Algériens en France et dès que je suis en France, je suis assailli par les Algériens, c'est vraiment un fait qui me stimule, j'espère leur donner beaucoup de satisfaction. » «En Algérie, vous ne pouvez pas aller au stade en famille» « Je n'aime pas les groupes des supporteurs, c'est un danger pour le sport. En Algérie, par exemple, vous ne pouvez pas aller au stade en famille. Si vous n'êtes pas supporteur d'un tel ou tel club, vous n'avez pas le droit d'être là, vous ne pouvez pas être par exemple un spectateur. En Afrique, vous mettez votre vie en péril si vous allez dans certains stades. Donner un statut pour les ultras est une forme de pression pour les clubs, c'est un danger. » «Je n'envisage pas un retour à Lorient» Voulant savoir s'il n'était pas favorable à un retour au club où il avait connu beaucoup de réussite, Christian Gourcuff, qui est parti en mauvaises termes avec ses anciens dirigeants, est clair, net et précis : « Il n'y a pas de retour à Lorient, je n'envisage pas un retour à Lorient même avec un autre président. » « Ce n'est pas uniquement l'avis de son père qui a changé la décision de Fekir, il y a des intérêts » Le sélectionneur de l'EN ne digère toujours pas la volte-face de Nabil Fekir : « Je n'y étais pas à la réunion qui a réuni Fekir et ses dirigeants mais la FAF a été exemplaire dans cette affaire. Il devait être là en septembre mais après Nabil a joué avec Lyon et souhaité prendre du recul et ne pas jouer la CAN. On a respecté sa décision. Mais bon, il avait choisi la France mais comme il avait modifié la vérité, je devais intervenir. Nabil m'a appelé pour me dire j'ai choisi l'Algérie et à 16h il m'a dit j'ai choisi la France. Entre 14 et 16h, ce n'est pas uniquement l'avis de son père qui a changé la décision. Après il y a des intérêts. » «Quand je parle d'intérêts, je ne vise pas l'OL ou Didier Deschamps» « La FAF cherche toujours à avoir les meilleurs joueurs mais elle ne les achète pas, les internationaux ont des contrats publicitaires sans plus, comme cela se fait partout. Des garçons comme Bahlouli ou Fekir qui ont été sollicités en catégories de l'équipe de France jeunes et qui ont l'opportunité de jouer pour l'Algérie peuvent le faire, c'est bien de leur intérêt et celui des équipes nationales. Après, quand je parle d'intérêts, je ne vise pas l'OL ou Didier Deschamps. Lui est comme moi, il cherche à avoir les meilleurs dans son effectif. » «Il est souhaitable que les binationaux fassent leur choix avant qu'ils n'arrivent au plus haut niveau» Abordant le sujet des binationaux, Gourcuff est on ne peut plus clair : « Le problème des binationaux ne devrait pas exister, seulement, c'est souhaitable que le joueur fasse son choix avant qu'il n'arrive au plus haut niveau. Il y a des joueurs comme Feghouli qui aurait pu postuler pour l'équipe de France mais il a choisi l'Algérie très rapidement.» «Sans Mansouri, je ne me serai jamais engagé avec l'Algérie, les dirigeants de la FAF sont corrects» Interrogé pourquoi ce choix d'entraîner la sélection algérienne, Gourcuff répond : « D'abord, j'ai été sollicité, ensuite il y avait par affinité footballistique, j'ai toujours eu de très bons rapports avec des joueurs algériens comme Ziani, Saifi et Mansouri, qui est mon adjoint et sans qui je ne me suis jamais engagé. Je dirai que je ne me voyais pas entraîné une sélection où il y aurait eu une autre tradition de football. Les membres de la FAF sont corrects avec lesquels le courant s'est très bien passé. » «Certains joueurs en Algérie ne me comprennent pas lorsque je leur parle en français» « Après 33 ans de frustration, vous vous rendez compte de ma déception, mais bon soyez sûrs, je suis un mauvais perdant. J'aimerais bien gagner des titres, mais ça viendra. Moi, je passe moins de communication. En Ligue 1, le meilleur en communication, c'est celui qui ne parle pas souvent. C'est important de communiquer avec les joueurs en Algérie, il y a des joueurs qui ne me comprennent pas bien quand je leur parle en français. A mon avis, c'est un problème important. » «Pour moi, la Ligue 1 est mieux que la Premier League» Voulant avoir quel est le championnat qui l'emballe le plus, Christian Gourcuff avoue : « La Premier League n'est pas mon championnat préféré, j'aime plutôt la Ligue 1. J'ai des joueurs qui évoluent là-bas, mais le jeu anglais est plutôt direct donc voilà, il y a trop de business là-bas. » «Si on rejoue la Côte d'Ivoire 10 fois, on la gagne au moins 8 fois» « Je ne sais pas si l'Algérie est la meilleure équipe d'Afrique, mais une chose est sûre, on a été moins mauvais que la Côte d'Ivoire en CAN 2015. On a perdu c'est vrai, mais lorsqu'on analyse le match, on se dit finalement collectivement, on a été supérieurs. Si on rejoue contre la Côte d'Ivoire 10 fois, on gagne 8 fois. » «Soudani est un bon attaquant, mais dans le secteur offensif, il y a beaucoup de qualités dans mon effectif» « Soudani a joué contre les Seychelles et le Lesotho mais dans le secteur offensif il y a beaucoup de qualités, c'est un joueur qui fait partie de la sélection, c'est incontournable, mais il ne faut pas oublier que devant on a de très bons joueurs aussi, je pense à Feghouli qui était absent lors des deux derniers matchs. » «L'objectif en 2018 ? Je veux y aller d'abord !» « L'objectif, c'est d'y aller. Le mois de novembre, on aura un match face à la Tanzanie ou le Malawi, il faudra d'abord passer ce tour. Après se qualifier dans le dernier tour des groupes. Ce n'est qu'après qu'on pourra parler d'objectifs en Russie. Une chose est sûre, il y a une génération qui a vécu le Brésil et qui a envie de flamber en 2018. »