Diarra:« Le favori c'est l'Egypte, mais l'Algérie est capable de battre n'importe qui» Une année presque jour pour jour, Mahamadou Diarra la star malienne du Real a accepté une nouvelle fois de nous accorder un entretien. Diarra:« Le favori c'est l'Egypte, mais l'Algérie est capable de battre n'importe qui» Une année presque jour pour jour, Mahamadou Diarra la star malienne du Real a accepté une nouvelle fois de nous accorder un entretien. Même s'il était ménagé pour le match Algérie - Mali, Diarra a tenu à assister à la rencontre. Difficilement reconnaissable avec son gros bonnet, Diarra a longtemps hésité avant d'accepter de discuter avec nous. Pourquoi avoir hésité à nous accorder cet entretien ? J'étais un peu gêné par rapport aux journalistes français auxquels j'ai refusé d'accorder des entretiens car en principe il faut passer par mon club. Mais comme il s'agit d'un journaliste africain... On vous remercie surtout que c'est la deuxième fois que vous nous faites l'honneur de discuter avec nous... Oui, je me rappelle vous avoir accordé un entretien à minuit (il rit). Je ne pouvais quand même pas dire non à un journaliste qui est resté plusieurs heures à nous attendre à l'hôtel ! Pourquoi avoir assisté à ce match alors que vous n'y êtes pas convoqué ? Comme je suis blessé, j'ai demandé l'autorisation à mon club de me laisser assister au match pour encourager les jeunes joueurs mis à l'essai par le sélectionneur. C'était l'occasion aussi de voir quelques amis ici en France. Justement, les Algériens n'ont pas apprécié que Stephen Keshi aligne une équipe bis du Mali... Le sélectionneur connaît bien les cadres de l'équipe, il a donc voulu voir à l'uvre d'autres éléments. Il nous a demandé notre avis et nous n'avons pas vu d'inconvénients. Et puis c'est la seule date qui lui permet de tester des joueurs nouveaux, le prochain stage aura lieu un mois avant les éliminatoires. Votre blessure est-elle grave ? Pas vraiment. Je suis en train de me rétablir petit à petit et dans 10 jours j'espère reprendre la compétition. Ce ne sera pas trop tard avec la situation actuelle du Real, non ? Avec ou sans moi, le club relèvera la tête car il s'agit quand même du Real Madrid. Je crois que ce qui nous a fait le plus mal, c'est l'élimination en coupe face à un adversaire modeste. Mais le Barça est en train de prendre son envol... Ça se voit que vous êtes un supporter de Barcelone (il rit). Je vous dis que c'est le Real qui terminera champion. Messi, Eto'o et les autres ne vous font-il pas peur ? Il y avait Messi, Eto'o et même Ronaldinho la saison dernière, mais cela ne nous a pas empêchés de remporter le titre. Mais avouez que le Barça est en train de développer un football de très haut niveau. En football, on retient plutôt les points engrangés et non pas le beau jeu. Revenons un peu à l'équipe du Mali. Que pensez-vous du travail effectué par Stephen Keshi ? La force de Keshi c'est qu'il ne compte pas sur les joueurs qu'il a sous la main. A chaque fois, il découvre de jeunes joueurs d'un niveau appréciable qui peuvent apporter beaucoup à la sélection. Il donne l'impression de savoir où il va. Personnellement il me satisfait, c'est le cas aussi des responsables du football malien. Que pensez-vous de l'équipe algérienne ? Je vois que votre sélection aussi est handicapée par des absences puisque Ziani, Saïfi et Hemdani sont à mes côtés dans la loge. Je vois aussi que les joueurs alignés sont techniquement bons et c'est la tradition chez vous. L'Algérie sera-t-elle votre favori pour aller au Mondial ? Non, car le favori du groupe c'est l'Egypte. Toutefois, l'Algérie peut surprendre tout le monde. Une équipe qui possède un Ziani, un Yahia, un Hemdani ou un Saïfi peut battre n'importe quelle autre équipe si elle est dans son jour. Même l'Egypte ! Même l'Egypte mais il sera très difficile d'écarter la meilleure équipe d'Afrique actuellement. Vous savez, les Egyptiens n'ont peut-être pas les meilleurs joueurs à l'échelle africaine, mais ils sont ensemble tout au long de l'année et cela leur permet de travailler leur cohésion. L'Egypte, c'est vraiment solide. Ils ont pourtant de grands joueurs comme Abou Trika... C'est vrai qu'il est très doué et sait faire ce qu'il veut avec un ballon. Abou Trika, c'est un don de Dieu. Vous faites sans doute allusion à sa prosternation à chaque fois qu'il marque un but... En plus du message religieux qu'il envoie et qui fait de lui un symbole du peuple égyptien, je retiens d'Abou Trika son comportement exemplaire sur le terrain : jamais un mot déplacé, jamais une protestation devant les arbitres... Et vous, faites-vous le ramadan ? Je suis musulman pratiquant, même si je n'aime pas parler de ça car c'est une conviction personnelle. Que pensez-vous des joueurs d'origine africaine qui refusent de jouer pour les sélections de leur pays ? Il est très difficile pour un joueur né en Europe de choisir la sélection de son pays d'origine, c'est en tout cas mon avis car il reçoit trop de pressions surtout si c'est un joueur de haut niveau. Comme cela a été le cas pour vous, n'est-ce pas ? C'est vrai que j'ai reçu des pressions en Hollande et en France, mais moi je suis né au Mali et tous mes repères sont là-bas. Je ne pouvais ne pas jouer pour la sélection de mon pays. La communauté africaine à Madrid vous encourage-t-elle ? Bien sûr ! Les drapeaux africains sont souvent déployés dans les gradins du stade Bernabeu à chaque match du Real. Même le drapeau algérien est là, cela date sûrement de l'époque où Zidane jouait toujours à Madrid. Vous connaissez le drapeau algérien ? Dans les drapeaux africains il y a toujours le vert quelque part. A Madrid il y a beaucoup d'Algériens supporters du Real, leur nombre a augmenté sensiblement depuis l'arrivée de Zidane. Que pouvez-vous nous dire pour conclure cet entretien ? J'aurais aimé que le match ne se termine pas avec des actes de violence. C'est une autre occasion qu'on donne aux Européens de nous traiter nous les Africains de peuple violent car aujourd'hui on ne va pas accuser les Algériens, ni les Maliens mais tous les Africaines. Dommage ! Entretien réalisé à Rouen par R. B.