«Lacen ? Je lui ai fait deux trois blagues et c'est bon, bienvenu au club». Avec un seul but seulement dans son escarcelle, Malek Ghezzal est au centre des discussions depuis la dernière CAN, à chaque fois qu'on évoque ce problème récurrent chez les Verts qu'est l'inefficacité de l'attaque. Normal diriez-vous, tant le joueur de Sienne est souvent aligné en pointe de l'attaque et que par conséquent, il devrait être beaucoup plus efficace, dans la mesure où sa principale mission, par rapport à son poste, est de marquer des buts. Tout le monde serait d'accord là-dessus, seulement, avant de condamner le joueur ou de le rendre responsable de cette situation, il est important de savoir qu'il ne marque pas non plus dans son club. Mais curieusement, cela n'interpelle personne à Sienne, ni son entraîneur, ni les observateurs. Mieux, il semble qu'on est plutôt satisfait de son rendement, et sa présence régulière dans le onze rentrant en est la meilleure preuve. Curieux, non ? A Sienne, son rôle est bien défini L'on se demande donc pourquoi en fait-on tout un plat en Algérie, alors qu'on ne lui reproche presque rien dans son club ? La réponse est toute simple. A Sienne, Ghezzal ne joue pas comme avant-centre, il n'a jamais été aligné en pointe de l'attaque. C'est un milieu gauche, excentré, sur la même ligne que les milieux de terrain, avec un rôle précisément défini qui consiste à créer des brèches pour ses coéquipiers, animer le côté gauche et empêcher les défenseurs adverses de monter. Et dans ce registre, il accomplit souvent convenablement sa mission. Victime des choix de Saâdane... En Equipe nationale, c'est une autre histoire. Ghezzal est tout simplement victime des choix tactiques de Saâdane et peut-être aussi du but inscrit contre l'Egypte à Blida. Par rapport au dispositif que met en place le sélectionneur national et aux choix des joueurs, il lui est presque impossible de marquer, encore moins de devenir ce buteur tant recherché par les Verts. Tout autre joueur que lui se serait retrouvé face à la même situation et pour s'en convaincre, il n'y a qu'à jeter un œil sur les statistiques de Djebbour. Deux raisons essentielles, de notre point de vue, peuvent expliquer ce problème. D'abord, parce que Saâdane lui demande de défendre, de revenir en arrière pour gêner les défenseurs adverses. Tout ce travail exige un énorme effort physique que le milieu de terrain de Sienne n'hésite pas à fournir, et généreusement, avec le certificat du coach Vahid. «Il a fait suer mes défenseurs», soulignait l'ex-sélectionneur de la Côte d'Ivoire. Si l'on juge le rendement de Ghezzal dans ce registre, il est irréprochable. Mais si on lui demande en plus de marquer, là ça devient vraiment compliqué. Le joueur, qui est capable d'accomplir les deux tâches en même temps, convenablement de surcroît, il faut aller le trouver. ... et de l'absence d'un créateur La seconde raison est liée directement à la stratégie de jeu de l'EN et à l'absence d'un créateur au profil bien défini, celui qui alimente Ghezzal en profondeur et qui joue en soutien derrière lui. Le profil d'un joueur comme Ammour à son meilleur niveau, de celui de Xavi à Barcelone ou de Gutti au Real. Les exemples sont peut-être démesurés, mais c'est juste pour mieux définir cette carence criante en Equipe nationale. Car, si vous l'avez remarqué, dans le jeu des Verts, on a toujours tendance à vouloir passer par les côtés, avec Matmour et Yebda à droite, Ziani et Belhadj à gauche. Et quand ces issues sont bloquées, comme ce fut le cas face à l'Egypte en demi-finale de la CAN, l'EN se retrouve à court de solutions. Il n'y a personne qui puisse provoquer les choses dans l'axe pour chercher d'autres alternatives, là où est posté justement Ghezzal. A défaut, le sociétaire de Sienne court dans tous les sens à la recherche et à la réception de ce ballon qui ne vient que rarement, et quand il lui parvient, c'est souvent dans de mauvaises conditions. Voilà en gros pourquoi Ghezzal ne marque pas, et pourquoi nos attaquants ne font pas mieux. C'est une question d'organisation et de choix tactiques, pas la peine d'aller chercher plus loin. -------------------- «Lacen ? Je lui ai fait deux trois blagues et c'est bon, bienvenu au club» En marge de l'entretien qu'il nous a accordé vendredi passé à Sienne, Ghezzal nous a beaucoup parlé de la nécessité de préserver l'état d'esprit du groupe, et à ce sujet, il n'a pas hésité à citer le cas de Lacen, qui s'est fondu tout de suite dans l'ambiance des Verts, malgré toutes les appréhensions qu'avait le sociétaire de Santander avant de venir. «Le cas de Lacen illustre, on ne peut mieux, l'état d'esprit qui règne au sein de l'équipe. Malgré tout ce qu'on avait dit auparavant, tout ce qu'on avait inventé aussi, il s'est tout de suite intégré au groupe sans le moindre souci», avait-il souligné. Et c'est un peu grâce à Ghezzal que Lacen s'était débarrassé de presque toutes ses appréhensions, avant même de poser les pieds sur le sol algérien. «J'ai été très bien accueilli en Equipe nationale et il était de mon devoir d'en faire de même avec Lacen» Quelle est donc cette formule magique qu'a dû trouver l'attaquant de Sienne pour faciliter l'intégration de Lacen et le faire même plier de rire, alors que les deux garçons ne s'étaient jamais rencontrés auparavant ? «Lacen ? Je lui ai fait deux, trois blagues et c'est bon, bienvenu au club. Moi, je suis comme ça, je suis simple, je ne me la joue pas et je ne me prends jamais la tête. Il faut prendre les choses comme ça, telles qu'elles sont, sans se compliquer l'existence. On a fait le voyage ensemble de Paris à Alger, on a bien discuté, et surtout, bien rigolé. Je lui ai fait comprendre qu'on est tous très contents de l'avoir parmi nous, qu'on est un groupe super et il a eu à le constater de lui-même par la suite. Quand je suis venu pour la première fois, j'ai été très bien accueilli, et ma foi il était de mon devoir de faire de même avec Lacen», nous confie-t-il. «C'est un gars super gentil» Comment l'a-t-il trouvé ? «C'est un gars super gentil, un mec bien avec beaucoup de qualités. En plus, c'est un super joueur. Il a fait beaucoup de bonnes choses contre la Serbie, il a défendu, il a récupéré, il a donné des balles et il a tiré. C'est ce que pense tout le monde de lui en Equipe nationale, et c'est tant mieux pour le groupe», constate l'attaquant des Verts. «J'ai vu Mesbah jouer, il est très bon» Toujours en marge de l'entretien qu'il nous a accordé, Ghezzal était très flatté de savoir que Mesbah le suit en championnat de Serie A et très touché d'apprendre qu'il a pris sa défense sans même le connaître. «C'est gentil de sa part et c'est très touchant. On ne se connaît pas personnellement, mais je le connais à travers ses performances en Serie B. Je l'ai surtout connu l'année dernière quand il était à Avélino, il a fait une super saison. Et maintenant, il est à Lecce qui est un grand club et qui joue l'accession. J'ai vu pas mal de ses matchs, il est très bon. Je lui souhaite d'accéder cette saison avec Lecce», espère le sociétaire de Sienne à son compatriote à Lecce. -------------------- Mesbah le défend: «Jouer en Serie A n'est pas à la portée du premier venu» En marge de l'entretien qu'il nous a accordé jeudi passé, Djamel Mesbah nous a confié qu'il avait quelques opportunités d'évoluer en Serie A, mais il a préféré rester en Serie B, de peur de brûler les étapes. «La Serie A est d'un très haut niveau et il faut être vraiment très costaud physiquement pour tenir le coup. Après avoir accompli une bonne saison avec Avélino, j'avais jugé qu'il me fallait encore une saison en Serie B, avant d'être au top. Je ne voulais pas me casser la gueule, car il ne sert à rien de signer dans un club de Serie A et chauffer le banc par la suite», a-t-il expliqué. Et sans qu'on lui pose la question, il a cité l'exemple de Ghezzal à Sienne. «Lui, il est bien armé le mec. Il est costaud et bien aguerri. La preuve, il joue régulièrement et sans le moindre complexe». Et d'ajouter : «J'ai été un peu surpris d'apprendre qu'on ne l'ait pas ménagé ces derniers temps avec l'Equipe nationale, sous prétexte qu'il ne marque pas beaucoup. Mais à Sienne, il ne joue pas comme avant-centre, mais en milieu gauche. A chaque fois que j'ai l'occasion, je regarde les matchs de son équipe. Ils jouent en 4-2-3-1 et lui, il est toujours à gauche. Et croyez-moi, je suis bien placé pour le savoir, jouer en Serie A n'est pas à la portée du premier venu», a indiqué le milieu de terrain de Lecce qui admire beaucoup Ghezzal à l'égard duquel il voue beaucoup de respect. -------------------- Amri Chadli : «Ghezzal et moi sommes devenus tout de suite des potes» Ce côté rigolo, accueillant, et surtout attachant de Ghezzal a fait de lui le nouveau boute-en-train du groupe, et il n'y a pas que Lacen qui s'est senti tout de suite à l'aise à ses côtés. Amri Chadli avait fait la même remarque quand il a rendu visite à l'Equipe nationale au Cercle militaire, la veille du match contre Zambie. «C'était la première fois qu'on se voyait, mais le courant est tout de suite passé. Quand on s'est revus, on a passé toute la journée ensemble. C'était comme si on se connaissait depuis très longtemps. On est devenus très vite des potes», indiquait l'attaquant de Mayence en citant Ghezzal comme exemple pour illustrer l'ambiance décontractée et fraternelle qui règne au sein de l'EN.