Dr Michel Gaillaud : «C'est la même blessure que celle de Ribéry» En phase de soins intensifs depuis cinq semaines déjà, Mourad Meghni ne cesse de redoubler d'efforts en vue de se rétablir le plus vite possible de cette maudite «tendinopathie du tendon rotulien» qui touche de plein fouet son genou. Même si les médecins français - très compétents - qui le soignent actuellement sont incapables de dater son retour sur les terrains, le Laziale devrait toutefois tenir sa place parmi les Fennecs lors du prochain Mondial sud-africain. C'est le joueur lui-même qui a tenu à nous le confier au cours d'un reportage exclusif que Le Buteur a pu réaliser dans les locaux du très célèbre Camp 8, basé sur les hauteurs de Saint-Raphaël, dans le Var. Quatre éminents spécialistes pour le remettre sur pied Souriant et décontracté, le milieu de terrain des Verts n'a pas hésité à nous accueillir dans ce lieu très fermé réservé exclusivement aux footballeurs en convalescence. Le Camp 8, c'est le must en matière de soins intensifs. Dirigé par l'un des médecins sportifs les plus compétents du pays, Michel Gaillaud, cet établissement, créé il y a seulement 18 mois, jouit déjà d'une très flatteuse réputation. Pas étonnant quand on sait que les plus grands footballeurs de ces dix dernières années le fréquentent régulièrement. Dotés du matériel dernier cri (balnéothérapie, rééducation, musculation, presso-thérapie, etc.), les locaux accueillent donc actuellement l'un des chouchous du public algérien, mais également le défenseur des Bleus, William Gallas, ou encore le Lyonnais Kéber Anderson. Du lourd, du très lourd qu'il faut bien évidemment choyer et remettre sur pied très rapidement. C'est la mission confiée à un quatuor de choc composé de Michel Gaillaud, Eric Buracchi, Patrick Legain, Gilles Marambaud. Passionné et très rigoureux, ce carré magique version «médicale» a donc la lourde responsabilité de mettre fin le plus vite possible à l'angoisse de 35 millions d'Algériens suspendus aux dernières nouvelles concernant Mourad Meghni. Il donne rendez-vous aux Algériens en Afrique du Sud Mais, qu'ils se rassurent, malgré le flou qui règne toujours sur l'indisponibilité du joueur romain, nul doute qu'il sera remis sur pied bien avant la Coupe du monde. Pour y parvenir, Mourad suit de manière drastique un programme de rééducation très dur. Au programme, des séances de «presse isocinétique à chaîne ouverte» (pieds libres). Plutôt barbare, cette appellation signifie tout simplement un procédé de rééducation importé des Etats-Unis qui consiste à un renforcement musculaire ainsi qu'à une évaluation au moyen de données informatiques contenant les vitesses, les charges et les angulations. Vous l'aurez compris, ces termes techniques qualifient concrètement tout un travail effectué en amont. A l'instar également des séances de «presse isocinétique à chaîne fermée» (pieds bloqués), des injections d'oxygène ou encore de la presso-thérapie et de la balnéothérapie qui lui sont dispensées. Autant de soins qui laissent présager d'une issue positive pour notre Meghni national, d'autant plus que le natif de Champs-sur-Marne fait preuve d'une envie et d'un moral à toute épreuve (lire entretien). Soutenu par son meilleur ami, Kamel, l'ancien champion du monde avec les U17 français, nous a impressionnés par sa détermination et sa force de caractère. Conscient des attentes qu'il suscite et des immenses efforts qu'il lui reste encore à accomplir, Mourad Meghni n'est pas prêt de se laisser abattre. Courageux, consciencieux et paré à toute éventualité, l'ancien Sochalien a profité de notre visite pour donner rendez-vous en Afrique du Sud aux supporters algériens. Homme de parole, père respectueux, Mourad sera à n'en pas douter l'une de nos armes fatales en juin prochain. Inch'Allah ! F. D. ------------------ «Ma blessure est plus compliquée que prévu» Toujours très disponible, Mourad Meghni nous a fait part de son énorme envie de bien faire malgré ces soins qui se révèlent interminables... * Mourad, merci de nous accueillir ici, au Camp 8. Le moral est bon ? On fait avec. Ce n'est pas toujours facile de se soigner sans réellement savoir quand la blessure va finalement cesser de me pénaliser. Mais, je n'ai pas le choix, il faut absolument que je poursuive ces soins aussi longtemps que nécessaire. * De quoi souffrez-vous exactement ? D'une rupture partielle du tendon. Cette blessure s'avère plus compliquée que prévu à diagnostiquer. Ce n'est pas facile à vivre, mais je m'accrocherai jusqu'au bout ! * La possibilité de vous soigner, ici, en France, constitue-t-elle un avantage ? Absolument, c'était plus judicieux de venir à Saint-Raphaël plutôt que de rester à Rome à ne rien faire. Je me sens plus à l'aise dans cet établissement. J'y bénéficie de soins personnalisés, ce qui facilite et accélère ma rééducation. * Mesurez-vous l'inquiétude suscitée par votre état de santé auprès des supporters algériens ? A travers votre venue, j'en prends conscience et je profite de cette occasion pour rassurer le peuple algérien. Je vais tout faire pour être rétabli à temps. Entretien réalisé par Farouk Doukhi Dr Michel Gaillaud : «C'est la même blessure que celle de Ribéry» Mon Dieu que sa mission s'annonce bien périlleuse ! Rodé à ce type de challenge - il avait soigné Karim Ziani, Madjid Bougherra et Anthar Yahia avant le match du Caire -, le très expérimenté Michel Gaillaud nous a fait part de sa détermination à «requinquer» une santé de fer à Mourad Meghni. * M. Gaillaud, l'état de santé de Mourad Meghni préoccupe toute l'Algérie actuellement. Qu'avez-vous à nous dire à son sujet ? Sa blessure nécessite, comme vous le savez, une sérieuse prise en charge médicale. Mourad souffre d'une pathologie compliquée, plus exactement d'une tendinopathie du tendon rotulien au niveau du genou. C'est la même blessure qui avait éloigné des terrains Franck Ribéry durant de longs mois. * Ce n'est pas très rassurant à vous écouter... Loin de moi cette idée. Je ne souhaite pas du tout me montrer alarmiste. Je dis très clairement que Mourad a grand besoin de se soigner. A l'heure actuelle, je suis incapable de préciser quand s'effectuera son retour. On peut s'attendre à encore plusieurs semaines de soins. * Vous êtes réputé pour votre rapidité et votre réactivité. Pensez-vous sincèrement que Mourad pourra être rétabli à temps pour le Mondial ? Je le souhaite très sincèrement aussi bien pour le joueur que pour l'équipe nationale. * Vous avez noué des liens très proches avec plusieurs joueurs algériens, mais aussi avec les responsables de la Fédération algérienne... Oui, c'est vrai et j'en suis très fier. Je suis moi-même Algérien. Je suis né à Oran et, croyez-moi, l'Algérie j'y tiens autant qu'à la France. Je voue également un très grand respect à des joueurs, comme Karim Ziani, qui m'ont accordé leur confiance, mais également au président Raouraoua qui réalise un énorme travail au sein de la fédération. C'est un responsable de très grande valeur. * Est-ce un appel du pied que vous lancez en vue de prendre en main les destinées «médicales» des Fennecs ? Un appel du pied, non... Mais, je ne dirai jamais non à l'équipe d'Algérie. Je l'ai déjà prouvé au Caire. Ma présence s'était décidée à la dernière minute. Finalement, ce que nous avons vécu en Egypte nous a renforcés considérablement. Je ne l'oublierai jamais... Entretien réalisé par Farouk Doukhi Il se soigne aux côtés de Gallas C'est dans l'une des meilleures cliniques européennes de rééducation sportive que se trouve actuellement le milieu de terrain de l'EN, Mourad Meghni. La FAF n'a pas voulu tergiverser et elle a, comme on dit, pris ses devants en prenant en charge totalement les frais inhérents aux soins de Meghni. Ce dernier a retrouvé, à Saint Raphaël, Bezzaz et William Gallas, deux de ses vieilles connaissances. Il se trouve donc en excellente compagnie et il fait, ainsi, contre mauvaise fortune bon cœur. L'avis du spécialiste : «S'il veut jouer la Coupe du monde, il doit absolument éviter l'opération» Selon un spécialiste dans la médecine du sport, qui a tenu à ce qu'on ne cite pas son nom par rapport à la sensibilité du sujet, mais qui a accepté de nous donner son avis. «Une rupture ou une lésion partielle du tendon rotulien ne nécessite en aucun cas une intervention chirurgicale. Le sujet ne passera sur le billard qu'en cas d'une rupture totale, comme c'était le cas de Ronaldo par exemple. Dans le cas d'une lésion partielle, des soins spécifiques suffisent pour remettre le joueur sur pied. Cela dit, le programme des soins, la durée de la convalescence et du repos, ainsi que celle de la rééducation dépendent de la nature et de la gravité de la blessure. Cela peut durer jusqu'à trois mois de traitement. On ne traite pas une lésion de deux millimètres de la même façon qu'une lésion de deux centimètres. Et la fissure peut être latérale, diagonale ou verticale. Dans les trois cas, la nature de la blessure est différente. Mais dans tous les cas, une rupture partielle ne nécessite pas une intervention», nous a-t-il expliqué. C'est donc clair, si tel est le cas de Mourad Meghni, ce dernier peut éviter l'opération. «S'il veut jouer la Coupe du monde, il doit absolument éviter l'opération.» B. M.