«Je ne pardonnerai jamais à Serrar qui m'a rayé de la liste des joueurs ayant bénéficié de lots de terrain.» En l'espace que quelques mois, Abdelmoumen Djabou a réussi à conquérir le cœur des supporters harrachis réputés pourtant pour être contre la venue de joueurs hors d'El Harrach. A travers cet entretien, celui que les «Kawassir» surnomment Messi ne fait pas dans la langue de bois. C'est ainsi qu'il nous a dit tout haut ce qu'il pensait, notamment de son passage à l'ESS, n'hésitant pas à tirer sur le président ententiste, Serrar, qui selon lui l'a marginalisé. D'ailleurs, il ne manquera pas de nous dire que pour lui, Sétif c'est fini, sauf si le premier responsable sétifien le rétablit dans ses droits. Heureusement que le club harrachi, un club où on fait encore valoir certaines valeurs autres que mercantiles, l'a accueilli à bras ouverts et lui a permis de faire à nouveau parler de lui. Parlez-nous de vos débuts dans le foot ? J'ai débuté à l'Union de Sétif. J'ai rejoint par la suite l'Entente où j'ai fait toutes mes classes. On a commencé à parler de toi, après que vous ayez rejoint l'Entente, c'est bien ça ? C'est vrai, bien que je continue à penser que l'USMS est l'une des écoles les plus prolifiques de l'Est. La plupart des joueurs sétifiens ont été formés là-bas. L'USMS est un club que je porte dans mon cœur. Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ? J'ai grandi à Sétif, dans le quartier Tandja. Il y a beaucoup de bons souvenirs liés à ma vie là-bas. C'est tout simplement chez moi. Ça me manque beaucoup, depuis que je suis ici à Alger. Vous étiez comment enfant ? Turbulent. Un peu trop peut-être. Je ne tiens jamais en place. Sinon, je suis timide. Et maintenant ? Toujours aussi timide. Sinon, je me suis assagi, depuis. Je suis un homme maintenant (rires). On vous surnomme Memouche, quel est le secret de ce surnom ? C'est mon père, Allah yerrahmou, qui m'avait donné ce surnom quand j'étais encore bébé. C'est resté jusqu'à maintenant. Ça ne vous dérange pas qu'on vous appelle comme ça ? Non ! Non ! Au contraire, j'aime bien ce surnom. Ça me fait rappeler mon père. Combien de frères et soeurs ? Cinq frères et une sœur. Elle est mariée et elle a quatre enfants. On est en tout sept à la maison. Votre niveau d'étude ? J'ai quitté l'école très tôt, en neuvième année. J'avais trop la tête au foot, je crois, pour me consacrer aux études. Vous avez sacrifié les études pour le foot ? Tout à fait. J'avais le choix entre continuer les études ou jouer au foot, et j'ai tranché pour ce dernier. Je pense que je me voyais plus footballeur qu'autre chose. D'autant que j'ai intégré les rangs de l'USMS très jeune. Quelle relation avez-vous avec le foot ? C'est le grand amour ! (Rires). J'avais d'ailleurs beaucoup de problèmes. Vous savez, je ne me voyais vraiment pas faire autre chose que le foot. Quel genre de problèmes ? Je jouais pieds nus ! Je me blessais à chaque fois, ce qui contraignait l'entraîneur Adjas à me renvoyer chez moi. Dans quel contexte avez-vous rejoint l'USMH ? C'était un pur hasard. J'avais des contacts avec le CRB, club avec lequel les contacts étaient très avancés. Les choses sont allées très vite. J'ai signé à El Harrach sans réfléchir. C'est un choix que j'assume pleinement aujourd'hui. Je ne regrette rien. Votre arrivée à El Harrach a coïncidé avec la suspension du club pour sept matchs à huis clos, comment avez-vous vécu cette sanction ? J'ai dû patienter un moment, avant de jouer enfin devant le public harrachi. Ça a été long. Mais l'ambiance était telle que j'ai pu par la suite mesurer toute la passion des supporters pour leur club. Un truc de fou… Aujourd'hui, vous êtes devenu le chouchou des supporters qui vous ont vite adopté… C'est un peu grâce à aâmi Abdelkrim et tous les supporters qui m'ont fait sentir que j'étais le bienvenu dès mon premier jour à El Harrach. Ils se sont montrés très patients avec moi. Je leur serai toujours reconnaissant. On dit que c'est Serrar qui vous a poussé à quitter l'Entente, c'est vrai ça ? C'est vrai. J'ai quitté ce club pour signer à El Harrach, car à Sétif, j'étais tout simplement marginalisé. Hagrouni ! J'ai été lésé financièrement. D'ailleurs, j'attends toujours qu'on me remette une certaine somme d'argent. Comment ça ? Serrar ne m'a pas traité comme les autres joueurs. Je n'ai pas été payé comme les autres. De plus, Serrar a rayé mon nom de la liste des joueurs qui ont bénéficié des lots de terrain à Sétif, en guise de prime de la Coupe arabe. Est-ce à dire que vous ne retournerez jamais à Sétif ? Pour moi, l'Entente c'est de l'histoire ancienne. Il me sera difficile d'y retourner, après tout ce que j'ai vécu là-bas. D'autant que je me sens bien à El Harrach. Ici, on m'a traité comme si j'étais un enfant du club. Je ne l'oublierai jamais. Je ne quitterai l'USMH que pour partir à l'étranger. Maintenant si je dois un jour retourner à Sétif, ce sera sous conditions ? Lesquelles ? Que Serrar me paye tous mes arriérés et m'octroie un lot de terrain, comme tout le monde. Après, on pourra négocier. Serrar a conditionné votre retour à Sétif par le départ de Hadj-Aïssa à l'étranger… Je n'ai rien à voir avec Hadj-Aïssa. Je ne veux plus qu'on conditionne mon retour à Sétif avec le départ de Hadj-Aïssa que je respecte en tant que joueur et en tant qu'homme. Serrar n'a qu'à m'oublier. Je ne remplacerai personne. Qu'il sache que je ne suis pas un affamé pour qu'il dise de moi qu'il m'a laissé partir en Suisse pour manger du chocolat. S'il veut faire de l'humour à deux sous, il se trompe d'adresse. Qu'il ne parle plus de moi ! Vous avez reçu récemment des contacts de France et du Portugal, voulez-vous nous en dire davantage ? Pour le moment, il n'y a rien d'officiel. Il y a des touches du FC Lorient et d'un club portugais dont je ne connais pas encore le nom. C'est un manager qui m'en a parlé. J'attends qu'il y ait du nouveau pour en parler. Quand allez-vous rencontrer ce manager ? En principe, aujourd'hui. (Entretien réalisé jeudi ndlr). Il y a eu aussi des contacts émanant d'un club du Golfe… Oui, mais là aussi, je ne connais pas le nom. Serrar a juste dit qu'il y a un club qui veut s'attacher mes services, sans plus. Vous auriez fait quoi, si vous n'étiez pas joueur ? Je n'y ai pas pensé. J'ai toujours voulu être joueur. Du coup, je ne m'imaginais pas faire autre chose. Quel est le secret de votre réussite ? Le travail et l'abnégation. Quel est l'être le plus cher pour vous ? Ma mère, elle est tout pour moi. Etes-vous marié ? Non, pas encore. Vous attendez quoi ? Je suis encore jeune. J'ai le temps. Avec qui étiez-vous le plus proche à Sétif ? Delhoum. On est d'ailleurs toujours en contact. C'est un très bon ami. Et à El Harrach ? Ben Salem. On passe beaucoup de temps ensemble. En sélection ? Je m'entends avec tout le monde, même si je suis un peu plus proche de Saïbi. Avec qui vous entendez-vous le plus sur le terrain ? Hanitser. J'aime bien jouer derrière lui. Votre premier match avec l'Entente ? Face à la JSK ! Votre plus beau souvenir ? Lorsque Fellahi avait enlevé le brassard de capitaine pour me le remettre. J'étais très ému. Le plus mauvais ? L'assassinat de mon frère lors de la décennie noire. Quel est le défenseur qui ne vous réussit pas souvent ? Yekhlef ! Il est très costaud sur son couloir gauche. C'est un défenseur difficile à passer. Ça vous fait quoi quand on vous appelle Messi ? Je ne suis pas Messi et je ne le serai jamais. Ça me gêne un peu. On raconte que le Barça voulait vous enrôler, racontez-nous ? C'est un manager qui avait eu l'idée d'envoyer une cassette vidéo d'un match de jubilé auquel j'avais pris part. Les dirigeants du Barça l'ont visionnée et ont envoyé quelqu'un pour me convaincre d'aller passer des tests. Seulement, m'a mère s'y était opposée. Elle lui a fait savoir que j'étais encore jeune pour partir à l'étranger.