«Le représentant de M. Bouteflika, 8 ministres, Schumacher... je ne pouvais rêver mieux» * lll Vous êtes élu Ballon d'Or de la saison 2007-2008, quel est votre sentiment ? * Franchement, j'ai comme la pression de vivre un rêve. Je ne peux décrire toute cette joie que je ressens actuellement. Il n'y a que les joueurs qui ont eu le privilège de remporter ce titre qui peuvent comprendre ce qui m'arrive aujourd'hui. Etre meilleur joueur en Algérie et recevoir le Ballon d'Or des mains du représentant du président de la République, en présence de Schumacher, cela a un goût particulier. * Vous attendiez-vous à une cérémonie pareille ?Pour dire franc, je ne m'attendais pas à ce que cette cérémonie soit aussi grandiose. J'a assisté à la première édition et il n'y avait autant de stars. La présence de huit ministres et le représentant du président de la République a rehaussé cette cérémonie. Il y a aussi une autre chose importante. * Laquelle ? * Il ne faut pas oublier la présence des artistes et acteurs. J'étais agréablement surpris en voyant Sid Ali Kouiret, Saboundji ainsi que certains acteurs du feuilleton «Imarat El Hadj Lakhdar». Plusieurs figures ont honoré de leur présence votre cérémonie. C'est vraiment extraordinaire ! * Revenons à votre parcours avec votre club, le FC Lorient. Certains ne s'attendaient guère à une telle distinction, d'autant plus que vous avez dépassé la trentaine. Est-ce un pari que vous avez à cur de relever ? * Oui, je peux dire que certains ont enterré Saïfi très tôt, d'autant plus que j'ai signé à la dernière minute avec Lorient. Personne ne s'attendait à un rebondissement de ma part. Mais je me suis dit au fond de moi-même que ma réponse, je la donnerai sur le terrain. J'ai réalisé une belle première saison avec mon nouveau club, avant de me distinguer lors de la saison 2007/2008 au cours de laquelle j'ai complètement explosé en ayant inscrit 14 buts. * A quoi est due à votre avis cette réussite ? * Parfois, un joueur sent qu'il va réaliser sa meilleure saison. Avant le début de la saison, je me sentais en pleine forme et l'entraîneur m'a aidé en quelque sorte en me confiant un nouveau poste en attaque. Le fait de réussir à marquer but sur but m'a permis de gagner en confiance. * L'entraîneur Gourcuff vous a donc facilité la tâche. * Je dirai même que cet entraîneur a joué un rôle important dans tout ce que j'ai réalisé avec Lorient. Il m'a confié le poste d'attaquant libre et m'a permis de pouvoir m'exprimer librement sur le terrain. Lorsque vous gagnez la confiance de votre entraîneur, on se sent libéré moralement. Ce qui se répercute sur son rendement sur le terrain. * La saison passée, vous étiez un sérieux candidat pour remporter le trophée du Ballon d'Or. Finalement, c'est Ziani qui a été primé. N'avez-vous pas craint qu'il vous échappe cette année également ? * J'étais en course pour le titre du Ballon d'Or la saison passée qui a été gagné par Ziani qui le mérite bien. Mais je dirai également que Saïfi le méritait aussi. Cette saison, il y a eu cinq sérieux concurrents Toutefois, j'étais optimiste. D'ailleurs même mon oncle Hassen, que je salue au passage, m'avait prédit que j'allais être le lauréat du 8e Ballon d'Or. * Même s'il n'était pas concerné, Ziani a tenu à se présenter et vous féliciter en compagnie de Bouguerra...Croyez-moi, en apercevant Karim Ziani et Madjid Bouguerra, j'ai eu la chair de poule. Ils m'avaient dit qu'ils étaient venus pour partager ma joie. Cela m'a beaucoup touché et les honore. Ils ont prouvé qu'ils sont tous deux de grands joueurs. Regardez ce que Ziani est en train de faire avec l'OM et la sélection nationale. Ziani et Bouguerra ont tout le temps devant eux pour gagner le Ballon d'Or. * Quel est le secret de votre relation avec Ziani ?Quand j'ai été écarté de l'EN, Karim Ziani ne cessait de me répéter que ma place dans la sélection nationale était incontestable. Et lorsqu'il a connu des moments difficiles à Marseille, j'étais à ses côtés, parce que j'ai déjà connu des situations semblables. Ziani reste la fierté de toute l'Algérie, lui qui a toujours honoré la nation. * Vous avez tenu une discussion avec les ministres et le représentant du président de la République ; de quoi avez-vous parlé ? * J'étais vraiment surpris par la présence de ces hommes politiques qui semblent très au fait de l'actualité sportive. Ils sont au courant de tout ce qui se passe dans la sélection. J'étais vraiment honoré de tenir une discussion avec eux et je n'oublierai pas que j'ai partagé la table avec Belloumi, Madjer, Khalef, Schumacher et Morceli. C'est extraordinaire ! * Vous vous êtes même fait prendre en photos avec certains artistes. * Oui, j'ai profité de l'occasion pour me faire prendre en photos avec certains acteurs du feuilleton «Imarat El Hadj Lakhdar» et Sid Ali Kouiret pour immortaliser ces moments pareils. Ce sont des souvenirs indélébiles. * Lorsqu'on vous a appelé pour recevoir le trophée du Ballon d'Or, à quoi avez-vous pensé en premier ? * J'ai pensé en premier à mes parents qui se trouvent actuellement à La Mecque. Sans leurs prières je n'aurais jamais atteint mon objectif. J'aurais aimé qu'ils soient à mes côtés. * Avant de recevoir le Ballon d'Or, l'émotion se lisait sur votre visage, en regardant le clip sur l'écran... * Effectivement, je me suis souvenu de mes débuts avec le Mouloudia et son merveilleux public que je n'oublierai jamais. Vous m'avez fait revivre mes meilleurs moments vécus au stade du 5-Juillet et de ma carrière. * Maintenant que vous avez gagné le Ballon d'Or, quel sera votre prochain objectif ? * Je veux sortir par la grande porte et cela passe inévitablement par une qualification en Coupe d'Afrique et, pourquoi pas, en Coupe du monde. Je pourrais alors quitter la sélection la tête haute. J'espère maintenant revenir le plus vite possible à la compétition avec mon club, après cette blessure dont j'ai souffert ces derniers temps. Je veux marquer d'autres buts avec mon club, car je ne compte que deux réalisations jusque-là. * Aujourd'hui, des représentants de l'équipe d'Egypte, ont été présents et tout le monde veut apaiser l'atmosphère, avant la confrontation entre les deux équipes. Qu'en pensez-vous ? * Appeler à l'apaisement est une bonne chose. Les médias doivent aussi jouer leur rôle pour y contribuer. Les journalistes et l'ambassadeur égyptiens sont présents aujourd'hui à la cérémonie. J'espère qu'il n'y aura pas de dépassements à l'occasion des deux confrontations. * Pourquoi avez-vous beaucoup ri lorsque Sid Ali Kouiret est passé tout près de vous ? * (Il rit) Lorsque Kouiret avait des difficultés à passer entre les chaises, il s'est tourné vers moi pour me dire : «Pousse- toi de mon chemin, tu veux que je te renvoie de la salle ou quoi ?» C'est ce qui nous a fait marrer. C'est vous dire que tout s'est passé dans la bonne humeur. Ce grand acteur ne cessait de me féliciter et de me répéter qu'il était heureux pour moi. * Un dernier mot... * Je suis très content surtout lorsque j'ai vu mes proches et amis tous émus en me voyant brandir le Ballon d'Or. Et là, je pense à mon frère Toufik, Mourad Sahri, Aïssa, Souhil et tous ceux qui ont partagé ma joie. Entretien réalisé par Redouane B.