«La CAN-2004, c'est déjà loin et moi je ne regarde jamais derrière moi» C'est dans sept mois que l'Algérie affrontera l'Egypte en éliminatoires combinées CAN-Mondial «Vous aviez Madjer et Belloumi, mais mon préféré était Assad» C'est dans sept mois que l'Algérie affrontera l'Egypte en éliminatoires combinées CAN-Mondial 2010, mais cette confrontation fait déjà parler d'elle, que ce soit chez nous ou sur les bords du Nil. La passion souvent exacerbée qui a caractérisé les précédents matches entre les deux sélections fait qu'il ne s'agit jamais de matches comme les autres. Hassan Shehata, l'entraîneur de l'Egypte, prêche l'apaisement afin d'éviter le pire, dit-il. Dans son bureau à la Fédération égyptienne de football, il nous a reçus avec une grande amabilité car, insiste-t-il, «les médias ont le devoir d'apaiser les esprits». Nous publions aujourd'hui la première partie de l'entretien qu'il nous a accordé. * A l'issue du tirage au sort pour les éliminatoires combinées pour la CAN-2010 et le Mondial 2010, quelle a été la première impression qui vous a traversé l'esprit ? Avant tout, je vous remercie de votre sollicitation pour cet entretien qui, je l'espère, me permettra de rester proche du lecteur algérien. Pour revenir à votre question, il faut que vous sachiez qu'avant le tirage au sort, j'avais déclaré que mon vu le plus cher était de ne pas retrouver une sélection arabe dans la même poule, et ce, pour deux raisons. Primo, vous n'êtes pas sans ignorer la tension qui caractérise les confrontations entre des sélections arabes, surtout durant les éliminatoires de tournois importants comme celui de la Coupe du monde. Secundo, et c`est le plus important, nous sommes cinq pays arabes concernés par les éliminatoires pour cinq poules et je me disais que si chacun d'eux se retrouvait dans une poule différente, les chances de voir plusieurs d'entre eux se qualifier seraient plus grandes. Je n'irai pas jusqu'à dire que les cinq se seraient qualifiés, mais il y en aurait peut-être eu un nombre intéressant. J'aurais préféré éviter la configuration où une sélection arabe en éliminerait une autre. L'important, à mes yeux, est la présence en force des Arabes en Coupe du monde. * Le tirage au sort a quand même mis l'Egypte et l'Algérie dans la même poule et cela focalise l'attention des observateurs au point d'oublier les deux autres sélections, la Zambie et le Rwanda. Ne croyez-vous pas que négliger les deux autres adversaires serait une erreur ? Affirmer que les staffs égyptien et algérien ne font pas cas de la Zambie et du Rwanda serait faux. Si c'est le cas, ce serait une grave erreur. Il s'agit de deux bonnes équipes. Certes, le Rwanda n'a pas de passé dans le football, mais ses performances durant la première phase des éliminatoires, où elle s'est qualifiée en deuxième position derrière le Maroc à la différence des buts, montrent qu'elle a le niveau. Il ne faut pas oublier aussi qu'il s'agit d'une équipe composée de joueurs professionnels évoluant en Europe. Franchement, si ont veut se qualifier à la Coupe du monde, il faut respecter tous nos adversaires dans la poule, quels que soient leur passé et leur palmarès. * Vous partagez donc la thèse selon laquelle la qualification se jouera sur les résultats des matches face au Rwanda et à la Zambie ? Je dirai plutôt que ce sera dur pour tout le monde. Les quatre sélections auront leurs chances. Je ne parlerai pas de l'Egypte car je n'aime pas parler de moi-même ; l'Algérie a un passé glorieux dans le football, surtout dans les campagnes de qualification pour la Coupe du monde, même si elle a connu un léger recul ces dernières années ; la Zambie était un grand de l'Afrique avant le tragique accident qui a coûté la vie à beaucoup de leurs joueurs, mais elle revient fort ces derniers temps ; le Rwanda n'est pas un nom, mais ses résultats plaident en sa faveur. Donc, ce sera vraiment très difficile pour les quatre et la différence se fera au plan de la préparation, la rigueur et la concentration, suivant la volonté de Dieu. * Lors de la double confrontation entre l'Algérie et l'Egypte, les Algériens seront motivés par le fait d'affronter le champion d'Afrique en titre, alors que les Egyptiens auront pour motivation d'effacer la défaite concédée à 11 contre 10 à Sousse en 2004. Lesquelles de ces deux motivations serait la plus forte ? Si les Algériens se mettent dans la tête de battre l'Egypte rien que parce que nous sommes champions d'Afrique pour la deuxième fois consécutive, c'est leur affaire. Moi, je ne pense pas du tout à la défaite de 2004. Mon seul souci est de faire qualifier l'Egypte pour la Coupe du monde. Je ne regarde pas derrière moi. Je ne le fais jamais. Je ne considère nullement la défaite de 2004 comme une source de motivation pour battre l'Algérie. Moi, je vise d'être en Coupe du monde, point. C'est normal qu'entre deux sélections qui se rencontrent souvent, il y ait des victoires et des défaites, mais la finalité pour nous, et je crois que c'est le cas aussi pour les Algériens, est d'être présents au Mondial 2010. * Comment évaluez-vous la sélection algérienne actuelle ? Que savez-vous d'elle ? Rien de ce qui touche à la sélection algérienne ne m'est étranger, tout comme je suis persuadé que rien de ce qui concerne l'équipe égyptienne n'est étranger au sélectionneur de l'Algérie. Nous sommes en train de réunir des informations et de nous procurer des cassettes de matches de l'Algérie afin d'en savoir le plus possible sur les points forts et les points faibles de notre concurrent. Je dis concurrent car je n'aime pas utiliser le vocable «adversaire» lorsqu'il s'agit d'un pays frère. Je peux dire que l'Algérie a des joueurs de valeur évoluant en Europe, plus spécialement en France. Je ne peux pas vous en dire plus. Bien sûr, nous assistons de part et d'autre à ce qui peut être considéré comme une guerre psychologique. Ce n'est pas une guerre à proprement parler et elle ne le sera jamais, mais juste des déclarations susceptibles d'influer sur l'adversaire et ce n'est guère méchant. Cela se fait dans tous les matches. * Quels sont les joueurs algériens que vous connaissez particulièrement ? Je ne peux pas vous le dire car je ne veux pas révéler mes observations sur la sélection algérienne. Mais soyez certain que j'ai des fiches de chaque joueur. * Nous ne vous demandons pas de nous brosser le profil des joueurs mais juste de nous dire qui d'entre eux vous connaissez le plus... Tout ce que je peux vous dire, c'est que vous avez 7 ou 8 joueurs évoluant en Europe, dont la moitié en France, et nous les suivons tous. * Puisque vous ne voulez pas nous parler des internationaux actuels, parlez-nous des anciens : Madjer, Belloumi, Dahleb, Mekhloufi... Notre génération, celle des années 1970, admirait sa devancière, celle des années 1960, et la prenait comme modèle. L'Algérie, pour sa part, tient en sa génération des années 1970 l'âge d'or de son football. Il y avait Madjer, Belloumi et aussi un ailer droit ou gauche très percutant dont j'ai oublié le nom... * Rabah Gamouh ? Non, c'est un autre. * Salah Assad ? Voilà, c'était Assad ! Je l'admirais beaucoup, celui-là. Cette génération n'a pas sa pareille. Dans chaque compartiment, il y avait l'embarras du choix et on ne pouvait pas dégager une star tellement tous les joueurs étaient excellents. Notre génération aussi en Egypte était formée de très bons joueurs, même si elle n'avait pas réalisé des résultats car elle a eu le malheur de vivre une période politique faite de guerres et de boycotts. Celle de la Tunisie également avec les Diab, Temmim et autres Attouga. Idem pour le Maroc. Les années 1970 constituaient l'âge d'or du football nord-africain. Je ne crois pas qu'il y aura d'autres générations avec des joueurs aussi doués. Figurez-vous, par exemple, que l'Egypte était capable d'aligner trois sélections en même temps. Il y a eu une année où, presque simultanément, il y eut une sélection qui participait à la Coupe de la Palestine en Tunisie, une autre au Tournoi de l'Amitié en Arabie Saoudite et troisième à un autre tournoi à Kénitra. (A suivre) Demain, la deuxième partie de l'entretien * «Le coup de boule de Zidane prouve que les Algériens et les Arabes ont le sens de l'honneur» * «En 1975, l'Algérie nous avait battus à Alger en arrosant le terrain» * «Entre l'Algérie et l'Egypte, il est temps de tourner la page» * «J'avais marqué à Attouga un but du centre du terrain» * «Abou Trika a sa manière à lui d'exprimer son soutien aux Palestiniens et nous avons la nôtre»