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Menad : «Nous avons dit aux Egyptiens : “N'cheboûkoum baloun ou n'cheboûkoum darb ! »
Publié dans Le Buteur le 14 - 05 - 2009

«Je rends hommage à Belloumi qui n'a jamais dénoncé le vrai agresseur»
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Qu'en est-il de la menace de grève que vous aviez brandie durant le Mondial-86 ?
C'était parce que la compétition avait débuté et rien n'était clair au sujet des primes. Il y avait les primes de participation, les primes de matches, les primes des sponsors, les primes de l'Union arabe de football… Il fallait régler le barème des primes bien avant pour que les choses soient claires. C'est ainsi que Belloumi, Assad et moi, en tant que cadres, avons demandé que les choses soient clarifiées.
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Dans une interview accordée au Buteur il y a une année, Faouzi Mansouri avait révélé qu'après que l'Union arabe de football eut remis au chef de délégation la prime offerte aux joueurs des sélections arabes participant au Mondial, vous avez fermé la porte de la salle et avez exigé qu'on remette les primes aux joueurs sur-le-champ. Le confirmez-vous ?
Je ne me rappelle pas exactement des détails, mais il y a eu effectivement cette histoire-là. Je confirme que nous avons exigé nos primes.
Lors de la CAN-88 au Maroc, en dépit de l'absence de Madjer, l'équipe nationale a quand même effectué un tournoi honnête. Partagez-vous ce point de vue ?
Absolument. Nous avons été éliminés en demi-finale aux tirs au but par le Nigeria au terme d'un match marqué par un arbitrage partial et nous avons terminé à la troisième place. A l'époque, il y avait Evgueni Rogov comme entraîneur et l'avènement de nouveaux joueurs au sein de la sélection : Ferhaoui, Bouafia, Medane, Maïche… Il y avait un bon groupe. Puis, Rogov est parti et Lemoui est arrivé et a conduit la sélection jusqu'au match aller du dernier tour éliminatoire pour le Mondial-90 contre l'Egypte à Constantine.
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Justement, parlez-nous de ce match-là. Qu'est-ce qui n'avait pas marché pour que l'Egypte nous impose le nul chez nous ?
Nous étions amoindris. Moi, déjà,, je n'avais pas joué car j'étais suspendu. Il y avait l'incorporation de joueurs qui n'avaient pas beaucoup joué ensemble, comme Mourad Rahmouni de la JSK, Ali Bouafia et Abdelkader Tlemçani. J'étais dans la tribune officielle car j'étais venu spécialement de Nîmes pour suivre le match. Les Egyptiens nous avaient bouffés au milieu de terrain durant la première mi-temps. Après cela, il y a eu la désignation de Abdelhamid Kermali comme entraîneur. Nous avions fait deux matches de préparation, dont l'un contre l'Italie à Vicence, avec la participation de Roberto Baggio. Au match retour, nous avions raté le coche, surtout durant le dernier quart d'heure. Ferhaoui et moi avons été devant et nous avions raté de multiples
occasions.
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Ne regrettez-vous pas de n'avoir réellement osé que lors du dernier quart d'heure du match ?
Il faut dire la vérité : après le nul 0-0 à domicile au match aller, j'avais dit à mes coéquipiers : il n'y a rien à espérer. C'était impossible et tout à fait impensable de se qualifier en Egypte. Chez eux, les Egyptiens emploient les gros moyens sur le plan psychologique. Nous avions raté le match aller chez nous et c'est là que nos espoirs se sont évaporés.
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Quand même, l'Algérie a bien dominé l'Egypte au retour durant les 20 dernières minutes !
Moi, j'étais sur le terrain et je voyais l'attitude des arbitres qui favorisaient les Egyptiens. C'était IM-PO-SSIBLE ! Même si nous avions marqué, il les aurait aidés à marquer un deuxième but.
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Impossible donc de gagner en Egypte à cette époque-là ?
Impossible ! En Egypte, les arbitres se pliaient carrément aux directives et favorisaient les locaux. Je vous cite l'exemple du match de 1984 au Caire (éliminatoires pour les jeux Olympiques de Los Angeles, ndlr). J'étais sur le banc de touche. Le gardien de but remplaçant égyptien, Ikrami, s'amusait à perdre du temps en éloignant le ballon à chaque fois qu'il sortait. Là, nous ne pouvions plus supporter la situation et il y a eu une bagarre générale avec la participation de tous les joueurs, Bouras en tête. Même le service d'ordre s'y était mêlé. Les Egyptiens n'en croyaient pas leurs yeux : ils ne s'attendaient pas que nous ayons l'audace de nous battre avec leurs joueurs dans leur propre terrain ! D'ailleurs, le lendemain, lors d'une réception offerte par le président Moubarak en l'honneur des deux équipes, nous, joueurs algériens, étions bien portants, indemnes, sans aucune égratignure, alors que plusieurs joueurs égyptiens se sont présentés avec des pansements et des ecchymoses sur le visage (rire). Tout le monde était surpris et se demandait : c'est quoi ça ? Ce sont les Egyptiens qui sont blessés ? Eh, oui ! C'est ça les Algériens : ils ne reculent devant rien.
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En parlant de bagarres, le deuxième adjoint du sélectionneur actuel de l'Egypte, Hamada Sedki, nous avait affirmé, en marge de l'interview que Hassan Shehata nous avait accordée au mois de décembre dernier au Caire, que vous l'aviez agressé sans raison valable lors du match Algérie-Egypte disputé au stade du 5-Juillet durant la CAN-90. Est-ce vrai ?
Non, il ment ! Impossible que je frappe quelqu'un sans raison ! J'ai lu cette déclaration dans votre journal. Non, c'est faux ! Je n'agresse jamais quelqu'un gratuitement. Moi, j'agresse et je bouscule avec un ballon !
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Que s'est-il passé exactement, alors ?
Après la défaite 1-0 au Caire lors du dernier match qualificatif pour le Mondial-90, nous leur avons dit : «Nous allons vous accueillir comme il se doit à Alger à l'occasion de la CAN !» Ils sont venus avec un effectif amoindri sous prétexte qu'ils préparaient le Mondial, mais en réalité, ils avaient peur. Dans le vestiaire, nous leur avons dit «N'cheboûkoum baloun ou n'cheboûkoum darb !» (Nous allons vous rassasier de foot et de coups !). Cela s'est arrêté là. Je n'ai absolument pas frappé ce joueur ! Je m'en souviens très bien : il jouait comme stoppeur. De plus, j'étais capitaine d'équipe lors de ce match-là car Madjer avait été laissé au repos. Je ne suis pas fou pour agresser un adversaire en étant capitaine d'équipe ! De plus, nous avions gagné. Comment vais-je agresser quelqu'un alors que je l'ai battu sur le terrain (victoire 2-0, buts de Amani et Saïb, ndlr) ?
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Hamada Sedki viendra avec le staff technique de l'Egypte pour le match du 7 juin contre l'Algérie. Etes-vous prêt à une confrontation avec lui sur ce point ?
Oui, je suis prêt à l'affronter les yeux dans les yeux et à lui dire : je ne t'ai pas agressé ! Je l'ai battu sur le terrain. C'était le plus beau coup à lui infliger.
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Peut-être que Hamada Sedki a été agressé par un autre joueur et qu'on a voulu vous endosser cette agression, comme cela s'était passé pour Belloumi quelques mois auparavant ?
Exactement. Pour parler de l'affaire Belloumi, ce n'est pas lui qui a frappé le médecin égyptien. C'était un autre joueur, mais comme Belloumi était une star, les autorités algériennes lui avaient demandé d'endosser l'agression. S'il ne l'avait pas fait, on aurait demandé à Madjer de le faire, sinon à moi car nous étions les joueurs les plus connus du groupe sur la scène internationale.
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Ses coéquipiers et les footballeurs algériens de manière générale n'auraient-ils pas pu initier une action pour le soutenir ?
Mais l'action en justice a été lancée en Egypte, pas en Algérie ! Ce sont les Egyptiens qui en voulaient à Belloumi. Si l'affaire avait pour théâtre l'Algérie, bien sûr que nous aurions été tous mobilisés à ses côtés, mais là, ça dépassait le champ de notre intervention. Permettez-moi, en cette occasion, de rendre un vibrant hommage à Belloumi. C'est tout à son honneur de n'avoir jamais dénoncé, en vingt ans, le vrai agresseur, en dépit des pressions et du mandat d'arrêt d'Interpol. Je suis très content de l'heureux dénouement de son
affaire.
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Si vous aviez été à sa place, auriez-vous gardé le silence sur le vrai agresseur toutes ces années, comme il l'avait fait ?
Oui, j'en aurais fait de même. C'est l'attitude de quelqu'un qui veut protéger sa personnalité et aussi son compatriote, son frère algérien comme lui.
On vous pose la question parce que, contrairement à Belloumi qui a fait toute sa carrière en Algérie, vous jouiez en Europe et, avec un mandat d'arrêt international d'Interpol, votre carrière aurait été compromise…
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Moi, je serais parti en Egypte, me présenter devant la justice et prouver mon innocence.
Avez-vous proposé à Belloumi d'aller en Egypte ?
Non, car nous avions un peu perdu le contact et ne nous ne voyions qu'à travers les jubilés et les matches de gala.
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Toujours à propos de Belloumi, tout le monde a regretté qu'il n'ait pas participé à la CAN-90 pour, au moins, remporter un titre international. Des rumeurs avaient circulé faisant état d'un clan, constitué de Madjer et Menad, qui refusait la présence de Belloumi. Etait-ce vrai ?
Un clan ? Jamais ! Il n'y avait qu'un seul clan : tout le groupe. La non-convocation de Belloumi a été décidée par une seule et unique
personne : le sélectionneur Kermali. Il avait voulu composer une équipe de jeunes autour de deux anciens : Madjer et Menad. Il y avait aussi Megharia qui était considéré comme un ancien. Donc, affirmer que Madjer et moi avons constitué un clan contre Belloumi est tout à fait ridicule, d'autant plus que c'était notre ami et qu'il était de la même génération que la nôtre. Nous aurions sincèrement aimé qu'il soit présent avec nous et qu'il participe au sacre, mais Allah ghaleb ! Je crois que son éviction s'explique par ses mauvaises prestations lors de ses derniers matches avec la sélection, surtout lors des deux matches face à l'Egypte où il semblait à la peine.
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En 1992, il y a eu la participation catastrophique de la sélection algérienne à la CAN à Ziguinchor, en Côte d'Ivoire. Que s'est-il passé au juste ?
En 1990, nous avons été sacrés champions d'Afrique et, en 1991, nous avions remporté la Coupe afro-asiatique. Donc, nous étions trop euphoriques et trop prétentieux car nous sommes restés sur nos acquis sans penser à travailler. Les dirigeants croyaient que la CAN-92 allait être une simple formalité et que nous allions remporter encore le titre africain. Il n'y a pas eu de préparation d'équipe ni convocation des joueurs les plus valables. On s'est vus trop beaux et on pensait qu'avec le même effectif de 1990, on pouvait gagner la CAN de 1992 et même celles de 1994 et 1994 ! Moi, je commençais à prendre de l'âge, Madjer aussi, certains joueurs commençaient à être fatigués… Donc, il fallait remanier un peu l'équipe et la préparer dans de bonnes conditions. Il n'y a eu aucune préparation et aucun match amical depuis le match de la Coupe afro-asiatique ! Il y a eu des histoires de primes, de matches amicaux et de préparation à l'étranger… Il y avait trop d'histoires dans cette affaire-là.
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La démission du président de la République de l'époque, Chadli Bendjedid, juste avant le début de la compétition a-telle eu une influence sur le rendement de la sélection ?
Non, cela n'avait rien à voir. Certes, il y avait des tendances politiques au sein de l'équipe. Comme le FIS était le parti le plus en vue à l'époque, certains joueurs s'en revendiquaient, mais cela n'avait aucune influence dans le rendement de l'équipe. Moi, je ne mêlais pas de politique. Khatini. Je pense que la seule erreur a été de ne pas avoir préparé l'équipe bien comme il faut. Il fallait oublier 1990, oublier 1991, oublier le passé et penser à ce qui venait. A l'époque, Tasfaout, Dziri et Lyazid Sandjak connaissaient leurs premières sélections, mais on ne leur avait pas fait confiance. Il n'y avait pas de politique de rajeunissement.
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Après Ziguinchor, Meziane Ighil et Abderrahmane Mehdaoui avaient pris le relais à la tête de l'équipe nationale, mais vous n'avez jamais été convoqué par eux. Etait-ce la conséquence de la politique de rajeunissement qu'ils avaient prônée ?
C'est probablement cela. Ils voulaient provoquer un renouveau au sein de la composante et j'ai accepté cela sportivement. Ce qui m'avait touché, c'était l'ingratitude des dirigeants de l'époque. C'est comme si un Menad ou un Megharia ou autre Madjer n'avaient pas rendu des services à l'équipe nationale et au pays. On voulait nous faire sortir par la petite porte et même par le petit trou. Heureusement, il y a une justice divine. Il y a eu un changement à la tête de l'équipe nationale et l'arrivée de nouveaux dirigeants qui ont changé les choses.
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Quand vous parlez d'ingratitude, incriminez-vous les sélectionneurs Ighil et Mehdaoui ou bien les dirigeants de l'époque ?
Même lorsqu'un sélectionneur décide de rajeunir, il ne lui viendra jamais à l'idée de faire un rajeunissement intégral et total. Je ne pense pas que Ighil voulait changer toute l'équipe. Son projet était certainement d'apporter de faire une mue progressive. C'est pour ça que je crois que ce sont les dirigeants de l'époque qui leur ont demandé de ne plus convoquer les anciens. Je dis cela parce qu'après Ziguinchor, on a tout fait pour nous endosser la responsabilité de l'échec, alors que nous n'avions rien fait de mal.
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Vous vouliez donc au moins terminer votre carrière professionnelle sur une belle note ?
Absolument. Moi, c'est ce qui m'a touché et m'a rendu fou. Plus tard, j'ai eu l'occasion de revenir en sélection, mais que dire d'un Madjer qui a terminé sa riche carrière sur un échec à Ziguinchor ! Vraiment, il ne méritait pas cela. On aurait dû lui donner la chance de jouer encore en sélection afin qu'il sorte de l'équipe nationale par la grande porte et non pas sur un échec.
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A votre retour à la JSK en 1994, le sélectionneur Rabah Madjer vous avait convoqué de nouveau en sélection, mais vous lui aviez demandé un régime aménagé. Pourquoi ?
Madjer m'avait appelé pour me dire qu'il comptait sur moi pour renforcer l'équipe nationale et encadrer les jeunes et je lui ai dit que je n'y voyais aucun inconvénient. J'avais seulement demandé à ce qu'on me ménage un petit peu et à ce que je ne fasse pas tous les stages parce que c'était un peu trop pour moi. J'étais fatigué des stages et j'ai demandé à n'être convoqué que durant les regroupements précompétitifs. A mon âge, je ne pouvais plus supporter les regroupements et les conditionnements du genre : il faut manger ça et pas ça, il faut boire ça et pas ça… Madjer était d'accord et cela s'était bien passé au début. Puis, il y a eu une histoire. J'étais arrivé en retard à un stage et Madjer n'était pas content. Je lui ai dit alors que je préférais renoncer à la sélection et rentrer chez moi, sans faire de bruit. Mais Bensaoula, qui était adjoint de Madjer, avait déclaré à la radio que mon absence relevait d'un cas d'indiscipline. Je n'avais pas accepté cela. S'il avait ça de quelqu'un connu pour son indiscipline, tout le monde aurait avalé, mais le dire de moi, à 34 ans ! Cela dit, je ne leur ai pas tenu rancune. Nous nous sommes revus par la suite et j'ai même été convoqué de nouveau après une petite période et j'ai travaillé avec Madjer et Bensaoula sans aucun problème, jusqu'à ce qu'il y ait avènement d'un nouveau staff technique.
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Ce nouveau staff, c'était Fergani et Abdelouahab, que Dieu ait son âme. Pourquoi ne vous avaient-ils plus convoqué à leur nomination ?
J'ai attendu que Fergani me fasse appel pour que j'aide les jeunes, mais il n'en fut rien. J'ai alors fait la sourde oreille. Entre-temps, avec la JSK, je faisais du tonnerre en remportant des titres : championnat, Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe… Alors, l'opinion publique s'est mise à se poser des questions. Un jour, Abdelouahab, Allah yerrahmou, est venu chez moi et nous avons discuté d'un éventuel retour en sélection nationale. Il m'a dit qu'il comptait sur moi, qu'il me voulait en sélection. Je lui ai répondu que lui me tenait un discours, mais que Fergani en tenait un autre puisqu'il ne m'avait pas appelé. Par conséquent, ils devaient accorder leurs violons afin de me contacter. Moi, avec le championnat et la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe que j'avais remportés, j'ai voulu prouver à mes détracteurs que j'avais encore le niveau. J'ai su par la suite que Fergani avait l'intention de me convoquer de nouveau.
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Dans ce cas, pourquoi ne vous a-t-on pas pris pour la CAN-96 en Afrique du Sud ?
C'est moi qui n'ai pas voulu. Fergani m'a bien fait appel, mais c'est moi qui ai refusé. J'avais dit : stop, je n'en peux plus ! Même si j'étais retenu, je sentais que je ne serais d'aucune utilité.
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A présent que vous êtes entraîneur, autoriseriez-vous un joueur à avoir un régime de stages aménagé, comme vous l'aviez demandé à Madjer et
Bensaoula ?
Oui, je le ferais. Je comprendrais parfaitement qu'un joueur se lasse à un moment, surtout s'il a beaucoup donné et qu'il a toujours été discipliné. Dans un cas pareil, je pourrais fermer les yeux, mais je n'accorderai jamais cette faveur à un tricheur.
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Des rumeurs avaient couru, durant la CAN-90, affirmant que Rabah Madjer bénéficiait d'un régime spécial comme, par exemple, ne pas passer la nuit à l'hôtel…
Non, ce n'est pas vrai. Je vais même vous raconter une anecdote : nous étions hébergés à l'hôtel du stade du 5-Juillet et, tellement les lits étaient petits et que nos jambes dépassaient, lui et moi avions enlevé les lits et mis les matelas par terre pour être plus à l'aise. Nous dormions au milieu de cafards. A l'époque, nous ne cherchions pas le luxe et nous ne demandions pas à être hébergés dans des hôtels 5 étoiles. Nous voulions tellement arracher le titre que notre public avait tant attendu que nous ne pensions pas à ces choses-là.
Entretien réalisé par Farid Aït Saâda et Badreddine Djafer
Samedi, la 3e partie


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