«Aujourd'hui, rien ne m'intéresse en dehors des Verts et du Mondial.» Mourad Meghni nous a fait le grand honneur de nous accorder un long entretien juste au sortir de la réunion qu'il a eue avec Rabah Saâdane ici à Doha. Le stratège des Verts n'a fui aucune de nos questions, aussi gênantes soient-elles. Toujours aussi élégant que sur les terrains, l'international algérien a voulu rassurer ses nombreux fans et les supporters des Verts quant à son retour. «Je me donne doublement à l'entraînement. Surtout après que le coach Saâdane m'eut rassuré au sujet de ma présence au Mondial», nous a-t-il confié tout revigoré. On sentait vraiment que le grand Meghni était de retour. Une bonne nouvelle pour le football ! Appréciez... Mourad, on vous annonçait de retour à Rome, mais on vous voit prolonger encore votre séjour à Doha. Pourquoi ce revirement ? Je suis en fait à la disposition du staff médical. C'est aux médecins de prendre la décision de mon retour chez moi. Tant qu'ils ne me donnent pas le feu vert pour repartir, je me dois de me soumettre à leurs consignes. Ils savent parfaitement ce qu'ils font. Je n'ai rien à perdre en prolongeant mon séjour ici. Bien au contraire, je suis sûr que je serai gagnant sur toute la ligne. Il y va de mon état de santé et je sais qu'à Aspetar, on me soigne comme il se doit. Votre séjour a tellement duré qu'on pense à vous accorder la nationalité qatarie. N'êtes-vous pas inquiet que votre séjour dure plus que prévu ? (Il se marre franchement.) C'est vrai que la durée de mon séjour s'est beaucoup allongée par rapport à ce que j'avais prévu au départ. Franchement, en venant ici à Doha, je ne me disais pas que ça allait prendre tout ce temps. Mais parfois, on ne peut pas décider ces choses-là. C'est le mektoub comme on dit chez nous. Mais l'ampleur de la blessure a nécessité plus de temps qu'on pouvait imaginer. Ceci dit, je ne peux pas dire que ça m'inquiète, puisque je suis passé entre les mains de médecins très compétents qui ont réalisé un excellent travail. Je cueille déjà les fruits de ma patience car je me sens nettement mieux qu'avant. Je suis sûr que ça va payer très prochainement. Il fallait passer par là pour me débarrasser de cette méchante blessure. Mais ce prolongement de votre séjour ne joue pas en votre faveur avec la Lazio qui semble vous avoir un peu oublié actuellement, non ? C'est vrai que je n'ai reçu aucun coup de fil de la part de mon club et ce, depuis longtemps. Je dois avouer qu'ils semblent m'avoir bien oublié. Mais Dieu merci, j'ai reçu beaucoup d'appels de la part de mes amis, de ma famille, du staff technique de l'Equipe nationale, du sélectionneur national et de mes coéquipiers. Cela m'aide beaucoup à surmonter cette épreuve et à me donner doublement pour revenir sur les terrains avec une plus grande volonté. Ces témoignages de sympathie me boostent et me poussent à fournir encore plus d'efforts pendant les soins. Je me bats déjà à fond et je le ferai jusqu'au bout pour revenir parmi les miens en sélection nationale. Mais une telle situation risque d'avoir de mauvaises répercussions sur vos rapports avec votre club. Vous n'êtes pas encore totalement guéri de votre blessure et la Lazio risque de ne pas compter sur vous dans le futur… Croyez-moi, au jour d'aujourd'hui, j'ai enlevé complètement la Lazio de ma tête. Je n'y pense plus, car je reste totalement concentré sur l'Equipe nationale et le prochain stage qui nous attend. Mon souci majeur est de guérir pour jouer la Coupe du monde 2010. C'est pour cela que je cours contre le temps depuis la fin de la CAN en Angola. Maintenant en ce qui concerne la Lazio, je dois vous dire que je sais parfaitement que même si j'étais de retour dans les temps, je n'aurais pas joué les derniers matchs qu'il reste en championnat. Il est impossible qu'on s'aventure à me faire jouer après tant de temps d'absence. Le club joue tout simplement sa survie en Serie A. C'est pour cela que je ne m'inquiète pas de la prolongation de mon séjour. Je veux me faire soigner tranquillement. Etes-vous confiant de pouvoir jouer le Mondial à un mois et demi du coup d'envoi ? Je suis très confiant de pouvoir jouer le Mondial, pour la simple raison que la discussion que j'ai eue avec le coach Saâdane, lorsqu'il m'a rendu visite à la clinique en compagnie de M. Raouraoua, m'a donné encore plus d'assurance dans ce sens. Plus que je ne pouvais l'imaginer même ! Comment ça ? Qu'est-ce qui s'est dit au juste entre vous et Saâdane ? Déjà le fait de les voir parmi nous ici à Doha est en soi-même un grand stimulant. Que dire donc de les voir discuter avec nous et nous pousser à intensifier nos soins pour revenir dans le groupe ? Lors de notre rencontre, il y a quelques instants (entretien réalisé hier matin, ndlr) le coach m'a dit beaucoup de bonnes choses. Il m'a encouragé à m'accrocher et à aller jusqu'au bout des soins. Il a été très rassurant et m'a dit qu'il comptait sur moi pour le stage prochain. Vous savez ce qui m'a le plus fait plaisir ? C'est le fait qu'il m'ait dit textuellement : «Ne t'inquiète pas Mourad. Tu es avec nous et tu seras toujours dans mes projets.» Vous ne pouvez pas imaginer ce que j'ai ressenti à ce moment. C'est vrai que c'est rassurant d'entendre Saâdane vous dire cela… Et comment ! Je vous dis que ça m'a donné tout de suite envie de me donner encore doublement pour revenir et lui donner raison de m'avoir fait confiance. Ce sont des mots qui ont opéré comme une sorte de magie en moi. Tout est devenu limpide dans ma tête et la voie est plus claire devant moi. Aujourd'hui, je sais ce qu'il me reste à faire pour arriver là où je veux. Vous rassurez à votre tour le public algérien vous concernant ? Je saisis cette occasion pour rassurer ceux qui m'aiment en leur disant que mon état de santé s'est nettement amélioré ici à Aspetar. Je vous assure que je vais poursuivre mon combat jusqu'à mon retour avant le Mondial. Sincèrement Mourad, ne craignez-vous pas que tous vos efforts soient vains en raison du manque de compétition flagrant dont vous souffrez ? Je vous répondrai en toute franchise en vous disant que je n'ai aucune inquiétude à ce sujet, car ma situation n'est pas trop différente de celle de beaucoup de mes camarades. Comment ça ? Au moment même où l'on est en train de se parler vous et moi, vous pouvez voir d'autres joueurs de l'EN qui sont blessés et qui se trouvent avec moi ici à Aspetar (Belhadj et Bouazza, ndlr). Eux non plus ne jouent pas avec leurs clubs respectifs depuis un certain temps et se font soigner avec moi. Et avant eux aussi, il y avait Yebda et Bougherra qui étaient restés un long moment sans jouer de match officiel. J'ai été très content de les voir de nouveau sur les terrains. Mansouri aussi s'est blessé et n'a pas joué un bon moment. Ziani aussi ne joue pas pour des raisons injustes depuis un long moment. Il n'est pas blessé, mais son entraîneur s'entête à ne pas le faire jouer. Vous voyez donc bien que je ne suis pas le seul dans ce cas. Mais avouez que ce n'est pas rassurant de voir autant de joueurs hors des terrains, non ? Mais heureusement qu'on a devant nous un mois et demi pour nous préparer au Mondial avec deux stages qu'on va aborder avec le plus grand sérieux. Ajoutons à cela deux matchs amicaux qui nous feront beaucoup de bien aussi. C'est une phase très importante dont on va profiter au maximum pour revenir à notre forme et rattraper les manques à tous les niveaux. On ne sera pas seuls puisque le staff technique s'appuiera sur les conseils des médecins pour nous faire progresser là où il faut. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour être prêts pour la Coupe du monde à temps. Vous ne pouvez pas imaginer combien ce que vous dites est important à entendre de la part des millions de supporters des Verts… Que nos supporters sachent que tout ce qu'on est en train de faire comme sacrifices, on le fait pour défendre les couleurs du pays. Tous les joueurs de l'EN se donnent à fond pour être prêts en temps voulu. Nous allons tout faire pour rattraper le temps perdu et nous préparer comme il se doit pour ne pas rater le Mondial. Il y va de l'honneur de tout notre peuple. On sait parfaitement ce qu'on doit faire pour être à la hauteur. Certaines sources d'informations parlent de votre retour en Ligue 1 en France. Qu'en est-il au juste ? Comme je vous l'ai dit précédemment, tout ce qui m'intéresse au jour d'aujourd'hui, c'est l'équipe nationale et ma préparation pour la Coupe du monde. Je ne veux pas entendre parler d'autre chose. Que ce soit ce qu'on dit de moi avec mon club ou avec d'autres clubs. Alors, qu'on évoque mon transfert en France ou ailleurs est le dernier de mes soucis actuellement. J'attends juste que le stage avec l'EN démarre et qu'on entame la préparation avec le groupe. Je verrai le reste après le Mondial. Pour tout vous dire, moi le premier concerné, je ne sais pas où je vais jouer la saison prochaine. C'est possible que je reste un an de plus à la Lazio comme c'est possible que je parte ailleurs. Mais je ne peux pas empêcher les rumeurs de circuler. Et à quand votre vrai retour sur les terrains ? Actuellement, je peux vous assurer que je suis en train de faire plus que ne me demandent les médecins. J'ai recommencé à courir et à toucher au ballon. Et cela est un point très positif. Je compte intensifier les efforts dans les jours à venir et je n'attends que le signal du staff médical pour retourner à Rome et reprendre les entraînements avec le groupe. Ça ne saurait tarder.