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EN : Mezouar «On doit faire confiance à Saâdane au lieu de le critiquer»
Publié dans Le Buteur le 19 - 05 - 2010

«Désolé Mekhloufi, mais Madjer n'est pas prêt pour coacher la sélection. »
«A Dubaï, mon entraîneur m'avait dit que j'étais l'un des meilleurs milieux du monde.»
«Les locaux n'ont pas leur place dans l'effectif actuel. »
L'ancien milieu de terrain de la sélection nationale, Brahim Arafat Mezouar, qui est en rupture de ban avec son équipe, suit avec beaucoup de curiosité les nouvelles de l'Equipe nationale. C'est avec grand plaisir qu'il a voulu donner son avis sur ce qui se passe chez les Verts, à quelques jours de la Coupe du monde.
Tout d'abord, on veut savoir ce que vous faites en ce moment ?
Je suis chez moi à Hammam Bouhadjar où je passe mes journées en m'entraînant ou en m'occupant de mes affaires. Comme tout le monde le sait, j'ai dû quitter le MCO à cause du fait qu'on ne m'a pas payé. Dans ma tête, je prépare le prochain exercice, car j'ai encore du jus pour jouer une ou deux saisons.
Etant donc libre, cela vous permet de bien suivre l'actualité de l'Equipe nationale ?
Rien ne m'empêche de suivre les Verts. Je suis pratiquement branché à l'Internet pour connaître les nouvelles de la sélection et les conditions de travail des joueurs en Suisse. Je pense que tout se passe bien, en attendant le jour J.
Pensez-vous que la sélection sera prête au Mondial sud-africain ?
Je pense que ce stage en Suisse sera bénéfique pour la sélection, car il faut reconnaître que la plupart des joueurs algériens ont souffert du manque de compétition, alors que d'autres n'ont pas été épargnés par les blessures. Dieu merci, nos joueurs sont de vrais professionnels et savent gérer ces impondérables. Je pense que des éléments comme Ziani ou Belhadj ont été injustement laissés sur le banc par leur club. On aurait dit qu'on a voulu se venger des Algériens avant même le début du Mondial.
Ce stage de Crans-Montana sera-t-il suffisant pour que tous les joueurs soient prêts au Mondial ?
Je trouve que Saâdane est assez expérimenté pour savoir gérer pareilles situations. Il a largement le temps de préparer son groupe pour la Coupe du monde. L'équipe aura également à disputer deux bons matchs amicaux, respectivement face à l'Irlande et aux Emirats arabes unis. N'oubliez pas aussi que le point fort de Saâdane, ce sont ses méthodes psychologiques. Il sait comment motiver un joueur, au point où il arrive à pallier son déficit physique par de la volonté. Tactiquement, il est aussi très rusé. Donc, je m'attends à ce que l'Equipe nationale fasse un parcours honorable.
On reproche toutefois à Saâdane d'avoir trop compté sur les joueurs professionnels, quelles que soient leur forme ou leur situation. Ne pensez-vous pas qu'il fallait aussi envoyer une convocation à certains joueurs locaux ?
Avec tous mes respects aux joueurs locaux, je dois dire qu'ils n'ont pas du tout le niveau des professionnels et ce, sur tous les plans. On a vu la différence face à la Libye où on s'est qualifiés au forceps. La faute n'incombe pas aux joueurs locaux, mais à l'environnement dans lequel ils évoluent les pauvres. D'ailleurs, moi-même j'ai fini par jeter l'éponge. Si l'entraîneur n'apporte rien au joueur, le président, au lieu de le mettre dans les meilleures conditions possibles, le fait souffrir avant de percevoir son argent. Le joueur n'arrivera jamais à se concentrer sur son travail. Ni le joueur qui évolue dans un grand club ni celui qui joue pour une petite équipe. Les maux sont les mêmes dans toutes les divisions. Donc, il est impossible que le championnat algérien arrive à dégager six à sept éléments sélectionnables.
Un joueur comme Ziani, pensez-vous qu'il sera à 100% de ses moyens malgré ce manque flagrant de compétition ?
Le manque de compétition ne devra pas constituer un obstacle de taille pour les joueurs, y compris Ziani qui, dans le haut niveau, s'est préparé avec son équipe le plus normalement du monde. On doit redouter les blessures, c'est tout. Un joueur comme Ziani, je le vois plus tranchant dans son jeu, si Saâdane le décale complètement sur le côté. Avec sa taille et toute son énergie, il est capable à lui seul de déstabiliser les meilleures défenses. Avec sa volonté et son désir de rebondir, je pense qu'il va réaliser un bon Mondial, à condition de l'utiliser à bon escient.
Selon vous, quels sont les joueurs locaux qui peuvent espérer être sélectionnés après le Mondial ?
Il y a Djabou qui m'impressionne, Metref,
Hadj Aïssa s'il arrive à éliminer quelques déchets, Slimani du CRB qui doit travailler encore. Mais pour le moment, je pense que le choix de Saâdane est judicieux.
Concernant Hadj Aïssa, quels sont ses déchets ?
Je ne veux pas vexer le joueur, mais je pense qu'il a de grandes potentialités. Mais il garde trop le ballon. Il me fait penser tout simplement à moi car à son âge, j'avais le même tempérament avec cette manie de garder le ballon le plus longtemps possible. J'ai gardé ce défaut jusqu'à un âge avancé. C'est un entraîneur brésilien qui m'a fait la remarque. Il m'a dit que je dois varier mon jeu et ne pas garder systématiquement le ballon à chaque fois que je le touche, au risque de m'essouffler en fin de match. Il m'a dit que j'étais l'un des meilleurs milieux de terrain du monde mais qu'il m'a découvert un peu tard. Ses déclarations m'ont toutefois rajeuni.
Il y a une autre absence qui intrigue les Algériens, celle de Ziaya ?
Je pense que Ziaya a refusé la sélection pour des raisons strictement personnelles. Donc, je ne peux pas répondre à cette question, car personne ne sait pourquoi il n'avait pas accepté d'être parmi les 25. Sinon, je pense qu'il a les moyens pour être sélectionné. C'est sûr. C'est un grand avant-centre.
Quelles sont les chances de l'Algérie ?
Personne ne peut connaître les chances de l'Algérie ou apporter un pronostic, car on ne sait pas ce qui pourrait se passer durant la Coupe du monde. Plusieurs paramètres devront être pris en considération, au point de rendre tout pronostic impossible à faire. C'est pourquoi je pense qu'il faudrait mieux laisser Saâdane travailler en paix, car il est déjà suffisamment perturbé par les blessures et le manque de compétition de certains de ses éléments. J'ai déjà travaillé sous sa houlette et croyez-moi qu'il est l'homme de la situation. J'étais vraiment étonné d'entendre Mekhloufi souhaiter la venue de Madjer lors d'une émission en direct à la télé, alors qu'il y a un entraîneur en place. Ce n'est pas du tout faisable.
Mais Madjer est pressenti pour l'après-Mondial…
Avec tout le respect que je dois à Mekhloufi qui est un géant du football chez nous, je lui dis que Madjer ne sera jamais un bon sélectionneur. J'ai travaillé sous ses ordres et aussi avec Saâdane. Je suis un joueur suffisamment expérimenté pour faire la différence.
C'est parce que vous avez eu un différend avec Madjer à l'époque où vous étiez en sélection…
Non, pas du tout, j'ai même eu des pépins avec d'autres entraîneurs avec qui je garde encore le contact. Il ne faut pas raisonner avec le cœur quand il s'agit de l'Equipe nationale. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. Madjer était un grand joueur et ce n'est pas moi qui vais dire le contraire. Pour être un grand entraîneur, il faut déjà avoir coaché des clubs. Madjer a grillé cette étape importante dans la vie de n'importe quel sélectionneur. Lippi, avant de gagner la Coupe du monde, a été champion d'Europe avec la Juventus, non ?
Vous souhaiteriez donc voir Saâdane après le Mondial ?
Je sais bien qu'on va juger Saâdane à travers ses résultats au Mondial et qu'à la moindre erreur, on le descendra en flammes. Mais ce que je suggère, c'est de le laisser travailler même en tant que DTN, car sincèrement, il n'y a pas mieux que lui en Algérie. Si on décide de le remplacer, ce sera seulement pour ramener un entraîneur de renom, pas n'importe qui. Je sais que Raouraoua est un homme très intelligent et qui ne va pas ramener un entraîneur moins huppé que Saâdane, car l'EN a besoin de progresser, après tout ce qu'elle nous a procuré comme joie ces derniers mois.
Vous ne nous avez pas dit ce que vous avez décidé de votre avenir ?
Je vous ai dit que je voulais continuer à jouer pour une ou deux saisons. Si je ne vais pas aux Emirats, je jouerai pour un club de la capitale. Ne me demandez pas son identité.


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