«Saâdane doit se retirer et laisser sa place à un autre. A l'instar de tout le peuple algérien, je ne peux pas nier ce que Saâdane a donné à la sélection nationale, mais le moment de se retirer est venu pour lui» L'ancien international algérien Halim Benmabrouk, qui a participé au Mondial 86 sous la conduite de Saâdane, pense que celui-ci doit se retirer de la barre technique des Verts et laisser sa place pour quelqu'un d'autre. Pour l'ancien milieu de terrain du Racing de Paris et des Girondins de Bordeaux, Rabah Madjer est le meilleur successeur de Saâdane au poste de sélectionneur national. Il pense, par ailleurs, que ses anciens camarades et lui peuvent aider le football algérien à progresser si on fait appel à eux. Bonsoir Halim, je suis journaliste du quotidien sportif Le Buteur Ah, OK ! Quelles sont les nouvelles en Algérie ? Bien. Actuellement, on parle beaucoup du futur sélectionneur de la sélection nationale… Comment ça ? Raouaraou a-t-il déjà tranché l'affaire du sélectionneur ou pas ? Pas encore, mais Saâdane est bien parti pour un autre mandat à la tête de la sélection. Qu'en pensez-vous ? De ce côté, il n'y a aucun doute, Saâdane doit se retirer et laisser sa place à un autre. A l'instar de tout le peuple algérien, je ne peux pas renier ce qu'il a donné à la sélection nationale, mais le moment est venu pour lui de se retirer. La FAF doit ramener un entraîneur de renom, car l'Algérie a atteint un niveau qui fera d'elle la meilleure sélection d'Afrique. D'autant plus que les moyens financiers existent actuellement au niveau de la FAF, et l'entraîneur qui est capable de diriger l'équipe existe, il suffit de le contacter et lui proposer l'idée. A qui faites-vous allusion ? Je pense à Rabah Madjer. Personnellement, je ne vois pas un entraîneur meilleur que lui pour succéder à Saâdane. Il est jeune, il a du caractère, il jouit d'une réputation mondiale et est adulé par tout le monde. Notre jeune équipe a besoin d'un entraîneur de la trempe de Madjer, le seul, à mon avis, capable de s'entendre avec les joueurs de l'Equipe nationale. Est-ce le fait d'être ami avec Madjer que vous avez connu en sélection et au Racing de Paris qui vous pousse à parler de lui comme ça ? Pas du tout. Madjer est une grande personnalité, personne ne peut le nier. J'ai lu un sondage qui a été réalisé par votre journal et j'ai constaté que la majorité du public algérien veut le voir à la tête de la sélection. Il a réussi un bon parcours lors de ses deux passages en sélection. Sa mission ne sera pas difficile cette fois-ci, puisque notre équipe possède un groupe de joueurs d'un bon niveau. On a besoin d'un renforcement par trois ou quatre nouveaux éléments, de préférence des joueurs émigrés capables de donner un plus. Vous êtes donc contre l'idée de la reconduction de Saâdane à la tête de la barre technique des Verts… Absolument, je dois néanmoins préciser que je voue du respect pour Saâdane qui a réussi un bon parcours à chaque fois qu'il est à la tête de l'équipe. Aujourd'hui, il faut ramener un autre entraîneur, la sélection a un besoin de sang neuf. Elle a besoin d'un entraîneur qui a une nouvelle méthode, voire moderne, car le football a évolué. Etes-vous d'accord avec ceux qui affirment que le parcours de la sélection algérienne a été bon lors de ce Mondial ? Si je vous dis que notre parcours en Coupe du monde a été bon, c'est vous mentir. Il ne faut pas oublier qu'on a quitté la compétition sans victoire, avec un point et zéro but marqué. D'un autre côté, il faut reconnaître que l'équipe n'a pas été faible. Elle a montré un niveau acceptable, même si l'attaque n'a pas marché. Vous avez dit que Madjer est le meilleur successeur de Saâdane, mais vous n'êtes pas sans savoir que la relation entre Raouraoua et lui n'est pas au beau fixe… Malheureusement, c'est la triste réalité. Le courant ne passe pas entre les deux hommes après ce qui s'est passé entre eux. C'est le seul point qui me rend pessimiste quant à voir Madjer revenir en sélection sous la présidence de Raouraoua. En tous les cas, j'espère que tout rentrera dans l'ordre et Madjer sera le sélectionneur de l'Equipe nationale, puisque c'est le football algérien qui en tirera profit. D'anciens internationaux se sont exprimés dernièrement sur leur marginalisation en leur refusant des postes, que ce soit au niveau du staff technique ou au niveau de la FAF ; qu'en pensez-vous ? Ce qui nous arrive actuellement est semblable à ce qui se passe en France où la génération de 98, championne du monde, se trouve elle aussi marginalisée. Je suis persuadé que nous les anciens joueurs sommes capables de donner un plus au football algérien. On peut, par exemple, détecter de nouveaux éléments en Europe, du moment que beaucoup de joueurs algériens talentueux sont un peu partout dans le Vieux continent. Malheureusement, on ne nous a pas fait confiance. Pis, on se montre parfois ingrats par rapport à ce que nous avons donné au football algérien. Voulez-vous être plus explicite ? Personnellement, j'ai proposé un projet à Raouraoua il y a deux ans de cela, qui consiste à rassembler les jeunes joueurs émigrés qui se trouvent dans les centres de formation français. Je voulais parler avec leurs parents et les sensibiliser afin qu'ils jouent pour l'Algérie. Mon projet a été refusé par Raouraoua qui m'avait dit que seuls les joueurs professionnels l'intéressaient. Je me demande pourquoi attendre jusqu'à ce que le joueur joue en seniors pour le sélectionner. L'Algérie peut bénéficier de leurs services dans les catégories jeunes, avant même qu'ils n'intègrent la sélection Espoirs. Etant régulièrement en France, pensez-vous qu'il y a des jeunes joueurs capables de donner un plus à l'EN qui de surcroît a l'intention d'adopter la politique de rajeunissement ? Absolument. J'habite à Lyon, et un joueur comme Tafer qui évolue justement à l'Olympique de Lyon est capable d'apporter un plus à l'équipe. Et si on me demande de lui parler ainsi qu'à sa famille, je le ferai. Je peux le convaincre de jouer pour l'Algérie. D'ailleurs, il y a en beaucoup comme lui en France. Le mot de la fin ? Ce n'est pas notre faute s'il y a des gens qui ne veulent pas qu'on vienne en Algérie pour aider notre football à progresser afin de dominer l'Afrique et se qualifier régulièrement en Coupe du monde. J'espère qu'on s'intéressera à nous à l'avenir, car nous avons des idées qui peuvent être bénéfiques pour notre football.