«Les gens qui critiquent oublient d'où on vient» Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne, défend le bilan de son sélectionneur qui est contesté par l'opinion publique de son pays. À Dublin vendredi dernier, après avoir serré la main aux vingt-deux joueurs d'Eire-Algérie (3-0), tel un chef d'Etat, le Président de la Fédération algérienne a été longuement applaudi par les milliers de supporters algériens. D'ailleurs lors des interviews, les joueurs citent systématiquement leur président et louent son action qui a permis de structurer la sélection. Homme extrêmement influent qui a débuté comme portier dans un hôtel à Alger, Raouraoua, féroce négociateur, est capable des pires colères. Et, en fin politique, des assauts les plus courtois. Avez-vous souvenir d'un tel engouement populaire vécu lors des Coupes du monde 1982 et 1986 (les seules auxquelles l'Algérie a participé) ? Non, c'était différent. Sur le plan sportif, nous avons connu une longue disette en Coupe du monde. Et sur le plan politique, nous avons connu une période difficile, avec le terrorisme. C'est un peuple qui a donc retrouvé du plaisir. Ce n'était pourtant pas gagné… Quand, après mon premier mandat à la tête de la Fédération (2001-2005), je reviens (en 2009), je dis à M. Saâdane (le sélectionneur) qu'il y a un coup à faire. Les premiers mots que j'ai prononcés à la tribune après mon élection ont été : «Notre objectif est d'aller à la Coupe du monde.» Beaucoup de gens n'y croyaient pas. Qu'est-ce qui a changé depuis votre premier mandat ? La réticence des présidents de club à passer au professionnalisme et le peu de moyens financiers dont on disposait. À l'époque, le budget était de 400 000 euros. Aujourd'hui, nous sommes autour de 15 millions d'euros. En septembre, nous allons lancer le premier Championnat professionnel algérien des Division I et II. On vous dit très influent ; avez-vous donné votre avis sur la liste des 23 ? Je suis un gestionnaire. Quand j'engage quelqu'un, je lui donne beaucoup de responsabilités et carte blanche. Mais il assume. Sinon, je le sanctionne sans état d'âme. Par conséquent, je n'interviens pas dans ses affaires. Le sélectionneur vous demande-t-il votre avis sur sa sélection ? On échange beaucoup. Donc vous donnez votre avis ? C'est différent, je dis qu'on parle beaucoup de toutes les situations (sourires). Le sélectionneur est seul maître de ses décisions. Rabah Saâane, qui va participer à sa troisième Coupe du monde dans le staff, est très contesté par une partie de l'opinion publique… C'est injuste. On ne tombe pas sur quelqu'un qui a de tels résultats. Les gens qui critiquent oublient d'où on vient. Saâdane mérite tout le respect. Philippe Troussier a été évoqué pour lui succéder après la Coupe du monde. C'est un bon ami. Philippe a failli venir sous mon premier mandat, mais on n'avait pas les moyens de le payer. Je l'ai eu au téléphone il y a deux mois, mais nous n'avons pas parlé de l'Algérie. Êtes-vous inquiet au sujet des derniers résultats, quatre défaites de suite sans marquer (*) ? Avec le stage en Allemagne, on va avoir douze jours avant le premier match contre la Slovénie (le 13 juin), ce sera suffisant pour bien travailler. Surtout, il ne faut pas stresser, on est déjà qualifiés pour la Coupe du monde, le reste c'est du bonus. Je suis déjà heureux. Être avec les grandes nations du football comme l'Italie, l'Espagne, le Brésil ou la France, c'est extraordinaire. En plus sur notre continent, alors que nous sommes la seule nation arabe qualifiée. In l'équipe