"Vous savez, si les Anglais commettent la grande erreur de sous-estimer les Algériens comme nous l'avons fait ce soir avec les Suisses, ils passeront à côté de leur match." A la fin du match Espagne-Suisse, les journalistes, qui attendaient de croiser les joueurs, n'étaient pas certains de pouvoir soutirer des déclarations aux Espagnols. Surtout après cette défaite inattendue face aux modestes Suisses. On ne s'était pas beaucoup trompé sur cela, puisque l'ensemble des joueurs de la Roja sont passés tête baissée, sans prononcer le moindre mot devant les nombreux micros qu'on leur tendait de toutes parts. Mais un seul homme, gentleman jusqu'au bout des gants, a bien voulu prendre sur lui et s'arrêter devant des journalistes impatients pour leur expliquer les raisons de cette défaite. Il s'agit du capitaine d'équipe, Iker Casillas, qui a bien voulu affronter la furia de nos confrères espagnols, en signe de respect certes, mais surtout pour qu'on pardonne à ses camarades d'avoir fait douter toute la péninsule Ibérique. Seuls Le Buteur et l'ENTV présents ! Le gardien de but du Real Madrid n'a éludé aucune question, aussi cinglante fut-elle. Non seulement il a réussi à calmer ses compatriotes, mais il s'est permis le luxe, tenez-vous bien, de s'arrêter devant le micro des journalistes… algériens que nous sommes ! Eh, oui ! Contrairement à ce qu'on pouvait imaginer après cette défaite surprenante qui lui est restée en travers de la gorge, Iker Casillas s'est comporté en vrai professionnel, et bien plus même en s'offrant au micro du Buteur et celui de la télévision algérienne. A nos côtés, notre ami Karim Aït Athmane était aussi étonné de voir le grand Casillas lui sourire en répondant à des questions qui n'avaient rien à voir avec l'amère défaite qu'il venait de subir. A tel point qu'on a eu en même temps la même pensée et qui se résume comme suit : «Et si c'était un des nôtres, aurait-il eu le même comportement ?» Ne soyons pas mauvaises langues et apprécions plutôt l'échange. -------------------------------------------------------- Quelle énorme surprise que votre défaite de ce soir ! C'est vrai que c'est une énorme surprise. Très mauvaise malheureusement pour nous. Franchement, on ne s'y attendait pas du tout. Personne n'avait imaginé qu'on allait perdre contre la Suisse. Surtout après avoir dominé toute la première mi-temps et fait le jeu. C'est triste, mais c'est cela le football. Lorsqu'on sous-estime l'adversaire comme nous l'avons fait, on ne peut pas espérer aller loin. Il fallait s'attendre à tout, même à une telle éventualité. Des surprises, il y en aura beaucoup dans cette Coupe du monde, non ? C'est sûr qu'il va y avoir des surprises, comme ça s'est fait lors des précédentes éditions. C'est triste pour ceux qui ratent leur match, mais c'est aussi cela le charme de la Coupe du monde. Les équipes dites modestes viennent toujours avec un esprit de conquérant. C'est ce qui les pousse vers l'avant et leur donne cette fougue contre ceux qui sont censés être plus forts sur le papier. En Algérie, on rêve tous d'une grande surprise face à l'Angleterre. A-t-on le droit d'espérer vraiment ? Vous savez, si les Anglais commettent la grande erreur de sous-estimer les Algériens comme nous l'avons fait ce soir avec les Suisses, ils passeront à côté de leur match. C'est sûr que sur le papier, les Anglais donnent l'impression de pouvoir gagner, mais dans le football, rien n'est gagné d'avance. Nous l'avons appris à nos dépens ce soir et je crois que nous avons tous retenu la leçon. Il ne faut jamais sous-estimer son adversaire. C'est la leçon numéro un pour nous dans ce Mondial. Nous allons donc prendre très au sérieux nos matchs et c'est aussi le cas de tous ceux qui pensent être supérieurs à leurs adversaires, comme c'est peut-être le cas des Anglais face aux Algériens. L'Algérie compte un illustre supporter en la personne de Zinédine Zidane qui est allé soutenir les Verts face à la Slovénie. Pourriez-vous nous dire un mot sur notre compatriote que vous avez côtoyé au Real Madrid ? Zidane était un joueur merveilleux. C'est un vrai monsieur sur le terrain et en dehors. Je suis personnellement très fier d'avoir été son coéquipier au Real Madrid. C'est un grand honneur de l'avoir croisé en club pendant tout ce temps. Vous lui passerez un coucou de ma part si vous le rencontrez.