«ce ne sont pas les talents qui manquent. Il faut juste trouver les moyens et les hommes qu'il faut pour les exploiter au service d'un collectif.» Quinton Fortune est l'un des anciens internationaux sud-africains encore en activité qui n'ont pas été retenus pour la Coupe du monde, à l'instar de Benny McCarthy. Ancien joueur de Majorque, de Manchester United, de Bolton et de Brescia, il évolue depuis la saison passée à Doncaster Rovers, club de Championship (deuxième division anglaise). Ambassadeur de l'UNESCO et de la FIFA, il milite pour la généralisation de l'alphabétisation à tous les enfants à travers le monde, spécialement en Afrique. C'est avec simplicité et disponibilité qu'il a accepté de répondre à quelques questions. En tant que Sud-Africain, êtes-vous fier que votre pays ait réussi l'organisation de ce Mondial ? Bien sûr que j'en suis fier ! Je suis même très fier. Au départ, on disait partout que l'Afrique était un endroit très dangereux, que la sécurité n'y était pas garantie, qu'il n'y avait que des problèmes et des maladies. Aujourd'hui, partout où je vais, les gens me félicitent pour l'accueil chaleureux que la population sud-africaine leur ont réservé. Aux quatre coins du pays, les Sud-Africains se sont impliqués comme un seul homme pour réussir cet événement. Cette première opportunité donnée à l'Afrique d'organiser un Mondial a été saisie avec succès. A présent, personne ne dira plus que l'Afrique est incapable d'organiser un grand événement. J'espère que la Coupe du monde sera prochainement organisée par un autre pays africain. Si l'Afrique s'est montrée forte et capable au point de vue organisationnel, elle a montré des limites sur le terrain avec des résultats globalement décevants. A quoi cela est-il dû, selon vous ? Cela a été effectivement une surprise de voir que les sélections africaines n'ont pas été à la hauteur des espérances. Il faut reconnaître, cependant, qu'une équipe comme la Côte d'Ivoire n'a pas été gâtée par le sort puisqu'elle est tombée dans un groupe très difficile avec la présence du Brésil et du Portugal. Cela dit, il ne faut pas accabler les Africains à eux seuls. Quand même, de grandes nations de football ont éprouvé des difficultés durant ce Mondial. Je citerai l'Italie, la France, l'Angleterre et même le Brésil. C'est une compétition très serrée où il n'y a eu aucune équipe qui a dominé tous ses matches. Qu'est-ce qui n'a pas marché pour ces équipes ? Certainement une mauvaise préparation. On ne prépare pas une Coupe du monde n'importe comment. Je pense que certaines équipes ont négligé certains aspects importants de préparation pour un tel événement. Le problème ne situe-t-il pas plutôt au plan mental ? C'est une éventualité. Peut-être qu'il y a des équipes et des joueurs qui ne croient pas assez à leur potentiel. Voyez le Ghana : il a cru en ses possibilités et il est allé, dans le Mondial, aussi loin qu'il l'a pu. Avec un peu de chance, il aurait pu aller encore plus loin. En Afrique, ce ne sont pas les talents qui manquent. Il faut juste trouver les moyens et les hommes qu'il faut pour les exploiter au service d'un collectif. Un mot sur la sélection algérienne ? (Il écarquille les yeux.) Franchement, et sans complaisance aucune, j'ai été très séduit ! C'est vraiment une bonne équipe, avec un jeu collectif de haut niveau. Je pense d'ailleurs que c'est l'une des équipes qui ont développé le plus beau football. Alors là, le match contre l'Angleterre (il lève le pouce en l'air en accompagnant le geste d'une moue admirative) ! Vraiment, il lui a manqué peu de choses pour passer. Le peu de choses, c'est quoi ? Une plus grande audace devant. Il fallait oser en attaque et marquer. Dommage que cela n'ait pas été le cas ! Comment voyez-vous l'avenir de cette équipe ? Radieux si elle continue de progresser. Si elle joue comme elle l'a fait dans ce Mondial en y joignant l'efficacité, cette équipe fera mal. D'ailleurs, j'ai hâte de la revoir à l'œuvre.