Après un match comme celui-là, l'Espagne entière était heureuse. Le rêve de devenir enfin champions du monde commence à titiller sérieusement la péninsule ibérique. Après un match comme celui-là, l'Espagne entière était heureuse. Le rêve de devenir enfin champions du monde commence à titiller sérieusement la péninsule ibérique. Les supporteurs ne cachaient pas leur joie en quittant l'arène, dans laquelle leur matador Villa avait porté le coup de grâce aux taureaux du Paraguay. Ils pouvaient jubiler encore toute la nuit et celles qui venaient après, jusqu'à la demi-finale. Le Paraguay voulait une revanche depuis… 1492 ! La joie était perceptible aussi sur les visages des journalistes espagnols qui se congratulaient encore, même dans le couloir étroit de la zone mixte où leurs idoles allaient leur relater les détails des sensations qu'ils avaient vécues sur le terrain. Nos confrères se faisaient bruyants et ils avaient raison de le faire, après toutes les insultes qu'ils avaient essuyées de la part des Paraguayens qui leur avaient déployé leur histoire commune, depuis 1492, leur signifiant qu'ils allaient prendre enfin leur « revanche sur les salauds de colons espagnols». Il y avait donc de quoi se réjouir doublement, après une si belle victoire ! Torres : «Je suis sûr que je vais marquer dans cette Coupe du monde !» Pendant l'attente, les journalistes scrutaient au loin les mouvements menant vers le vestiaire des joueurs pour voir si l'une des stars du jour arrivait. Les premiers à se montrer étaient les remplaçants, en survêtement. Ils ne s'arrêtent pas, puisque personne ne s'est précipité vers eux. Puis, vint le tour de la première tête intéressante : Fernando Torres ! Le joueur de Liverpool était heureux, malgré la poisse qui le poursuit dans ce Mondial qui lui tourne le dos, lui qui n'a encore marqué aucun but. «Je suis sûr que je marquerai dans cette Coupe du monde», lâchait-il en anglais, en rêvant sans doute de la finale. Xavi et Pujol s'excusent avec le sourire Xavi et Pujol s'étaient excusés tous les deux auprès des médias, filant droit vers le bus, sans dire un mot, mais avec le sourire. Personne ne leur en a voulu. Vint alors le tour d'Iker Casillas, toujours aussi disponible, comme ce fut le cas après la défaite face à la Suisse. Celui-là est un parfait gentleman. Ça se voyait dans ses gestes, lorsqu'il avait déposé son sac pour s'offrir à tous ceux qui le voulaient, malgré le nombre impressionnant des prétendants. Le jeune Pedro aussi s'est arrêté. Juste avant Inesta qui, l'espace de quelques secondes, s'est vu entourer de partout. On reconnaît les seigneurs de la sorte. Une disponibilité totale et un sourire partagé avec leurs interlocuteurs… Villa, le vrai messie espagnol Xavi Alonzo en profita pour passer presque inaperçu, repoussant des yeux les journalistes qui le hélaient. Il ne s'arrêtera que devant le micro d'un de ses amis de la télévision, avant de quitter les lieux deux minutes plus tard. Les Paraguayens avaient le cœur lourd après la défaite et personne ne s'est hasardé à leur demander leur avis. Les Andalous comprennent les signes, dit-on… Surtout quand on a en face de soi les meilleurs joueurs du Barça et du Real réunis dans le même couloir. Le grand sauveur, Villa, était aussi attendu comme un messie, mais pas l'Argentin ! Des petits gabarits comme nos joueurs locaux, mais… Dans cette galaxie de stars espagnoles, il y avait un élément commun entre tous les joueurs, à une ou deux exceptions près : la petite taille des uns et des autres. Des joueurs qui raflent tout sur leur passage, tant en club qu'en sélection, qui se déjouent des plus grands adversaires et qui arrivent à enchaîner autant de victoires, devaient en principe, selon les normes du football moderne, avoir au moins un physique égal à ceux des mastodontes qui ont l'habitude de gagner les grandes compétitions. Mais ces lutins espagnols nous ont fait changer d'avis sur l'importance de cet élément. L'on s'est donc mis à rêver qu'un jour, nos joueurs locaux, dont la silhouette ressemble beaucoup à celle de Villa, Inesta et Xavi, trouvent enfin la formule pour devenir aussi efficaces qu'eux. On pouvait bien rêver dans ce couloir de la vie, qu'était devenue la zone mixte, avec autant d'aussi bons «petits» joueurs !